Portraits des maîtresses royales de France, de Jeanne du Barry à Diane de Poitiers

Diane de Poitiers par François Souchon et La Marquise de Pompadour par Boucher

Qui sont les maîtresses royales de France ? Si les relations extra-conjugales étaient d’usage aux cours d’Europe, en France, la maîtresse profite de la reconnaissance officielle et des faveurs royales. Etre favorite du roi de France, c’est avoir entre les mains le pouvoir sur toutes les politiques du royaume de France. Les souverains ne craignaient pas de demander conseil à leur maîtresse.

Agnès Sorel, la Dame de beauté (1422-1450), et Charles VII

Agnès Sorel vient de la petite noblesse de Picardie. Elle entre au service de l’épouse du roi Charles VII en 1444. Peu de temps après, lors d’un tournoi, le roi l’affiche comme sa maîtresse officielle. C’est une grande nouveauté, car jusqu’ici, les favorites des rois de France restaient dans l’ombre. Mais Agnès Sorel était très extravagante : elle réinvente la mode à la cour, éclipsant la reine Marie d’Anjou. Elle porte des étoffes et des fourrures précieuses, se montre dans des tenues somptueuses et décolletées, et s’applique de la crème. Le roi lui offre gemmes et parures, mais surtout les fiefs de Beauté (à proximité de Vincennes).

Agnès Sorel a trois filles avec Charles VII, reconnues par ce dernier. Elle meurt violemment à 28 ans, prise de maux de ventre, et donne naissance à un enfant prématuré de 7 mois, qui meurt le jour même. La cour soupçonne un empoisonnement. En 2005, des chercheurs trouvent effectivement des traces d’empoisonnement au mercure.

Agnès Sorel
Portrait d’Agnès Sorel, favorite du roi de France Charles VII – XVIe siècle

Diane de Poitiers (1499-1556) et Henri II

Diane de Poitiers est originaire du Dauphiné (rien à voir avec le Poitou). Elle rejoint la cour de François Ier après la mort de son mari Louis de Brézé en 1531, avec qui elle a eu deux filles. Elle porte les couleurs de veuvage (noir et blanc) jusqu’à la fin de sa vie. Diane prend le titre de son défunt mari, sénéchale de Normandie, lui permettant de gagner les même gages que son mari. De plus, elle gère et perçoit les revenus des biens de ses filles. Elle obtient même la propriété des terres de son mari. Diane de Poitiers est une grande gestionnaire et mécène, et elle a su en tout temps maintenir sa fortune.

Si certaines rumeurs ont répandu qu’elle était l’amante de François Ier, rien ne l’a prouvé. En revanche, Diane a eu une relation avec son fils, le futur Henri II. De vingt ans son aînée, Diane est la dame de Henri, désignée par François Ier lui-même. C’est-à-dire qu’elle lui apprend les mœurs et la galanterie. Si Henri épouse Catherine de Médicis en 1533, c’est sur les conseils de Diane. Avec l’intronisation de Henri, Diane obtient un nombre considérable de faveurs royales : terres, bijoux, argent. Le nouveau roi porte les couleurs et l’emblème de Diane, et de la déesse de la chasse : le noir et le blanc, et le croissant.

Diane de Poitiers
Diane de Poitiers – François Clouet XVIe siècle

Jeanne-Antoinette Poisson, Madame de Pompadour (1721-1764), et Louis XV

Jeanne-Antoinette Poisson est née en 1721 à Paris. Elle grandit sans son père, mais baigne dans l’éducation bourgeoise et l’enseignement des arts. On raconte qu’enfant, une voyante lui aurait prédit qu’elle serait « la maîtresse du roi ». L’amant de sa mère arrange son mariage avec Charles Normant d’Étiolles, avec qui Jeanne a deux enfants. Leur propriété se situe dans la forêt royale où Louis XV a l’habitude de chasser. En 1743, alors que sa calèche passe près du domaine de chasse du roi, elle intrigue celui-ci, qui va à sa rencontre.

En 1745, lors d’un bal masqué, le roi officialise leur relation en se tenant de longs moments avec elle. Il lui donne le titre de marquise de Pompadour et lui offre de multiples faveurs : un accès à sa chambre à coucher par escalier secret, des châteaux – dont le célèbre Petit Trianon (dans lequel elle n’habitera jamais). Son influence sur Louis XV le pousse à aider les arts et la littérature des Lumières : Voltaire, Montesquieu, Diderot et D’Alembert. La marquise de Pompadour sera la maîtresse en titre de Louis XV jusqu’en 1751. Elle meurt en 1764, toujours sous les bonnes faveurs du roi.

la marquise de pompadour au jardin
Portrait de la Marquise de Pompadour – François Boucher 1759

Jeanne Bécu, Madame du Barry (1743-1793), et Louis XV

Après Madame de Pompadour, Louis XV prend une autre favorite, Jeanne Bécu, comtesse du Barry. Née dans la Meuse, Jeanne n’est pas noble, elle rejoint Paris avec sa famille en 1749. Ses parents la font apprentie chez un coiffeur pour dames, puis comme lectrice de Mme de Delay de La Garde. Elle sera congédiée quand son employeuse apprend qu’elle a plusieurs amants. Elle se fait vendeuse, sous le nom de Mademoiselle Lange, dans un magasin fréquenté de la haute société parisienne. En 1768, son amant le comte du Barry-Cérès lui fait rencontrer Louis XV. Lui-même marié, il lui fait épouser son frère, Guillaume du Barry afin de la faire entrer à la cour.

Le roi chérit sa maîtresse, avec qui il a 33 ans d’écart, notamment d’un collier de diamants tellement cher que la France n’avait pas les moyens de se payer, et d’un esclave Bengali : Zamor. Jeanne vit la grande vie de la cour, mais malgré son charme, elle est détestée pour ses origines et son haut statut auprès du roi. A 14 ans, dès son arrivée en France, la dauphine Marie-Antoinette en fait sa rivale directe. Jeanne est bannie de la cour à la mort de Louis XV et guillotinée pendant la Terreur en 1793. Le film Jeanne du Barry de Maïwenn retrace l’histoire de la favorite.

portrait de Jeanne du Barry
Portrait de la comtesse Du Barry en Flore – François-Hubert Drouais 1769

Sources :

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