L’affaire Michel Fourniret : l’un des procès les plus marquants de ces dernières décennies

Lauren Puma
Lauren Puma
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Michel Fourniret, le célèbre tueur en série français, est mort ce lundi 10 mai 2021. Connu principalement pour ses crimes commis sur des jeunes filles en France et en Belgique, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité à deux reprises. Retour aujourd’hui sur les crimes, l’arrestation et le procès de celui qu’on surnomme « l’Ogre des Ardennes ». 

Premières condamnations

Fourniret est condamné pour la première fois à de la prison avec sursis pour agression sur mineures en 1967, alors qu’il a 25 ans. Entre 1966 et 1973, on le condamne pour des faits de voyeurisme et de violence, commis à Nantes et à Verdun. Le 25 mars 1984, il est envoyé en prison pour une dizaine d’agressions et de viols sur mineurs en région parisienne. 3 ans plus tard, la cours d’assises de l’Essonne le condamne à 7 ans de prison dont 2 avec sursis. À cette époque, il aura déjà divorcé 2 fois.

Les premiers meurtres de Michel Fourniret

Lors de son séjour en prison, Fourniret publie une petite annonce dans Le Pèlerin :

« Prisonnier aimerait correspondre avec personne de tout âge pour oublier solitude. »

C’est grâce à cette dernière qu’il commence à échanger des courriers avec Monique Olivier, qu’il épousera en 1989. Elle viendra d’ailleurs lui rendre visite en prison plusieurs fois. Le 22 octobre 1987, Fourniret sort de prison pour « conduite exemplaire » et il part s’installer avec sa future femme à Saint-Cyr-les-Colons, dans l’Yonne. À peine 2 mois plus tard, il commet son premier meurtre. Il enlève et viole une adolescente de 17 ans, Isabelle Laville, avec la complicité active de son épouse. Le corps de la jeune fille ne fut retrouvé que 19 ans plus tard, après les aveux du tueur. Par la suite, le couple Fourniret/Olivier parcourt les Ardennes et l’Yonne, et Fourniret en profite pour violer et assassiner d’autres jeunes filles. Ils s’installeront plus tard près de Sedan, au nord est de la France.y

Monique Olivier - Cultea
Monique Olivier.

Meurtres avoués 

Michel Fourniret a tué Farida Hamiche, la compagne de Jean-Pierre Hellegouarch, son ancien compagnon de cellule, le 12 avril 1988. Selon ses dires :

« Il n’y a eu aucun aspect sexuel, il s’agissait seulement d’un transfert de propriété ».

En effet, il l’a tuée pour mettre la main sur une partie du magot du « gang des postiches » dont Hellegouarch était proche.

En février 2018, Fourniret avoue le meurtre de Marie-Angèle Domèce, 19 ans, disparue le 8 juillet 1988 à Auxerre. Sa femme l’avait dénoncé en mars 2008, mais elle s’était vite rétractée. Le corps de Marie-Angèle n’a jamais été retrouvé.

En août 1988, Fourniret aborde Fabienne Leroy, une jeune femme de 20 ans, sur le parking d’un supermarché. Monique Olivier, enceinte, fait croire à un malaise, et Fourniret demande à la jeune femme de les conduire chez un médecin. Plus tard, le corps fut retrouvé dans des bois environnants. La jeune femme avait été violée et tuée par balle.

Le 20 décembre 1989, le couple repère Élisabeth Brichet, une Belge de 12 ans. Elle se rend au domicile d’une amie et Fourniret et Olivier attendent qu’elle ressorte de la maison. Fourniret prétexte encore une fois avoir besoin d’aller chez le médecin, cette fois-ci pour son bébé. Il la viole et la tue 36 heures plus tard chez lui. Ensuite, il l’enterre dans sa propriété du château du Sautou.

Le château du Sautou - Cultea
Le château du Sautou, appartenant à Fourniret.

