En voilà une étrange histoire. Adolf Hitler aurait été nommé en 1939 pour le prix Nobel de la paix. Si cela peut avoir l’air d’une blague, sachez que c’en est une ! De mauvais goût, certes, lorsqu’on connaît la postérité des événements de 1939… Mais alors, comment cela a-t-il été rendu possible ?
Le prix Nobel de la paix
Sur Cultea, nous vous avons déjà raconté l’histoire du prix Nobel. Nous vous avions également expliqué la trajectoire scientifique de son créateur. Dans les faits, Alfred Nobel ne voulait pas que l’on se souvienne de lui comme un marchand de mort. Il a donc légué sa fortune à une fondation pour la paix. Celle-ci récompense dans cinq domaines : la physique, la médecine, la chimie, la littérature et la paix. Pour être éligible, il faut répondre au critère suivant :
« Est récompensable la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix. »
Ainsi, depuis 1901, le prix récompense le travail de politiciens, d’artistes ou encore de scientifiques. Mais pour l’édition 1939, un petit malin s’est amusé à faire une drôle de suggestion…
Contexte en 1939
Début 1939, l’Europe n’est pas en paix. En effet, toutes les craintes qui ont suivi la Première Guerre mondiale se réalisent et on assiste, quasiment sans rien faire, à la montée au pouvoir du fascisme et du nationalisme partout en Europe. En Allemagne, notamment, Adolf Hitler est au pouvoir depuis maintenant six ans.
Six années durant lesquelles il a semé la terreur dans son propre pays, mais pas seulement. En effet, dès 1938, il commence son projet de conquête de l’Europe. Ainsi, il s’empare de l’Autriche, des Sudètes, puis de la Tchécoslovaquie au cours de cette seule année… Un geste qui n’est pas sans inquiéter les autres Etats européens.
Une idée d’un député suédois
Un beau jour de 1939 donc, le député suédois Erik Brandt s’ennuie. Lui qui est membre du parti social-démocrate suédois et un fervent antifasciste a alors une drôle d’idée. Il rédige une lettre qu’il envoie le 1er février 1939 au comité Nobel afin de présenter Adolf Hitler comme candidat au Nobel de la paix. Il vante ainsi « l’amour ardent pour la paix » du Führer. La blague passe mal dans son pays, où on l’accuse de fascisme. Pourtant, le politicien justifie son geste comme un acte ironique et politique.
En effet, la même année était nominé au prix le Premier ministre britannique Neville Chamberlain. Ce dernier avait alors signé fin septembre 1938 les fameux Accords de Munich. En bref, la France, l’Italie et l’Angleterre validaient l’annexion de la Tchécoslovaquie par Hitler et signaient un accord de paix illusoire.
Pour beaucoup de dirigeants mondiaux, ces accords étaient une vaste blague. Comme si les désirs de conquêtes d’Adolf Hitler allaient être freinés par un bout de papier… C’est justement cette absurdité que dénonce Erik Brandt avec sa nomination d’Hitler au Nobel. On peut donc l’interpréter ainsi : « Quitte à accepter toutes les exactions d’Hitler sans broncher, autant lui filer le Nobel de la paix ! »
C’est un geste subversif et un immense doigt d’honneur aux dirigeants européens laxistes, notamment Chamberlain. Un acte d’autant plus subversif que le comité Nobel ne prend en compte que les nominations suggérées avant la date du 31 janvier…
Peut-être s’était-il trompé de deux mois et souhaitait-il faire sa blague du premier avril ? Ou alors se demandait-il s’il resterait encore une Europe au mois d’avril… Quoi qu’il en soit, ce fait étonnant est en réalité un acte de lucidité claire montrant que certaines élites dirigeantes en Europe avaient bien conscience du danger que représentait le IIIe Reich…
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