Situation oblige, voilà maintenant un moment que nous sommes contraints de porter un masque chirurgical. Au travail, à l’école, dans la rue… Nombreuses sont les occasions où nous devons vêtir cette seconde peau, désormais ancrée dans notre quotidien. Cela nous amène, chez Cultea, à nous intéresser de près à cette conception mystérieuse. D’où vient le masque et que signifie-t-il dans son sens le plus large ? Aujourd’hui, nous allons tenter de répondre à cette question !
Une perte identitaire ?
Le masque, par définition, nous renvoie à la notion de mystère. Cela va sans dire, son usage premier est de cacher notre visage et donc plus largement les signes distinctifs qui témoignent de notre identité. Ces traits qui en disent long sur notre héritage, nos origines ou encore nos expériences sont à présent voilés. Cela prive d’un pan de ce qui fait ce que nous sommes. Le port du masque met au jour une nouvelle question : celle de la liberté, ou plutôt, de la nécessité d’être soi.
Evidemment, ce qui fait qu’un être humain en est un ne se limite pas aux seuls traits de son visage, à son apparence. Son identité découle en grande partie de ses pensées, ses constructions mentales, ses opinions, ses expériences ou encore ses rêves. En cela, le masque pourrait nous donner envie d’aller voir ce qui se cache en-dessous, creuser plus profondément pour découvrir ce qu’une personne porte en elle.
Joyce Carol Oates, femme de lettres d’origine américaine, déclarait : « Ne sommes-nous pas tous là, derrière le masque de notre visage, quelque part dans notre cerveau, attendant d’être découverts ? » Ainsi, le premier symbole qui émane du masque, c’est sans équivoque celui de la quête identitaire, la recherche du Soi.
La naissance de rituels sacrés
Après s’être posé plusieurs questions quant au masque et aux difficultés qu’il comporte, il semble intéressant d’en chercher les origines. Le port du masque ne date pas d’hier. Les premiers masques apparaissent à l’époque du paléolithique. Support de conceptions psychologiques, il a souvent représenté les drames et atrocités qu’un être humain peut ressentir au cours de sa vie. Il est donc le vecteur de représentations archétypales et donne à celui qui le porte une consistance identitaire.
Renvoyant à nos émotions telles que l’amour, la haine, la peur, la colère ou encore la joie, le masque contribue à identifier une personne. Paradoxalement, comme il cache en partie cette dernière, il contribue aussi à la désidentifier, se faisant élément réducteur, chosification.
Le masque est également utilisé lors de nombreux rites sacrés comme l’adoration des dieux. Il symbolise aussi la guérison et était utilisé tel un remède à administrer à celui qui souffrait. Ces pratiques étaient usitées notamment dans le chamanisme.
Le masque : pont entre soi-même et le monde
Création duale, le masque est le mur, la protection qui semble se dresser entre soi et le monde qui nous entoure. Dans les systèmes sacrés, il signifie l’hospitalité temporaire aux dieux. Ainsi, il accorde à l’être humain une communication avec l’au-delà, les esprits.
Cet objet fascine car il est tourné à la fois vers soi et vers l’autre. Il permet une constante oscillation entre l’intérieur et l’extérieur, si bien que quelque chose semble toujours nous échapper. Il cache, voile, recouvre, illusionne, manipule, comme il protège et transforme.
Au Japon, le théâtre Nô est un style traditionnel du théâtre du pays. Le terme Nô veut dire « drame lyrique ». Au cours de ces représentations, les masques choisis pour l’occasion peuvent changer et apparaître différemment en fonction de l’éclairage de la pièce. Cela renvoie à la dimension complexe, impalpable de l’être humain.
De l’incapacité à faire face à ses émotions
Loin de nos conceptions actuelles, le masque était tout d’abord traduit de l’arabe par le terme « bouffon ». Cela nous renvoie à la notion de vulnérabilité, celle de perdre la face, de ne pas savoir réagir lorsque nous ressentons une émotion forte. L’expression « se décomposer » prend tout son sens : se transformer, changer, témoigner, par ce qu’on laisse transparaître, de ce qui se passe en nous. Cependant, enlever son masque, même s’il s’agit d’un geste qui demande du courage, peut s’avérer profondément libérateur.
Comme vous pouvez le constater, la symbolique du masque est ancienne et riche. Et bien que nous parlions au départ du masque de protection contre le virus, nous espérons que cette petite explication a pu vous intéresser. Partir d’un sujet assez compliqué et en faire sortir un peu de poésie, voilà en somme notre entreprise. Prenez soin de vous !
2 Replies to “Le masque, objet empreint d’un profond symbolisme”