Mon Dieu, il fonce droit sur nous ! South Park Snow Day débarque sept ans après le dernier opus des adaptations vidéoludiques de la série la plus incorrecte de ces dernières années. Ne respectant rien, ni personne, cette nouvelle version saura-t-elle être un vibrant hommage à la série ?
Les premières présentations de South Park Snow Day n’étaient pas très rassurantes. Le titre de THQ Nordic adopte une formule s’éloignant considérablement des deux dernières grosses réussites autour de la série de Trey Parker et Matt Stone. Telle la disparition de Chef au cours de la Saison 10, c’est une légère saveur qui se perd immédiatement. Pourtant, malgré le fait qu’il passe après Le Bâton de la Vérité et L’Annale du Destin, ce South Park Snow Day ne s’en sort pas si mal que ça. Ainsi, l’œuvre ne nous laisse pas de glace !
Nota Bene : Nous avons testé South Park Snow Day sur PS5. Avant de commencer, répondons à la question que tout le monde se pose (non, ce n’est pas vrai…). Oui, il est possible de porter les fameuses Couillo-mentonites pour avoir l’air cool !
Depuis plusieurs jours, une violente tempête de neige s’abat sur la ville de South Park. Le froid s’empare peu à peu de la petite bourgade et inquiète ses habitants. Pourtant, le sale môme Eric Cartman souhaite juste savoir s’ils vont fermer l’école. Malgré les morts et la neige qui recouvre tout, le garçon à l’ossature lourde est heureux, puisqu’il n’aura pas à retourner dans la classe de Garrison. Ressortant sa tenue de magicien, il prévient le Nouveau (le joueur) de venir jouer en cette journée si particulière. Hélas, tout va prendre une tournure des plus apocalyptiques, m’voyez.
Il y a comme un froid, non ?
Soyons « sérieuks », ce South Park Snow Day, aussi sympathique soit-il, n’est pas à la hauteur des deux précédents volets. L’approche RPG à la direction artistique si fidèle à la série satirique laisse place à un jeu d’action entièrement en 3D. Très déroutant, on a ce sentiment que le vieil épisode sorti sur Nintendo 64 n’est jamais loin. Les décors sont vides, bien moins détaillés et ce nouveau choix de graphismes reste douteux, même s’il propose de rares moments agréables à l’œil.
Adieu l’exploration de la petite ville du Colorado qui cède à l’extrême linéarité des cinq niveaux. L’objectif est aussi simple que l’humour canadien. Il suffit simplement de se rendre d’un point A à un point B, tout en éliminant les garnements pour affronter le prochain Boss. En cours de route, la collecte de papier toilette, devenu la monnaie du jeu, permet d’améliorer son personnage pour mieux le préparer à la prochaine vague d’ennemis.
La structure est assez faible et répétitive. Petite précision, la mort condamne à recommencer l’intégralité du chapitre en cours. Le jeu ne sauvegarde qu’à la base ! La difficulté paraît donc très artificielle, laissant croire que le jeu est plus long qu’il n’y paraît. C’est trop de pression, comme crierait Tweek !
« Oh mon Dieu, ils ont tué Kenny ! »
De même, une déception nous frappe dans l’absence d’accompagnement des héros. Stan, Kyle, Cartman, Kenny et même Butters sont complètement relégués au second plan, apparaissant dans les rares cinématiques. Car oui, il convient de préciser que le scénario de ce South Park Snow Day égale une feuille de papier toilette. On se rassurerait par la présence de nombreuses blagues de la série, mais ce n’est finalement pas assez. On s’interroge aussi sur un contenu semblable au budget annuel de la famille de Kenny, mais ça manque cruellement d’audace, de variété, d’insolence et de… « Tégrité » !
Certes, l’humour scatologique est parfaitement réussi (vive les pouvoirs de flatulence !), mais le côté satirique et méchant se perd définitivement. C’est dommage, puisque les créateurs eux-mêmes ont participé à l’élaboration du projet. Oui, Le Bâton de la Vérité reste l’adaptation indétrônable. C’était tellement du n’importe quoi de déjouer un complot gouvernemental sous l’apparence de David Hasselhoff, tout en étant atteint de l’affreux SIDA. C’est ce genre de petits détails stupides dont aurait eu bien besoin dans ce South Park Snow Day.
Le résultat est étonnamment frustrant, tant l’absence de personnages cultes se ressent tout le temps : où est donc Wendy Testaburger ? Les filles de l’école ? L’officier Barbrady ? On sait que certains de ces personnages sont plus ou moins transparents au fur et à mesure de la série, mais les deux précédents volets ne se permettaient aucune limite dans la bêtise. On se souvient encore du combat contre un fœtus zombi nazi dans le premier d’Obsidian et Morgan Freeman dans le second d’Ubisoft. Sans oublier Michael Jackson. Comme dirait sa caricature : « C’est de l’ignorance ! »
Un délire étonnamment fun !
