Du jazz au blues en passant par la country et la pop, Ray Charles était un carrefour musical à lui seul. Considéré comme le créateur de la soul, le pianiste a brillé sur les scènes mondiales avant de s’éteindre en 2004. En mélangeant les styles musicaux, Ray aime casser les codes et réunir son public. Il est aujourd’hui l’un des symboles les plus connus de la musique afro-américaine et de la lutte contre la ségrégation raciale.
Qui n’a jamais dansé sur Hit the Road Jack ? Né le 23 septembre 1930 dans l’état de Géorgie aux Etats-Unis, Ray Charles est sûrement l’une des personnalités les plus connues du XXe siècle. Musicien, chanteur, compositeur… Celui qu’on surnomme « the Genius » réunit tous les talents pour se hisser au sommet. Sourire jusqu’aux oreilles, lunettes noires et enthousiasme illimité, Ray Charles conquiert les cœurs du monde entier grâce à son émotion musicale et ses rythmes endiablés.
Une enfance difficile
Malgré son sourire à toute épreuve, Ray Charles n’a pas toujours eu une vie facile. Dès son plus jeune âge, il assiste à la noyade de son frère cadet dans une bassine servant à laver le linge. Une scène traumatisante devant laquelle il restera tétanisé et impuissant. À l’âge de sept ans, il perd la vue après avoir contracté un glaucome. Mais même aveugle, l’enfant est attiré par la musique. Il découvre le piano avec le patron d’une épicerie de son village. Convaincue de sa réussite, sa mère, Aretha, l’inscrit dans une institution pour sourds et aveugles en Californie. Son fils sera musicien. Il apprend la composition, l’orchestration et commence à maîtriser plusieurs instruments comme le piano, la clarinette ou encore le saxophone alto. Même s’il reçoit un enseignement tourné vers le classique, ses préférences vont vers les musiques de son enfance : blues, gospel, jazz, ou encore country.
Mais un autre événement tragique vient perturber la vie de l’adolescent. Il perd sa mère à l’âge de 15 ans, le laissant ainsi orphelin. Un événement traumatisant qui le poussera à quitter l’institution pour se consacrer à sa carrière. Ray tente sa chance à Orlando et Tampa, où il survit en jouant du piano dans des orchestres de danse. Il faudra attendre 1947 pour qu’il commence à se produire en tant que chanteur.
Ray Charles : les racines de la soul
L’environnement dans lequel il se trouve fait écho aux souvenirs tragiques de son passé. Le chanteur rassemble ses économies pour rejoindre Seattle, de l’autre côté du pays, et s’offre ainsi un nouveau départ. Après plusieurs disques sans succès, il enregistre Baby, Let Me Hold Your Hand en 1951, qui connaîtra un grand accueil sur les chartes R&B. C’est le moment pour lui de commencer à forger sa personnalité musicale. Pour cela, il emprunte à la fois des références jazz, blues et gospel. Charles aime mélanger les styles. Avec des chansons comme Hey Now ou Kiss Me Baby, il tente de trouver petit à petit le sien.
C’est l’enregistrement de I’ve Got A Woman, en 1954, qui marquera le premier grand tournant de sa carrière. En écoutant une musique sur une radio religieuse, il trouve l’idée avec les membres de son orchestre de transformer It Must Be Jesus en l’un de ses plus grands succès. Avec I’ve Got a Woman, la maxime « blues + gospel = soul » prend tout son sens. Et le mélange est déroutant. Il est depuis considéré comme le créateur du soul, un ravissant mélange de profane et de sacré en une seule et même musique.
Une voix contre la ségrégation raciale
En 1959, alors qu’un patron lui demande de prolonger un concert car la foule est furieuse, Ray Charles improvise un titre. What I’d Say deviendra l’une de ses chansons les plus connues. Au sommet des classements, rien n’arrête l’artiste d’accroître sa popularité. Il quitte Atlantis Records pour ABC Paramount, avec qui il va négocier un contrat en or. Très vite, il devient une star planétaire et surpasse tous les chanteurs de son époque grâce à son style si singulier. Il enchaîne tubes et concerts, jusqu’à devenir le premier artiste noir écouté par un public blanc. Une avancée remarquable pour la lutte contre la ségrégation raciale.
Alors qu’il commence à rencontrer un véritable succès, Ray Charles rejoint Atlanta pour un seul et unique concert sur les terres géorgiennes de son enfance. En arrivant dans la salle, il découvre avec stupeur que le show n’est réservé qu’au public blanc. Immédiatement, le musicien refuse de se produire. Un acte de protestation, découlant du combat de Martin Luther King et Rosa Parks, souligné par beaucoup. Ray se voit interdit de concerts en Géorgie et décide de répondre à cet abandon en musique. En 1960, il reprend Georgia On My Mind, la ballade de Hoagy Carmichael composée 30 ans plus tôt. Depuis, l’État de Géorgie a fait de cette version son hymne national, symbole d’une avancée dans la lutte anti-ségrégation.
De Hit The Road Jack à I’ve Got a Woman, et de Unchain My Heart à You Are My Sunshine, Ray enchaîne les succès. En 2004, il enregistre son dernier album, Genius Loves Company, et s’éteint la même année âgé de 73 ans. Ses musiques continuent de résonner dans le monde entier, notamment grâce à des films comme Ray, de Taylor Hackford.
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