Johnny Cash, une légende de la musique country

Anaïs Girard
Anaïs Girard
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Johnny Cash a marqué durablement les pages de l’histoire de la country music. Alors que l’illustre chanteur aurait fêté ses 90 ans ce samedi 26 février, ses titres continuent de rencontrer un enthousiasme extraordinaire. Retour musical sur près de cinquante ans de carrière.  

« Toute votre vie, vous serez confronté à un choix. Vous pouvez choisir l’amour ou la haine… Je choisis l’amour. » À l’image de ce postulat, Johnny Cash déversait sa poésie comme un torrent de mots sublimés, faisant frémir le plus commun des mortels. Pendant sa carrière, le chanteur a réalisé de sacrés exploits. Il a marché sur la ligne, il est tombé dans un anneau de feu, il a eu le blues de la cocaïne. Et, surtout, sa guitare a fait vibrer ses cordes, jusqu’à nous mettre le cœur au bord des lèvres.

Johnny Cash sur scène | © Wikimédia Commons - Cultea
Johnny Cash sur scène | © Wikimédia Commons

La discographie de l’artiste est monumentale. En quelques chiffres, elle représente 97 albums, dont 76 enregistrements studio, et plus de 1 500 chansons. Des albums détonants qui rencontrent chaleureusement leur public. On décompte en effet plus de 90 millions de ventes tout au long de sa vie. Or, ce succès n’est pas seulement commercial. À la fois chanteur et auteur-compositeur, Johnny Cash a remporté de nombreuses récompenses : sept disques d’or, plusieurs disques de platine, ou encore treize Grammy Awards.    

Au sommet de la musique country

La musique de Johnny Cash retentit dans les oreilles des plus grands artistes de l’époque. « Je regardais le Johnny Cash Show à la télévision quand j’avais 9 ou 10 ans. À ce stade, je n’avais aucune idée du rock’n’roll. À partir de là, j’ai compris que la musique pouvait être une chose maléfique, une chose magnifique et maléfique », déclare le chanteur Nick Cave au journal The Guardian, en 2003. Le Johnny Cash Show, l’émission musicale présentée par l’auteur-compositeur lui-même entre 1969 et 1971, a en effet invité sur son plateau des noms bien connus, comme Ray Charles, Bob Dylan, ou encore Stevie Wonder. Ce show n’est toutefois que l’un des aboutissements du succès de Johnny Cash.

L’ascension musicale de Johnny Cash commence dans les années 50, lorsqu’il fonde le trio The Tennessee Two avec le guitariste Luther Perkins et le bassiste Marshall Grant. C’est auprès du label Sun Records que le groupe est propulsé sur le devant de la scène, notamment avec les réussites en 1955 de Hey, Porter et Cry Cry Cry, puis, l’année suivante, du morceau rocailleux et puissant Folsom Prison Blues

En 1957, l’artiste apparaît ainsi dans le top des meilleures musiques country. Il devient le gardien d’un style musical dont il sera, jusqu’à sa disparition, l’un de ses plus fidèles artisans. Mais, « qualifier Johnny Cash du plus important chanteur country de l’après-guerre est réducteur : c’est, encore une fois, omettre que son parcours s’est construit sur un style unique, mariant à parité les influences les plus diverses, du gospel au rock, en passant par le blues », selon Universal Music France.  

Le monde de L’Homme en noir

On l’appelait « l’homme en noir ». Toujours habillé en noir à l’effigie de l’un de ses titres, A Man In Black, il s’est construit un authentique personnage. Ensuite, cette couleur le suivra partout. Sa voix grave, ondulante, vient caresser des textes tantôt chantants et tantôt tragiques ; des textes qui nous racontent les nombreuses ambiguïtés de l’être humain, à commencer par les siennes. Ses thématiques récurrentes sont effectivement sombres, un brin frénétiques, mais passionnément amoureuses, à l’image d’un homme fou pour la condition humaine.

« Cela a été une grande expérience spirituelle de partager mes sentiments avec mon public. C’est ce que représente la scène. »

Avec parfois plus de 300 concerts effectués par an, Johnny Cash est très proche de son public. « Cela a été une grande expérience spirituelle de partager mes sentiments avec mon public. C’est ce que représente la scène », affirme-t-il. Et des sentiments, le chanteur en a effectivement beaucoup à partager. Marquée par la dureté de la Grande Dépression, son enfance se cristallise autour de la misère et de la pauvreté. Il travaille dans les champs de coton. « Bercé comme tous les petits blancs du sud par gospel et country music, il écrit ses premières chansons dès l’âge de douze ans », indique Universal Music France

Bande-annonce du documentaire The Gift: The Journey of Johnny Cash, de Thom Zimny

Son bref engagement dans l’US Air Force, juste après le lycée en 1950, est alors l’élément déclencheur de ses débuts. C’est effectivement en Allemagne, pendant sa mobilisation, que Johnny Cash gratte sa première guitare. D’un regard tendre et pénétrant, doté d’une empathie profonde pour les gens accablés par la vie, il puise dans cet épisode une source d’inspiration. En 1959, il fait d’ailleurs une performance live à la prison de San Quentin. Cette performance ne sera pas l’unique. En effet, pendant vingt ans, sa carrière sera marquée par des concerts gratuits qu’il donnera dans plusieurs prisons.       

Écorché vif, absorbé par l’exaltation des tournées et ses propres contradictions, Johnny Cash a lui-même ses démons. Il est ainsi arrêté par les autorités en 1964, tandis qu’il tombe dans les excès de l’alcool et de la drogue. Son mariage en 1968 avec June Carter, chanteuse elle aussi, lui donne alors une force nouvelle qui se propage jusque dans sa musique. « Johnny Cash […] était devenu un portail par lequel les êtres humains pouvaient entrevoir l’immortalité, un exemple pour surmonter l’adversité par l’honnêteté, et un modèle pour la quête éternelle de la rédemption », déclare son site officiel. Dans un écho tragique, presque testamentaire, la dernière performance live de l’artiste a lieu deux mois après la mort de sa femme, et deux mois avant sa propre disparition, en 2003. 

Même après sa mort, les chansons de Johnny Cash continuent d’inspirer les artistes country, à l’image de Keith Urban qui lui rend hommage dans son nouveau clip. Au loin, ses titres résonnent encore, assourdissant une salle de concerts invisible dont il restera, plus que de mémoire, l’éternel chanteur.

 

Sources :

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