Du fameux coup de canne au président Loubet à la gifle d’Emmanuel Macron devenue virale, Cultea vous propose un retour sur les présidents de la République insultés ou attaqués. Histoire d’une haine aux conséquences parfois dramatiques.
Cette scène, on l’a tous vue : en déplacement dans la Drôme, le président de la République Emmanuel Macron reçoit une gifle alors qu’il serre la main de son agresseur durant un bain de foule.
Ce moment humiliant nous en rappelle bien d’autres que nos présidents ont connu dans leur carrière politique. On se souvient des sifflés et des huées accompagnant Giscard d’Estaing lors de son départ de l’Elysée en 1981. On pourra également rappeler l’instant durant lequel Nicolas Sarkozy a été violemment pris à partie par un employé municipal ayant soudainement agrippé sa veste lors d’une visite près d’Agen. L’homme avait d’ailleurs écopé de six mois de sursis.
Certains de nos présidents sont entrés dans l’Histoire en faisant preuve d’humour face à ces réactions hostiles. Ainsi, François Mitterrand, alors fortement conspué par des manifestants qui criaient « Mitterrand, fous le camp ! » aura cette réplique culte : « Ca rime, mais c’est une rime pauvre… ». Jacques Chirac, quant à lui, traité un jour de « connard » par un mécontent répliqua de manière sèchement drôle : « Bonjour, moi c’est Chirac ! », avant de serrer la main ostensiblement à l’impertinent.
Plus à cheval sur le respect, De Gaulle n’hésitait pas à poursuivre tout manquement contre sa personne. De ce fait, un homme qui avait osé crier : « A la retraite ! » lors d’une remontée des Champs-Elysées écopa de 500 francs d’amende en 1962.
Dès son apparition sous la IIIe République, la fonction présidentielle est la cible idéale de toutes les attaques. Il faut dire que le nouveau régime est honni par les monarchistes et les bonapartistes qui veulent littéralement sa peau. Les politiques finissent même par accepter le poste avec appréhension !
Quand un Président prend des coups de…canne !
En 1899, le président Loubet, en route pour prendre possession de l’Elysée, essuie crachats, insultes, jets d’œufs et détritus tout au long de son parcours… A cette époque, on lui reproche notamment d’être favorable à la révision du procès Dreyfus qui divise la France.
La même année, Émile Loubet est victime d’une agression alors qu’il assiste aux courses d’Auteuil. Le baron de Christiani s’était avancé devant la tribune officielle et avait hurlé « démission » tout en assénant au Chef de l’Etat de l’époque un violent coup de canne sur son chapeau, l’enfonçant sur sa tête, devant sa femme et des ambassadeurs plus que médusés.
En réalité, ce coup avait été monté par les anti-dreyfusards qui agitaient la foule et déclenchaient des bagarres avant l’arrivée des soldats. Résultat : la police appréhende une quarantaine de forcenés, dont le baron qui écope de plusieurs années de prison. Pour la petite anecdote, des membres de la haute société frondeuse ont porté une breloque en forme de gibus aplati sur leur gilet pendant quelques mois. Ambiance…
Mais d’autres agressions furent bien plus graves, entrainant même la mort de certains présidents qui ont occupé l’Elysée. En 1894 à Lyon, un anarchiste poignarde Sadi Carnot dans le landau présidentiel. En 1932, un illuminé russe tue Paul Doumer par balle lors d’un salon littéraire parisien. Les deux assassins finirent guillotinés. Sadi Carnot finit au Panthéon tandis que Doumer repose au cimetière du Vaugirard, selon les volontés de son épouse qui refuse poliment les honneurs du temple de la République : « Ils me l’ont pris toute sa vie, ils me l’ont tué… Je veux au moins être avec lui dans la mort. »
Par la suite, d’autres attentats vont se perpétrer, comme celui du Petit-Clamart contre le général De Gaulle, en 1962, juste après l’indépendance algérienne. Ce jour-là, la DS présidentielle dans laquelle se trouve le chef de l’Etat avec son épouse et son gendre échappe de justesse aux balles de l’OAS, l’Organisation de l’armée secrète, favorable à une Algérie française. Furieux que l’on ait pu mettre en danger la vie de sa femme, De Gaulle refusera de gracier le principal inculpé, Bastien-Thiry. Ce dernier sera fusillé l’année suivante.
Quand la fonction est visée (et non pas la personne)
Enfin, nous terminons cette triste liste par la tentative d’assassinat contre Jacques Chirac, le 14 juillet 2002 sur les Champs-Elysées. Ce jour-là, une balle siffle à l’oreille du bruit. Lui croit à un pétard. En réalité, il s’agissait de Maxime Brunerie, un jeune militant d’extrême droite, qui avait visé le président avec une carabine. Cependant Mohamed Chelali, un homme algérien, réussit à le maîtriser. Cet acte héroïque lui valut par la suite une décoration de la Légion d’Honneur.
Quand il avait appris la nouvelle de son attaque, Chirac avait haussé les épaules et continuait la cérémonie, comme si de rien n’était. Plus tard, le président analysera dans ses mémoires :
« Ce n’était pas moi qui était visé, mais ce que je représente. Lorsqu’on se sent rejeté par la société, on cherche à atteindre son symbole le plus élevé. »
On retiendra donc que présider, c’est aussi savoir prendre des coups : la plupart sont politiques mais certains sont parfois physiques…
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