Que l’on s’arrête tout de suite sur les défauts avant d’être puni par les parents de Butters. On pourrait croire que South Park Snow Day n’a aucun argument en sa faveur et qu’il se contente de nous faire un doigt. Mais c’est faux. Plus exactement, il reste un bon jeu sympathique qui possède de bonnes idées.
Tout d’abord, le jeu de THQ Nordic est axé en priorité sur la coopération multijoueur. Bien que jouer en solo soit possible, l’expérience est incroyablement bonifiée lorsque trois autres joueurs sont présents. Après tout, le titre est un enchaînement de vagues à vaincre avec quelques quêtes secondaires guignolesques (botter des culs, trouver des capotes usagées, des albums de Taylor Swift, etc.). La stratégie disparaît totalement au profit d’un défouloir positif ! Reconnaissons toutefois que le tout est très brouillon et qu’il nous arrive de nous dire qu’on a « aucune idée de ce qu’on fout là. »
Egalement, le jeu possède une qualité des roguelikes sous la forme de « cartes à la con ». Les choix de ses cartes, distribuables aléatoirement et pouvant être plus fortes contre du PQ, pourront donner de précieux avantages. Cependant, prudence est de mise, puisque les adversaires peuvent lancer des handicaps à l’équipe. Cela donne un peu de rejouabilité dans un manque de contenu flagrant qui se termine en moins de 4 heures. Trois petites heures de plus pour le Trophée Platine sur PS5 ! C’est très court pour un titre qui ne dispose pas de contenu endgame.
Heureusement, nous pouvons tout de même compter sur les changements de zones à chaque fois qu’on réessaie un niveau. Le titre les distribuant (presque) aléatoirement. Par exemple, une première fois, le joueur pourra se rendre devant la boutique de Jimbo, tandis que la seconde le conduira rapidement à SoDoSoPa, l’ancien quartier bobo de la ville.
Parmi ces compétences qui sont un gros plus, l’une d’elles permet de « Cheeser », soit d’envoyer l’urine de chat sur les enfants, qui subiront l’altération d’état Confusion. Egalement, poser un totem de santé sur la zone de combat permet de regagner des points de vie. Enfin, transformer les armes des ennemis en quelque chose de ridicule est amusant. Bien évidemment, il est possible de faire des combos à travers deux types d’attaques : la distance et le corps-à-corps. Les deux précédents volets proposaient tellement plus de variété, d’équipements et de cosmétiques. C’est si irritant que l’on pourrait penser que Kyle a encore du sable dans son vagin (vous l’aviez oubliée cette réplique de Cartman, n’est-ce pas ?).
Nota Bene : Il convient de préciser que le choix des cartes alliées et ennemies se fait au début de chaque mission. Tous les objets récoltés disparaissent à la fin d’un niveau, à l’exception des améliorations spéciales.
Un bon petit South Park avant un morceau conséquent ?
Au fond, on sent une bonne volonté des développeurs de propulser l’univers de Parker et Stone dans un genre radicalement différent. Malgré ses trop grosses limites, c’est une prise de risque qui rend plutôt honneur aux changements drastiques survenus dans la série. De plus, le titre bénéficie enfin des voix françaises officielles de la série. Ce qui était une hérésie dans le volet précédent devient ici un énorme bonheur ! Souvenons-nous que L’Annale du Destin possédait un tout nouveau casting VF qui nous avait laissé dubitatifs… C’est maintenant du passé.
En fait, difficile de ne pas voir en ce petit jeu un stand-alone (en retard) du Bâton de la Vérité. L’univers de South Park regorge d’idées insolites qui pourraient faire un excellent jeu. On pense aux ninjas au design des animés japonais qui pourraient merveilleusement se moquer des jeux de combat Versus Fighting. Que l’on aime ou non South Park, la série a toujours débordé d’une imagination loufoque, digne d’un gamin irrespectueux. C’est cette magie que l’on aurait aimé retrouver bien plus dans ce South Park Snow Day. Le titre aurait pu se moquer de son aspect AA et lancer des punchlines cinglantes aux projets AAA qui en font parfois trop.
Comme l’a dit un gros enfant américain : « L’amour, c’est comme poser sa pêche. Parfois, ça coule tout seul, et parfois faut pousser un peu plus. » Ce South Park Snow Day, malgré toute la bonne volonté qui s’en dégage, n’a pas assez poussé pour devenir un hit incontournable pouvant être aimé de l’intégralité des joueurs. Doté d’un charme plaisant et procurant un bon moment de rigolade, il n’en a pas assez dans le ventilo pour être le meilleur de la trilogie. Avec son petit prix, il n’en reste pas moins un divertissement bon enfant pour se frotter ensemble en multijoueur. A réserver aux fans acharnés avant tout. « Oh mon Dieu, ils ont tué… Ah non, ça baigne ! »
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