Paulette Nardal, femme oubliée de la Négritude

Paulette Nardal dans les années 1920-1925. - Cultea

Le nom de Paulette Nardal ne vous dit rien ? Cette femme de lettres est une oubliée de la Négritude. Occultée par la notoriété des fondateurs officiels du mouvement comme Senghor ou Césaire, elle a pourtant milité pour faire émerger « la conscience noire ».

Femme de lettres martiniquaise et journaliste du XXème siècle, Paulette Nardal est la première femme noire à étudier à la Sorbonne. En effet, en 1920, à 24 ans, elle quitte la Martinique pour étudier l’anglais à Paris. Avec sa sœur, elles sont les premières étudiantes noires inscrites à la Sorbonne. Son mémoire de fin d’études se consacre à Harriet Beecher Stowe, abolitionniste convaincue et autrice de La Case de l’Oncle Tom, où elle dépeint la réalité de l’esclavage aux États-Unis.

« Les negro spirituals ont fait irruption dans ma sensibilité. Non seulement j’étais fière de voir le genre de musique que les Noirs avaient pu composer, mais encore, cette musique me touchait profondément »,

se rappelle Paulette Nardal. « Bals nègres », revues de Joséphine Baker ou récitals de Marian Anderson, elle s’éveille devant ce qu’elle appelle, avec sa sœur, la « conscience noire ».

Féminisme intersectionnel de l’entre-deux-guerres

Paulette Nardal s’installe dans les années 1920 à Clamart et fonde La revue du Monde Noir, éphémère parution bilingue de six numéros. Poèmes, revues de presse, articles d’actualité et réflexions sur la place des Noirs remplissent les pages de la revue. Bien qu’Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas n’aient jamais écrit pour la revue, ils fréquentaient régulièrement le salon de Clamart. C’est lors de ces rencontres que serait né le concept de « Négritude ». Paulette Nardal défriche petit à petit le terrain du féminisme intersectionnel.

En 1963, elle écrit à l’historien Jacques Hymans, à propos de Césaire, Damas et Senghor :

« Ils ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelles et de brio. Nous n’étions que des femmes, mais de véritables pionnières. Nous leur avons indiscutablement ouvert la voie. »

Paulette Nardal dans les années 1920-1925. - Cultea
Paulette Nardal dans les années 1920-1925.

Son engagement politique

Paulette Nardal se rend au Sénégal en 1937 et s’engage politiquement contre l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie en 1938. Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, Paulette Nardal souhaite retourner en Martinique. Elle embarque alors sur un bateau qui sera torpillé par les troupes allemandes. Suite au naufrage, durant lequel elle se fracture les rotules, elle restera près d’un an à l’hôpital et en ressortira infirme.

À la suite du droit de vote aux femmes de 1944, Paulette Nardal crée le Rassemblement féminin en 1945, ainsi qu’une revue féministe, La Femme dans la cité. L’objectif est d’inciter les femmes martiniquaises à exercer ce nouveau droit et à aller voter le 20 avril 1945. En 1947 et 1948, elle rédige pour les Nations Unies un rapport sur le positionnement politique des femmes martiniquaises.

Mais Paulette Nardal dérange. Craignant pour sa vie, sa famille la convainc de se retirer de la politique. Alors, en 1954, la féministe se consacre à la création d’une chorale « Joie de Chanter » avec, pour vocation, de populariser les negro spirituals.

Paulette Nardal, femme de lettre oubliée de la Négritude, répètera jusqu’à sa mort, en 1985 « Black is beautiful ! »

Sources :

Wikipédia.

Libération.

La 1ere France Info.

France Culture.

TV5 Monde.

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