La liste est encore longue, puisque Fourniret avouera les meurtres 6 jeunes filles et femmes supplémentaires. Il n’avouera par contre aucun meurtre commis entre 1990 et 2000, alors qu’il avait tué 8 personnes en l’espace de 3 ans, entre 1987 et 1990, ce qui perturba les enquêteurs.

Son arrestation en 2003

Le 26 juin 2003 à Ciney, près de Namur en Belgique, Michel Fourniret enlève en voiture Marie-Ascension. Cependant, alors qu’elle est ligotée à l’arrière du véhicule, l’adolescente de 13 ans parvient à s’échapper. Une automobiliste la prend en charge et croise la fourgonnette de Fourniret qui avait fait demi-tour. Alors, l’automobiliste note la plaque d’immatriculation, entrainant l’arrestation du criminel de 61 ans.

Une fois Fourniret arrêté, la police belge est mise au courant des antécédents du tueur par la police française. Pendant un an, le criminel et sa femme seront interrogés, mais ce, sans succès. Fort heureusement, Monique Olivier craque au bout d’environ 120 interrogatoires. Ainsi, en juin 2004, elle révèle une partie du parcours criminel de son mari. Fourniret avoue alors le 30 juin 2004 les meurtres de 6 personnes, après qu’on ai placé Olivier sous mandat d’arrêt pour non-assistance à personnes en danger la veille.

Le procès de Michel Fourniret

Le procès du couple s’est tenu du 27 mars 2008 au 28 mai 2008, à la cour d’assises de Charleville-Mézières. On déclare Fourniret coupable des meurtres de 7 jeunes femmes et adolescentes entre 1987 et 2001, et on le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité réelle. On condamne ensuite sa femme à la perpétuité accompagnée d’une peine de sûreté de 28 ans.

10 ans plus tard, Fourniret est à nouveau condamné à perpétuité, cette fois pour l’assassinat de Farida Hamiche, lié au trésor du « gang des postiches ».

L’affaire Estelle Mouzin

Au moment de l’arrestation de Michel Fourniret, les policiers belges et français travaillent déjà sur la disparition d’autres fillettes. Alors, des policiers français viennent interroger Fourniret, en 2003, à propos d’Estelle Mouzin, 9 ans, disparue le 9 janvier 2003 à Guermantes en Seine-et-Marne. Malheureusement, ils repartent bredouille.

Estelle Mouzin - Cultea
Estelle Mouzin.

Pendant plusieurs années, l’enquête de la disparition d’Estelle se poursuit, Fourniret étant toujours dans le viseur des enquêteurs. Néanmoins, on ne retrouve aucune trace de l’ADN de la fillette dans la camionnette du tueur. D’un autre côté, la version de Monique Olivier sur les événements du 9 janvier 2003 est de moins en moins claire, et l’alibi du meurtrier s’effrite peu à peu au fil du temps. Finalement, Michel Fourniret avouera le meurtre d’Estelle Mouzin le 6 mars 2020, lors de son audition par la juge Sabine Kheris.

Beaucoup se demandent comment un tel meurtrier a pu échapper aux radars de la police pendant si longtemps. Cependant, cela peut s’expliquer par plusieurs choses. Tout d’abord, l’éloignement géographique de certains crimes ne permettait pas de les relier entre eux. Ensuite, Fourniret tuait de façons différentes, et ne pouvait donc pas être classé comme tueur en série. Il donnait aussi une bonne image de lui à son entourage, et certains de ses crimes étaient attribués à d’autres tueurs en série, comme Marc Dutroux en Belgique ou encore Émile Louis dans l’Yonne.  

 

Sources :

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Etudiante en Master Culture, patrimoine et médiation, je m'intéresse de très près à l'histoire ainsi qu'à culture pop, particulièrement à Marvel et Star Wars. Passionnée d'anglais depuis toujours, j'ai un goût prononcé pour les contenus dans cette langue ainsi que les pays où elle est parlée.
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