À la suite des exploits des Espagnols et des Portugais en Amérique, la volonté de découvrir davantage les richesses du continent Américain est née. Dans les années 1650 débute alors l’expansion de la piraterie en Amérique du Sud. Beaucoup d’hommes partent en effet en quête de pouvoir et de richesse. Parmi eux, l’homme connu sous le nom de François l’Olonnais. Celui-ci aurait pu n’être qu’un pirate parmi les autres… cependant, il n’en est rien. Cultea vous propose aujourd’hui de découvrir l’un des flibustiers les plus cruels de tous les temps !
Contexte historique
À partir de la fin du XVe siècle, l’Espagne colonise peu à peu l’Amérique. Les premières traversées vers le continent sont menées par Diego de Nicuesa et Alonso de Ojeda. En compagnie de Christophe Colomb, la découverte de l’Amérique est fructueuse pour la monarchie espagnole. En effet, le territoire regorge de ressources, notamment minières. La conquête de ces terres représente donc une aubaine pour la couronne espagnole. Ainsi commence alors la domination espagnole sur le continent américain, à son apogée au XVIIe siècle.
Ce succès espagnol provoque la jalousie des nations voisines. Se développe dès lors une haine viscérale envers le peuple espagnol. Parallèlement, le commerce florissant des Espagnols provoque l’émergence de la piraterie sur les côtes américaines. La mer des Caraïbes est principalement sujette aux actes de piraterie, étant un lieu stratégique de transit des marchandises. Ce conflit d’intérêts entre les pirates du monde entier et les Espagnols sur le territoire donnera lieu à de nombreuses confrontations violentes. De cette façon, certains pirates ont gravé l’Histoire par leur cruauté envers les conquistadors. C’est le cas de François l’Olonnais, l’un des pirates les plus marquants au monde !
Les débuts de François l’Olonnais en Amérique
Né en France aux Sables d’Olonne vers 1630, son nom reste à ce jour, toujours incertain. Il pourrait s’agir en réalité de Jean David Nau, mais cela ne reste qu’une hypothèse. Il est supposé qu’il était issu d’une famille très modeste, voire pauvre. C’est pour cette raison que l’homme se serait rendu aux Antilles, alors âgé d’une vingtaine d’années.
Vers 1650, François l’Olonnais traverse l’Atlantique et débarque à Saint-Domingue, une colonie française à l’époque. Dès lors commence sa nouvelle vie. Sur place, il travaille aux plantations au service d’un homme et le reste durant trois ans. Il était risqué d’exercer ce type d’activité, qui s’apparentait à de l’esclavagisme. De plus, puisque plus ou moins clandestin, ce mode de vie était considéré par les Espagnols comme une menace. C’est donc dans une angoisse permanente que François l’Olonnais vécu ses premières années sur le sol américain.
Après trois années, il décide alors de se rendre sur l’une des côtes de Saint-Domingue. Celle-ci était connue pour être une terre d’exil pour ceux qui souhaitaient faire fortune ou fuir. C’est là que se regroupaient les déserteurs et prisonniers évadés… Et tous avaient en commun leur volonté de nuire aux colonisateurs espagnols.
François l’Olonnais, de boucanier à flibustier
Une fois sur place, le jeune français devient boucanier. Le métier de boucanier consiste à chasser les bœufs sauvages afin de les boucaner, c’est-à-dire faire sécher, au-dessus du feu. Cette activité le lasse rapidement, c’est pourquoi il se rapproche avec intérêt des autres personnes de l’île, pouvant lui être utiles. Après s’être lié d’amitié avec la population de l’île, François l’Olonnais devient alors pirate à bord d’un navire. Il est alors flibustier ; pirate agissant contre les Espagnols et désireux de richesses. Ses talents de navigateur et de combattant sont remarqués. Quelques temps après son intégration, le capitaine du navire meurt et les hommes ont donc besoin d’élire quelqu’un pour le remplacer. C’est ainsi que l’ancien boucanier devient naturellement capitaine d’un navire de flibustiers.
Après plusieurs succès et prises, ce navire coule. En peu de temps, le capitaine retrouve un navire à diriger et tout l’équipage le soutient, ses précédents exploits ayant suscité une grande confiance. Avec ce bateau, lui et son équipage se retrouvent capturés à Campeche, au Yucatán. Beaucoup de ses hommes mourront sous le joug des Espagnols. L’Olonnais, lui, parvint à s’enfuir en se barbouillant de sang et de boue pour se faire passer pour mort.
Il parvint ainsi à s’échapper et arrive sur l’Île de la Tortue. C’est ici que se concentre l’émancipation des flibustiers de l’époque, dont François l’Olonnais fera désormais partie. Une fois sorti d’affaire, sa haine envers les Espagnols est à son paroxysme et son objectif est clair : venger ses hommes. Cependant, n’ayant pas de possibilité d’avoir un nouveau navire, il se voit contraint d’en voler un aux Espagnols, vers 1662. Il peut compter sur plus de quinze marins prêts à le suivre.
