Vous avez déjà dû l’entendre plusieurs fois : « si tu n’es pas assez prudent, tu vas te brûler les ailes ». Voici une expression figurative aussi prévenante que poétique, mais que signifie-t-elle, et d’où vient-elle ? L’équipe de Cultea revêt aujourd’hui son costume d’enquêteur afin de vous éclairer quant à son origine.
Tout part de la mythologie grecque !
Pour analyser cette expression, il convient tout d’abord de parler d’Icare. Mais comment parler de lui sans faire au préalable une présentation de son père ? Ce n’est pas aussi compliqué à suivre que le jeu des sept familles, c’est promis !
Icare est le fils de Dédale, architecte athénien travaillant pour la famille royale, et de Naupacté, esclave crétoise. Un beau jour, Poséidon offre à Pasiphaé, reine de la Crète, un magnifique taureau blanc dont elle s’éprend profondément. Elle demande alors à Dédale de l’aider à s’accoupler avec l’animal. Etrange requête ? Pourtant, figurez-vous qu’il y répond par la positive. Cette union donne naissance au Minotaure ! Afin de cacher cet affront éhonté, Dédale construit un labyrinthe ne permettant pas à la créature de s’échapper.
Soit dit en passant, c’est également de là que vient la fameuse expression du « dédale » pour signifier un chemin escarpé, duquel on s’égare et dont on ne parvient à retrouver sa route.
Tout se passait plutôt bien, jusqu’à ce que Dédale se « brûle les ailes« . En effet, après avoir été trahi régulièrement, le roi de Crète, Minos, l’enferme dans le labyrinthe avec son fils, Icare. Le voilà pris à son propre piège. Interdit de prendre la voie de la mer ou celle de la terre, il ne lui reste plus qu’une corde à son arc pour fuir la Crète : celle du ciel. C’est ainsi que lui vient l’idée fatale : CRÉER DES AILES ! Et pas n’importe lesquelles, des ailes faites de cire et de plumes, qu’il fixe sur ses épaules et celles de son fils.
Avant le grand départ, Dédale prévient son fils de ne surtout jamais s’approcher de trop près ni de la mer, ni du soleil, dont l’humidité et la chaleur abîmeraient les ailes. Icare entame son voyage. Happé par la beauté du paysage, il gagne en altitude, faisant fi des conseils de son père. Petit à petit, le soleil fait fondre ses ailes de cire, jusqu’à ce qu’il finisse par tomber et mourir dans la mer, désormais appelée la mer icarienne.
Différentes interprétations…
Comme tout mythe, celui d’Icare a donné lieu à de multiples interprétations. Selon Dion de Pruse, rhéteur grec, le problème vient moins de l’oisiveté d’Icare que de sa naïveté. Dédale a construit des ailes qui ne fonctionnent pas et il s’agit là de réfléchir aux notions d’ingénuité et de confiance. La vantardise est un vilain défaut et si votre interlocuteur en est le maître, elle ne doit pas vous convaincre à n’importe quel prix, au risque de finir noyé dans la mer… Au sens figuré bien sûr. Quoi que…
Mais ce mythe évoque également les notions d’interdictions, de transgressions, de libre-arbitre et de désir. Avouez-le, lorsque l’on vous donne un conseil, vous êtes le premier à n’en faire qu’à votre tête à la première occasion, non ? L’être humain a cette propension à vouloir braver ce qui lui est vivement défendu, pousser ses désirs toujours plus loin. Et cela peut le mettre dans l’embarras, voire dans des situations dangereuses.
Des adaptations du mythe ?
Si l’envie vous prend d’expliquer à vos enfants pourquoi il est important d’avoir des interdictions, nous vous avons déniché une adaptation de Christine Palluy intitulée Dédale et Icare. Il en est de même pour l’ouvrage Icare et Dédale de Nicolas Cauchy. Destinés aux enfants, ces livres vous permettront d’une part de les mettre en garde, et d’autre part de les initier à la mythologie. Combo gagnant !
Notre petite histoire est terminée et grâce à elle, vous savez maintenant ce que signifie l’expression « se brûler les ailes ». Donc surtout, soyez prudents et sachez vous mettre des limites. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il ne faut pas parfois prendre de risques. Tout est une question d’équilibre !
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