Festival de Menton : zoom sur « Hikikomori » de Sophie Attelann [critique]

Festival de Menton : zoom sur "Hikikomori" de Sophie Attelann [critique]

Pour sa 7ème édition, le festival du film fantastique de Menton a vu s’affronter 25 œuvres pendant trois jours. Parmi elles, Hikikomori de Sophie Attelann, réalisatrice prolifique qui signe ici son premier long-métrage. Un film doux-amer, plein d’imaginaire et de poésie.

Synopsis : Camille, cloîtrée chez elle depuis plus d’un an, s’évade dans les jeux vidéo, la danse et les mangas. Un matin, sous la pression de sa mère, Camille décide de sortir et d’en finir avec la vie. Heureusement, grâce aux différentes personnes qu’elle rencontrera sur le chemin, loin de son amertume, elle trouvera enfin le goût sucré de la vie.

Ce qu’on a aimé

  • Les actrices Coline Chantrel, Karine Ventalon et Colette Roche qui campent une famille en difficulté et qui brillent dans la colère, la tendresse, le doute qui les animent.
  • La poésie qui instille tout le film et qui passe aussi bien par la mise en scène que par l’écriture.
  • Les costumes et maquillages de Camille et son alter ego Myo, particulièrement réussis.
  • La musique originale de Nicolas Dubut, douce, qui accompagne le film à merveille.
  • Les petites animations, très mignonnes, intégrées au film.
  • Le message fort du film, autour de l’isolation et de la place dans la société.

Les hikikomori sont des jeunes Japonais, en majorité des hommes, qui vivent cloîtrés chez eux, retirés de toute forme de vie sociale. Camille est donc ici une hikikomori à la française. À l’heure où une épidémie de solitude touche l’Europe, Sophie Attelann s’intéresse à ce phénomène et aux moyens de s’en échapper. Pour illustrer le monde interne de Camille, la réalisatrice mélange les codes du jeu vidéo, de l’animation et du cinéma. Le résultat de ce mélange, qui nous rappelle Scott Pilgrim d’Edgar Wright, est un film hybride où le trash côtoie la poésie, où la pulsion de vie côtoie la mort.

Interview de Sophie Attelann

Cultea : Que représente Hikikomori dans votre parcours ? 

Hikikomori pour moi, ça représente enfin l’autonomie complète. D’abord au niveau artistique, mais aussi pour la production, puisqu’il s’agit d’un film auto-produit. C’est un test, un challenge où je prouve ma légitimité et qui me servira ensuite de CV. C’est aussi un projet audacieux où la collaboration est très importante, avec l’équipe de tournage et avec mon compagnon.

Cultea : Pourquoi la figure du Hikikomori vous touche-t-elle ? 

J’écrivais une histoire sur l’angoisse de la routine, la quête de sens du quotidien. J’ai fait le lien tardivement avec les hikikomori, parce que je ne voulais pas écrire tant sur eux que sur une histoire personnelle. Après tout, l’isolement des hikikomori est un symptôme qu’on peut retrouver ailleurs, même en France. C’est un rejet des codes, du monde adulte et de la société et je m’y suis reconnue en partie. C’est une quête universelle.

Cultea : Quand on pense à la figure du Hikikomori on visualise plutôt un homme. Pourtant votre personnage principal est féminin. 

C’est vrai, mais ce n’était pas un choix si réfléchi. J’aime simplement travailler avec les femmes et je pense qu’elles peuvent être aussi concernées par ce problème. Je connaissais Coline Chantrel, qui est une danseuse, et je voulais lui donner ce rôle. Ça s’est fait naturellement, mais les trois rôles principaux sont tenus par des femmes. Et même dans son propos, Hikikomori est un film féministe.

Cultea : Quels étaient les défis sur ce projet ?

Tout d’abord, on a dû faire avec très peu. Heureusement, il y a eu une énorme fédération autour du projet, c’était un vrai petit miracle. Tout le monde était bénévole, on a réussi à faire le film pour 5 000 euros environ. Du vrai cinéma de guérilla. Mais ensuite, la diffusion a eu lieu pendant le COVID et ça a été très difficile. On a quand même réussi à le sortir en salle malgré les difficultés, les étoiles étaient alignées !

Cultea : Est-ce que vous travaillez sur un nouveau film ? 

Oui, avec mon compagnon d’ailleurs. Nous sommes à la recherche d’une production pour La couleur de l’espoir, un film franco-sénégalais qui traite de la recherche d’identité entre deux cultures. Le film prend pour base la fameuse phrase raciste « Rentre chez toi », adressée aux personnes de couleur. Le personnage se met à s’interroger « Mais c’est où chez moi ? ». C’est là que l’intrigue débute.

Cultea : Est-ce que vous auriez des films fantastiques à recommander à nos lecteurs ?

Oui bien sûr, Freddy : Les Griffes de la nuit et les films de Guillermo del Toro.

Avec sa palette colorée et sa bascule entre réel et imaginaire, Hikikomori a su attirer l’œil du public. Pour Sophie Attelann, il n’y a plus aucune hésitation : ce premier long-métrage ne marque que le début d’une vocation qui l’enchante.  A découvrir sur Vimeo ou Amazon Prime Video.

4 Replies to “Festival de Menton : zoom sur « Hikikomori » de Sophie Attelann [critique]

  1. Interview Riche d’intérêts le phénomène est d’actualité 😙 BRAVO 👏👍un film superbe que j’ai eu la Chance de Voir a Paris .

  2. Bravo Sophie,pour ton 1er film st du succès pour la suite du nouveau projet pou vous 2. Le Sénégal une histoire d’amour😉😘

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