« La Promesse » de Terry George est une incroyable histoire d’amour au cœur du génocide arménien [critique]

« La Promesse » de Terry George est une incroyable histoire d'amour au cœur du génocide arménien [critique]

Réalisé par Terry George et présenté au Festival du Cinéma Américain en 2017, La Promesse (The Promise) a fait un triomphe lors de sa diffusion à Deauville. Incroyablement touchante, cette histoire d’amour sur fond de génocide arménien possède toutes les qualités requises pour devenir un film mémorable. A l’occasion de sa diffusion sur Arte, on fait le point sur ce film à découvrir d’urgence ! 

Un chapitre historique trop peu connu

Si nous avons tous entendu parler du génocide arménien, peu d’entre nous en connaissent les circonstances ou même l’époque. La Promesse vient remédier à cela en nous offrant un aperçu des événements. Bien évidemment, comme dans de nombreux films historiques, les faits sont romancés. Toutefois, rien que l’initiative de nous parler de ce chapitre est une excellente chose pour la culture historique et notamment la culture géopolitique. Il est d’ailleurs aisé de comparer les événements du génocide arméniens à la crise des réfugiés que nous vivons actuellement, due aux exterminations de masse sur lesquelles nous fermons les yeux. Toutefois, réduire La Promesse à sa simple exposition du génocide arménien serait réducteur. Le contexte historique n’est qu’une des nombreuses qualités de cette œuvre.

La Promesse jouit d’une réalisation old-school salvatrice

Terry George nous livre un biopic grandiose et percutant, dont la réalisation évoque un petit on-ne-sait-quoi d’old-school. Pas d’effets pyrotechniques à outrance malgré la guerre. Juste des paysages grandioses et des personnages filmés de manières intimiste dans des environnements magnifiquement reconstitués. Les décors et la reconstitution sont en effet d’un réalisme saisissant. Ceux-ci retranscrivent parfaitement les derniers instants où Constantinople était au centre du monde et disposait d’une puissance phénoménale. La retranscriptions des interactions entre les personnages force le respect, tant cela les rend réalistes et saisissantes. On sent la volonté du réalisateur de nous livrer une œuvre à la fois intemporelle et majestueuse, tout en nous faisant découvrir un pan de notre histoire. 

Des personnages particulièrement attachants

Il s’agit probablement de la plus grande force du film : les personnages. Ceux-ci transpirent l’humanité, la bienveillance et le réalisme. Ils font partie de ces personnages si bien écrits que nous nous attachons à eux en un clin d’œil. Le traitement non-manichéen des protagonistes permet d’en visualiser toutes les facettes et d’avoir l’impression de les connaître depuis toujours. Et au-delà même du traitement individuel, les relations entre chaque personne sont remarquablement bien écrites.

Pourtant, le sujet principal du film aurait rapidement pu tomber dans le cliché du fait de sa banalité : celui du triangle amoureux. Cependant, malgré un sujet difficile à traiter de manière mature, Terry George nous offre un trio absolument remarquable et une histoire d’amour réellement intéressante. Les deux hommes épris d’Ana (Charlotte Le Bon) ne tombent pas dans le piège d’une rivalité stérile et stéréotypée. De plus, la relation que celle-ci entretien avec chacun de ces hommes a le mérite d’être intéressante et pleine d’affection, même si la passion ne se retrouve que dans sa relation avec Michael Boghosian (Oscar Isaac).

On ressent également un attachement tout particulier à la famille de la part du réalisateur. La famille est immédiatement montrée comme une institution solide et aimante, ne désirant qu’une chose : voir ses enfants s’épanouir. La suite du film nous rappelle de manière sous-jacente à quel point, durant les drames, la famille reste la seule chose sur laquelle on puisse réellement compter. La relation qu’entretient Michael avec ses parents est des plus touchantes car simple, sincère et pleine d’amour. A contrario, nous avons le personnage d’Emre Ogan, qui nous démontre qu’il peut être préférable de s’opposer à sa famille, notamment lorsque celle-ci œuvre en faveur d’une cause telle qu’un génocide.

Des acteurs au top de leur forme

Le trio de stars portant La Promesse touche la perfection, venant solidifier encore un petit peu cette œuvre cinématographique. Après tout, que seraient de bons personnages, sans une interprétation au top du top ? 

Oscar Isaac, la nouvelle superstar de la saga Star Wars, nous offre ici une performance du tonnerre, où chaque émotion trouve sa place. La joie, le désespoir, la peur, l’amour fou… Tout est retranscrit par Isaac avec une précision absolument fantastique, qui confirme l’acteur comme l’un des plus doués actuellement à Hollywood.

Charlotte Le Bon, notre miss météo de chez Canal+, fait également un sans faute dans cette histoire terrible. Douce, réservée, intelligente et forte, celle-ci porte parfaitement le film aux côtés d’Oscar Isaac et de Christian Bale. Après avoir tournée avec Robert Zemeckis dans l’excellent The Walk, l’actrice Canadienne continue sa carrière internationale de manière particulièrement pertinente. Il s’agit sans nul doute d’une des actrices francophones dont il faudra suivre l’évolution avec le plus grand intérêt.

Christian Bale, qui est donc le troisième larron de ce triangle amoureux, ne démérite pas non plus. Si l’acteur Hollywoodien offre des performance assez inégales d’un film à l’autre, force est de constater qu’il parvient, comme ses deux compères, à être bluffant de réalisme et d’humanité. Son personnage est peut-être d’ailleurs le plus intéressant à analyser bien qu’il ne soit pas le héros. En effet, celui-ci a conscience de la relation qu’entretiennent sa femme et l’étudiant en médecine qu’est Michael. Pourtant, aucune réaction puérile ou d’ego mal placé ne sont montrés durant le film. Sa relation avec Michael et celle avec sa femme reste toujours sobre et intelligente, malgré le fait qu’il souffre beaucoup de cela. Enfin, son interprétation de journaliste impuissant face au génocide est d’une puissance assez incroyable, tant nous pouvons nous identifier à lui. Ses mouvements de révolte contre la répression turque sont aussi passionnants qu’inquiétants. Son rôle rappelle à quel point les reporters tels que lui sont importants dans notre société, afin que les horreurs qui nous entourent ne restent pas dans l’ombre.

Touchant, grandiose et original de par sa thématique encore trop peu abordée, La Promesse est une des œuvres les plus marquantes de cette année. Non content d’être un excellent film, il s’agit également d’une œuvre d’utilité publique, devant rappeler aux nouvelles générations à quel point cet arc historique est important. Espérons donc que La Promesse trouve son public et reste gravé dans les mémoires comme il le mérite. 

Bande-annonce – La Promesse

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Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.

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