Le Prince Imperial « Napoléon IV » : Le dernier des Napoléons

David Jonathan
David Jonathan
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Dans notre enfance, nous chantions la comptine L’Empereur, sa femme et le Petit Princepour apprendre les jours de la semaine. Mais peu de personnes savent qu’elle parle de Napoléon III, de l’Impératrice Eugénie et du Prince Impérial, aussi connu sous le nom de Napoléon IV.

Napoléon III, le Prince Impérial et le Second Empire sont touchés par cette légende noire et cet oubli qui voit le jour sous la IIIe République. C’est pour cette raison que nous aimerions revenir sur les moments marquants de la vie du Prince Impérial.

Le Prince Impérial en 1857.

Il est le fils unique de l’Empereur Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, qui l’ont éduqué pour devenir le possible Empereur des Français sous le nom de « Napoléon IV ».

Un prénom bien réfléchi

À sa naissance, le 16 mars 1856 à Paris, on donne au Prince Impérial le nom de Napoléon Eugène Louis Jean-Joseph, rappelant respectivement le fondateur de la dynastie, la mère du Prince, son père et les personnes qui ont été choisies comme parrain et marraine.

Il sera nommé Louis Napoléon et on peut observer que c’était également le nom de son père avant qu’il ne devienne Empereur. Louis, forme francisée du prénom Clovis, est un prénom au fort héritage. En effet, Charlemagne et Henri IV avaient également appelé leurs fils Louis afin de légitimer leurs dynasties respectives. Par ailleurs, ce prénom avait été attribué au grand-père du Prince Impérial, ancien roi d’Hollande, ainsi qu’à 19 rois de France avant lui.

Eugénie et le Prince Impérial.

L’âge d’or du Second Empire 

En 1856, le Prince Impérial naît alors que le Second Empire est en plein âge d’or.

Napoléon III a convié l’Europe et le monde à une exposition universelle. Elle est destinée à impressionner et à montrer que la France est en pleine mutation. Le prestige militaire est redoré avec la victoire sur les Russes pendant la guerre de Crimée. Le Congrès de Paris offre des perspectives de paix durable, mais aussi le moyen d’effacer le Congrès de Vienne, qui avait tout enlevé aux Bonaparte en 1815.

Et voilà que la même année se produit l’événement que tout souverain désire : la naissance d’un héritier mâle. Le 16 mars 1856, le Petit Prince « Loulou », comme le surnomment ses parents, vient au monde, sous les yeux des membres de la famille impériale et des dignitaires de l’Empire. L’enfant est « si gros, si fort, avec de longs cheveux noirs ».

Le 17 juillet 1856, devant le sénat et le corps législatif, un sénatus-consulte établit qu’en cas de mort de Napoléon III, l’impératrice Eugénie deviendra régente en attendant la majorité du jeune Napoléon IV.

L’enfant gâté

Le Prince Impérial, gâté, devient un enfant terrible. En effet, ses parents sont affectueux, mais sa mère est trop protectrice et stricte, tandis que son père ne sait pas le réprimander lorsqu’il fait une erreur.

Le Prince Impérial est conscient de cette différence entre ses parents et savait en profiter : « Papa dit toujours oui, maman dit toujours non, et je finis toujours par obtenir ce que je veux ». L’exemple le plus significatif et l’anecdote la plus célèbre reste la scène qui se déroule dans le bureau de l’Empereur en 1859 : l’ambassadeur Nigra remet un document diplomatique du futur roi d’Italie Victor Emmanuelle. Napoléon III pose le document sur la table et Louis se saisit d’un ciseau et transforme les documents diplomatiques en papillons qu’il lance à travers le bureau.

Napoléon III et le Prince Impérial.

Les passions du Prince Impérial 

Le Prince Impérial se passionne pour l’armée et pour l’art. Il est d’ailleurs doté d’un grand talent pour cette deuxième discipline, comme sa grand-mère Hortense. Son amour pour l’art est mis de côté, au profit de l’armée. Comme pour tout bon Bonaparte, l’armée est importante et il le sait depuis son plus jeune âge. Nourri de l’épopée napoléonienne, il est éduqué sous un régime politique où l’armée est l’un des piliers du Second Empire.

