« Thierry Mugler : Couturissime » un rendez-vous incontournable au musée des Arts Décoratifs

Célia Ait Ihaddadene
Célia Ait Ihaddadene
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Robe "La chimère", collection haute couture automne-hiver 1997-1998 par Alan Strutt

Depuis le 30 septembre 2021, le musée des Arts Décoratifs de Paris accueille l’exposition Thierry Mugler : Couturissime après son lancement à Montréal et son passage à Rotterdam et à Munich. A trois mois du grand départ, revenons sur l’impact de cette exposition, révélatrice du génie d’un grand nom de la Haute Couture, Thierry Mugler

L’EXPOSITION « THIERRY MUGLER : COUTURISSIME » À PARIS – CÉLIA AIT IHADDADENE

Agencée à la manière d’un parcours initiatique, cette exposition retrace le parcours hors du commun de ce grand couturier ayant apporté sa touche d’originalité et d’extravagance à l’industrie de la mode. Couturier, styliste, photographe, inventeur de parfum ; les différentes facettes de la vie de Thierry Mugler y sont toutes mises à l’honneur.

Une exposition qui fait « sensation »

Devant le musée des Arts Décoratifs dans le premier arrondissement de Paris, l’événement est immanquable, même après y avoir fêté ses quatre mois d’ancienneté. Une queue de plusieurs mètres longe continuellement la rue de Rivoli et toutes et tous préparent méticuleusement leur pass sanitaire et les tickets d’entrée.

Une fois à l’intérieur de l’exposition, de l’ouïe à l’odorat, tous nos sens sont sollicités et la vue est loin d’avoir à elle seule le monopole dans cette visite enchantée. C’est un véritable éveil des sens, aussi bien dans ses jeux de lumière que dans ses activités olfactives et visuelles.

Dès la première salle, nous immergeons dans l’univers de Mugler ; l’ambiance est tamisée, les tenues illuminées et plus nous nous enfonçons dans les profondeurs de l’exposition, plus le dépaysement est saisissant. Au total, deux étages lui sont consacrés et même les escaliers se fondent dans cet inimitable univers, éclairés d’un halo bleu-vert qui n’est pas sans rappeler la Chimère de Mugler !

Des sons en lien avec les différents thèmes accompagnent la visite, des miroirs offrent une dimension d’infinité aux créations et une saveur d’éternité, des défilés sont projetés et plusieurs antennes disposées au premier étage nous permettent de sentir les parfums brevetés par l’homme aux mille métiers. 

L’EXPOSITION « THIERRY MUGLER : COUTURISSIME » – CÉLIA AIT IHADDADENE 

« Ce qui est intéressant, c’est que l’exposition ne se contente pas uniquement de mettre en lumière la carrière de styliste de Mugler. On découvre aussi ses photographies, ses parfums et plein d’autres choses. »

Ainsi s’est exprimée une jeune femme venue voir l’exposition pour la deuxième fois, dimanche 23 janvier.

« Le seul point négatif c’est qu’il y a tout le temps du monde, même après quatre mois c’est difficile de voir en détails et de très près certaines tenues. » Ajoute-t-elle. 

Polémiques, maladresses : une remise en question des idées de Thierry Mugler?

Sur cette rétrospective, les avis divergent sur cet homme ayant créé tout un univers de vierges auréolées et de femmes déshumanisées. La critique a fait savoir toute l’envergure de son mécontentement. Toujours plus transformée et parée de tenues hypersexualisantes, la figure de la femme est perçue, durant toute l’exposition, comme un pur produit de consommation, revêtant des apparences de robots, d’insectes ou d’oiseaux. 

Provocant, Thierry Mugler n’a pas peur de foncer dans les stéréotypes et les caricatures à travers ses tenues et ses défilés. Il se joue des clichés et les manie avec dextérité mais une question se pose avec légitimité : le règne de la femme-machine a-t-il encore voix au chapitre ? 

Simple curieux ou fan incontesté, vous avez jusqu’au 24 avril 2022 pour aller voir (ou revoir) cette exposition très médiatisée. Suite au décès du créateur dimanche 23 janvier, l’événement prend évidemment une toute autre dimension, à savoir celle d’un hommage à un homme qui a su offrir à la Haute Couture un élan de renouveau. 

 

Sources : 

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