Cette nouvelle aventure débute sur les chapeaux de roue, puisque le nouveau navire n’est autre que celui d’esclaves bourreaux, chargés de tuer l’Olonnais et ses compagnons. Cependant, ce sont eux qui se retrouvent en position de faiblesse face à la fureur de l’Olonnais qui les tue tous un par un. Avant chaque décapitation, il prenait soin de lécher sa lame ensanglantée afin de terroriser chaque membre présent sur le navire. S’ajoutent à cela, des actes de châtiments corporels qui sont commis dans le but d’obtenir des informations…
« Le fléau des Espagnols »
C’est à la suite de ces événements que François l’Olonnais fait la rencontre de Bertrand d’Ogeron et de Michael le Basque. Tous les trois désirent richesse et domination. C’est ensemble qu’ils décident de s’attaquer à Maracaibo, au golf du Vénézuéla, en juin 1666. Au total, ils rallient environ 525 hommes répartis sur 8 navires afin de mener à bien leur projet. Malgré la détermination mise en œuvre, ils ne trouvent finalement qu’une ville déserte, les habitants ayant eu le temps de fuir avant leur arrivée. Durant 3 semaines, la ville sera néanmoins pillée et les rares habitants restés sur place seront découpés, pendus, égorgés…
Les flibustiers apprennent que tous les autres habitants sont partis se réfugier à Gibraltar, qui devient alors leur nouvel objectif de conquête. Les Espagnols avaient prévu le coup et s’étaient donc fortifiés d’une armée. En supériorité numérique, ils perdent néanmoins contre l’Olonnais et ses hommes.
C’est là que le flibustier français exprime pour la première fois, toute sa cruauté. En effet, ayant pris possession de la ville, il passe des semaines entières à prendre un malin plaisir à torturer les Espagnols qui s’y trouvaient. Selon certaines sources, l’Olonnais aurait même cette année là, arraché le cœur d’un Espagnol, encore palpitant avant d’en manger un bout. Dans un même temps, les décapitations, viols et sévices physiques se succédaient.
Ce n’est qu’en août 1666 que l’Olonnais et son équipage quitte Gibraltar, pour cause de maladies dues aux corps gisants partout dans la ville… Ils repartent plus confiants et riches que jamais, avec la détermination de faire une prise encore plus impressionnante !
L’Olonnais veut conquérir Grenade
En rentrant sur l’Île de la tortue, l’Olonnais est accueilli en héros par ses partisans restés à terre. Tous les hommes de son navire et ceux restés sur l’île lui vouent un respect immense, à tel point qu’ils souhaitent partir dans une nouvelle expédition à ses côtés. À cet effet, 7 frégates et plus de 500 hommes sont prévus.
Une fois en mer, l’Olonnais profite de ses arrêts fréquents pour se ravitailler, mais aussi pour torturer tous ceux qu’il trouve sur son passage. Sa cruauté n’est plus à prouver. Il boit parfois le sang de ses victimes, il danse en les tuant, il les décapite au hasard, leur coupe la langue… Tout cela semble être un jeu pour le respecté flibustier, qui malgré tout, perd peu à peu l’adhésion de ses hommes… En effet, ses massacres font perdre un temps précieux à l’équipage qui souhaite arriver rapidement à Grenade afin d’y piller toutes ses richesses. Certains même, décident de quitter l’expédition afin de rejoindre celle d’un autre homme : Henry Morgan.
Souhaitant remotiver ses troupes, l’Olonnais tente de s’approprier un navire espagnol supposé contenir énormément d’or. Difficilement et après d’importantes pertes humaines, lui et ses hommes parviennent à aborder ce navire. Malheureusement, celui-ci ne contenait finalement aucune pièce d’or. Cette déception provoqua en lui une colère noire. Il jeta à l’eau les hommes blessés. Cet excès de violence fait peur à une grande partie de l’équipage, qui décide alors de reprendre la mer vers l’Île de la Tortue. Ne restent alors que 300 hommes aux côtés de l’Olonnais qui, malgré tout, s’accroche à son objectif : conquérir Grenade.
La dernière vague de l’Olonnais
En 1669 ou 1671, un récif provoque l’engloutissement du navire de l’Olonnais qui se voit alors obligé de débarquer sur les terres les plus proches. Grenade devient alors qu’un lointain espoir puisqu’à cet instant, les flibustiers réalisent que la route vers leur objectif les tue peu à peu. Ainsi, pendant 6 mois, les flibustiers doivent faire face à la faim, la soif, mais aussi aux attaques des insulaires. Finalement, ils se font faire prisonniers par une tribu indienne, au Panama. Celle-ci est considérée comme responsable de la mort de l’Olonnais et ses hommes. En effet, on dit que la tribu aurait cuit puis mangé certains flibustiers, et que certains autres auraient été torturés à mort.
Ainsi se termine l’épopée des flibustiers, jusqu’alors triomphants. Leurs aventures ont principalement été rapportées par Alexandre Olivier Exquemelin, un flibustier et écrivain de l’époque. De cette façon, la vie et les exploits de l’Olonnais ont fasciné et inspiré grand nombre de pirates par la suite.
L’Histoire de la piraterie est vaste et parfois un peu hasardeuse. Cependant, des grands noms ont su se démarquer, comme c’est le cas pour François l’Olonnais. Bien que quelques aspects de sa vie restent à prendre avec des pincettes, les sources étant peu nombreuses, une chose est sûre : l’homme était un pirate sanguinaire et effrayant. Ce trait de caractère a même inspiré l’un des personnages de manga/anime les plus connus : Zoro Roronoa, de One Piece.
Aujourd’hui encore, on considère l’Olonnais comme l’un des pirates les plus marquants et les plus cruels de tous les temps. Il faut cependant nuancer les récits à son sujet. En effet, Alexandre Olivier n’était sans doute pas totalement objectif dans ses textes. De plus, certains éléments restent flous et peuvent donc être erronés. Ils sont tout de même utiles et importants pour comprendre qui était François l’Olonnais.
Sources
- BULLE : Le Pirate le Plus Cruel des Caraïbes (L’Olonnais)
- Alexandre-Olivier Exquemelin – Histoire d’avanturiers qui se sont signalez dans les Indes [Titre original, NDLR]
- Jean David NAU dit François l’OLONNAIS le cruel
- Les Sables. François l’Olonnais, le pirate sablais devenu star au Japon – Ouest France