Sedan, un second Waterloo

La France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870.

« Jouer au soldat c’est amusant, se battre pour de vrai c’est devenir un homme ».

C’est ainsi que le Prince Impérial voit cette guerre, alors qu’il n’a que 14 ans. Il accompagne son père qui prend la tête des troupes. Le Prince Impérial porte l’uniforme de sous-lieutenant d’infanterie et sera témoin des batailles. Il désire voir la France gagner, mais elle n’est pas prête pour une telle guerre. Le désastre de la bataille de Sedan, le 1er septembre, était pressenti. L’Empereur est fait prisonnier, ce qui met fin à la guerre en faveur de la Prusse.

Le 4 septembre, malgré l’opposition du corps législatif et sous la pression des Parisiens en colère, Léon Gambetta annonce la déchéance de l’Empereur. Les Français sont définitivement battus après la fin du Siège de Paris.

Le 28 janvier 1871, un armistice général est signé au Château de Versailles. Guillaume devient Empereur du deuxième Reich allemand. Otto Von Bismarck a pu réaliser l’union des États allemands. La famille impériale part en exil en Angleterre.

L’exil anglais

L’adolescent est devenu un jeune homme brillant et motivé. L’accès à Saint-Cyr lui étant désormais interdit, il se tourne vers l’Académie Royale Militaire d’Artillerie et du Génie de Woolwich. Louis sort de Woolwich au septième rang en tant qu’officier d’artillerie, comme son grand-oncle Napoléon Ier.

Il parfait ses connaissances en droit et en économie, consultent de grands intellectuels de l’époque afin de préparer son retour.

La maladie, puis la mort de l’Empereur survenue le 9 janvier 1873, viendront interrompre ses débuts prometteurs. Le 16 mars 1874, selon la constitution impériale encore en vigueur, Louis est déclaré majeur. Il devient le dernier des Napoléons sous le nom de Napoléon IV.

Désormais chef de parti, le Prince Impérial ne veut pas négliger son métier ; au contraire, il le fait sérieusement en révélant de grandes capacités.

La mort de Napoléon III.

Devenir un Bonaparte sur le champ de bataille

Comme tout Bonaparte, l’inaction lui pesait. Le 11 février 1879, le Royaume-Uni apprend la défaite D’Isandhlwana : 20 000 soldats ont détruit deux formations d’infanterie. La réaction est sans appel : la seule réponse possible étant la vengeance, le pays s’arme et prépare la contre-attaque ; les volontaires augmentent tous les jours. Le 27 février 1879, le Prince Impérial quitte Chislehurst pour se rendre à Southampton, d’où il embarque pour l’Afrique.

L’Impératrice cède à ses instances, bien à contrecœur. Il vogue vers l’Afrique du Sud. Sous le commandement du général lord Chelmsford, il marche vers le pays des Zoulous. C’est un très bon observateur. Il n’a pas de poste militaire très important, mais peu lui importe, il a ce qu’il désire le plus : devenir un Bonaparte sur le champ de bataille.

Mort du Prince Impérial, par Paul Jamin.

Le Prince Impérial meurt le 1er juin 1879 en Afrique du Sud pour la Grande-Bretagne, un comble pour un Bonaparte. Comment un prétendant Impérial français a-t-il pu mourir à l’autre bout du monde pour une nation qui n’est pas sienne ? Par amour pour sa propre nation :

« Quand j’aurai fait voir que je sais exposer ma vie pour un pays qui n’est pas le mien, on ne doutera plus que je sache la risquer mieux encore pour ma patrie ! ».

Le Prince a succombé en tenant tête, seul, face à cinquante assaillants. En conclusion, sa vie et sa mort reflètent sa personnalité, l’héroïsme, le patriotisme poussé à bout. Il incarne le drame romantique du héros au destin brisé. C’est une histoire ratée entre la France et Napoléon IV. 

 

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