En boucle sort enfin dans nos cinémas en France, après un long passage dans de nombreux festivals avec à la clé plusieurs ovations du public. Ces différentes ovations sont-elles compréhensibles une fois le visionnage terminé ?
Une entrée en matière déroutante…
Les premières minutes d’En boucle sont déroutantes. On assiste à une réalisation qui détonne fortement de la qualité habituelle d’une production diffusée en salles. Ici, on a plutôt l’impression d’assister à un film dont la manière de filmer nous fait plutôt penser à un projet expérimental ne possédant pas les moyens de ses ambitions.
La gestion de la lumière offre une qualité très saturée par moment et on sent que la production ne s’adaptait pas aux conditions climatiques, vu la quasi-absence d’explications quant au changement de climat et son impact sur l’environnement.

Même le jeu des acteurs déroute durant cette introduction, avec un sur-jeu flagrant et qui perturbe d’entrée de jeu. La réalisation n’est pas épargnée avec des coupes très brutales au sein d’une même séquence et des plans serrés qui nous sortent du film à chacune de leur utilisation.
Cette introduction inquiète dès ses premiers plans et nous met sur la touche d’une manière peu orthodoxe. Cependant, quand le film lance finalement son concept de capsule temporelle, quelque chose se produit et nous nous retrouvons embarqués dans cet univers fictif malgré cette première impression un poil négative.
Arrivant à trouver son rythme de croisière…
Le concept même d’En boucle est simple, mais possède un potentiel très fort une fois abouti. Le petit village de Kibune, situé près de Kyoto, se retrouve piégé dans une boucle temporelle de deux minutes. Durant chacune de ces boucles, le choix de réalisation est certes basique, mais très efficace en tournant le tout à chaque fois sous la forme d’un plan-séquence.
Il en est donc terminé des choix de cadrage étranges. Ce sera caméra à l’épaule et on suivra la protagoniste principale durant chaque boucle. C’est là que le film commence à instaurer son propre rythme d’une grande efficacité et qui permet de faire respirer grandement les personnages.
Malgré une première impression négative quant à l’interprétation des acteurs, celle-ci est vite balayée par ce que cela rajoute à l’ambiance générale. Cette manière de surjouer les choses amène un plus non négligeable au sein de ce monde si tranquille en apparence, mais très décalé.

On a parfois la sensation d’assister à un épisode japonais de The Office avec ces personnages hauts en couleur qui assument leur propre caractérisation et qui poussent leurs compteurs à fond.
On ne serait pas étonné si les protagonistes lançaient des regards caméra, tant cela amènerait une présence tangible au sein de ce petit village. Cela procure un humour à la japonaise bienvenue, avec son lot de réactions disproportionnées par rapport à la situation, mais cohérentes avec l’ensemble du tableau.
Ce n’est pas pour autant que le long-métrage oublie d’y insérer des moments intimes et touchants. On ressent un véritable amour envers la protagoniste principale, avec un réel approfondissement et développement de sa relation avec l’aide-cuisinier et sa volonté de partir à l’étranger.

Mais se terminant maladroitement
On retrouve au sein du long-métrage une bonne maîtrise du concept de boucle temporelle, déjà très abouti dans le monde du cinéma avec Un jour sans fin. Si tout se laisse suivre avec plaisir pendant les 2/3 du film, la fin casse quelque peu toute la magie instaurée par le réalisateur Junta Yamaguchi.
Contrairement à Un jour sans fin qui ne cherchait pas à expliquer le pourquoi du comment, mais cherchait plutôt à développer son protagoniste, En boucle finit par tomber dans l’extrême inverse. Ici, tout doit être expliqué.

C’est ainsi que le dénouement s’embourbe dans un hiatus qui dénote fortement avec le reste du long-métrage. On nous sort toute une explication qui ne trouve aucun lien avec ce qui était raconté juste à présent et qui nous sort du film. Au vu du passé cinématographique du concept de boucle temporelle, cela n’était pas nécessaire et casse en partie l’expérience vécue au sein de cette petite communauté.
En boucle aurait pu marquer considérablement les mémoires avec son concept de plan-séquence se répétant toutes les deux minutes. Néanmoins, son manque de budget lui dessert quelque peu durant son introduction et sa conclusion casse la cohérence que le réalisateur cherche à instaurer. Il reste malgré tout le milieu du film qui arrive à nous toucher et nous faire sourire quand il préfère s’intéresser à ce petit village piégé dans son propre espace-temps.
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