« Poser un lapin » : quelle est l’histoire de cette expression française ?

"Poser un lapin" : quelle est l'histoire de cette expression française ? - Cultea

L’expression « poser un lapin » est très courante dans la langue française. Aujourd’hui, elle signifie ne pas se présenter à un rendez-vous sans prévenir la personne qui attend. Le plus souvent, on l’utilise lorsqu’on est la personne qui attend en disant par exemple : « Je me suis fait poser un lapin ». Toutefois, l’origine de l’expression est assez étonnante ! 

Le mot « lapin » dans la langue française

Pour comprendre les origines de cette expression, il faut d’abord s’intéresser au mot « lapin ». En effet, le lapin est bien entendu le petit animal poilu que nous connaissons. Cependant, dans l’imaginaire collectif et les expressions, il fait référence à de nombreux comportements humains. Ces comportements semblent s’approcher de ceux du lapin ou, en tous cas, lui font référence.

Le lapin est depuis l’Antiquité l’animal symbole de la fécondité, de l’abondance. L’absence de lapin est donc synonyme de pauvreté. On connaît de nombreuses expressions associées à cette intense fécondité des lapins, plus ou moins flatteuses pour les personnes désignées. Par exemple : « une mère lapine » pour une femme qui met au monde de nombreux enfants ou encore « un chaud lapin » pour un homme très porté sur la chair.

Le lapin est aussi celui qui sait courir très vite et s’échapper. Ce serait d’ailleurs de là que vient le nom du cabaret Le Lapin Agile. Car André Gill, le peintre de l’enseigne, aurait fait du lapin son autoportrait transposé. En effet, le lapin vêtu d’une redingote échappe à la casserole, comme lui avait échappé à la répression qui a suivi la Commune. Le lapin est donc fécond et rapide ! Tout ce qu’il faut pour poser de nombreux lapins ! 

Enseigne peinte par André Gil pour le cabaret "Le Lapin Agile" - Cultea
Enseigne peinte par André Gil pour le cabaret « Le Lapin Agile ».

Diverses origines pour « poser un lapin »

Il existe diverses origines pour cette expression… À en croire que les poseurs de lapins sont très nombreux.

En 1889, Lorédan Larchey indique dans son Nouveau supplément du Dictionnaire d’argot que « poser un lapin » signifie : « Ne pas payer une femme qui a vendu ses faveurs« .  Il définit aussi le lapin comme un « galant quittant les filles sans payer le prix convenu« . Grâce à lui, on apprend aussi pour quelles raisons c’est le lapin qui est choisi. Ce serait par « allusion au lapin posé sur les tourniquets des jeux de foire qui parait facile à gagner et qu’on ne gagne jamais« . [Lorédan Larchey, Nouveau supplément du Dictionnaire d’argot, 1889, p.137] Au XIXe siècle, de nombreux hommes semblent donc poser des lapins aux courtisanes !

Néanmoins, une autre source remonterait l’expression plus loin dans le temps. Allons maintenant au XVIIe siècle, on employait l’expression « celui-là est de Garenne » pour désigner une histoire inventée, fausse. Par la suite, l’expression « poser un lapin » serait apparue pour les rendez-vous amoureux manqués.

Finalement, le lapin est souvent un goujat. Qu’il soit un mauvais amant du XIXe siècle ou un menteur du XVIIe siècle, il manque toujours à ses promesses. Le sens actuel de l’expression n’est pas si éloigné de ses origines ! Découvrez aussi l’histoire d’autres expressions imagées telles que : « Tomber dans les pommes« , « Se brûler les ailes » ou encore « Baisser les bras« . 

 

Sources :

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