« Comme un lundi » : une petite surprise passionnante [critique]

"Comme un lundi" : une petite surprise passionnante [critique]

Pour son premier long-métrage, le cinéaste japonais Ryo Takebayashi se lance dans un film pas comme les autres. Comme un lundi mélange boucle temporelle et critique sociale avec une maîtrise presque totale. C’est moderne, intelligent, fin, et on en redemande !

Comme un lundi : un mélange des genres savoureux

Déjà, le postulat de départ est absolument génial. Ryo Takebayashi met en scène quelques employés d’un open space qui revivent encore et encore la même semaine de travail indéfiniment. Comment s’en sortir ? Comment briser cette boucle ? C’est tout l’enjeu de cette comédie sociale d’1h23 qui se consomme sans modération. Sorte de Un jour sans fin version japonaise, le film est souvent savoureux, et beaucoup plus intelligent qu’il n’y paraît.

Comme un lundi

Souvent, avec les boucles temporelles, il faut éviter de tomber dans certains pièges classiques : la redondance, la répétition, les paradoxes temporels, les failles scénaristiques. Pour autant, Ryo Takebayashi parvient à esquiver (presque) tous ces problèmes inhérents au genre avec brio. Force est de constater cependant que la première partie de Comme un lundi est un peu redondante. Ryo Takebayashi ne parvient pas totalement à éviter le problème de la répétition. Qui dit boucle temporelle dit forcément unité de lieu, de temps et de personnages. Au départ, le cinéaste ne parvient pas réellement à renouveler le genre et s’enferme alors dans une intrigue trop redondante pour véritablement convaincre. La faute, surtout, à une mise en scène qui manque de créativité, peut-être à cause d’un manque de moyen financier. Clairement, Ryo Takebayashi aurait pu pousser les curseurs un peu plus loin, à l’image de son générique, absolument génial, intelligent et pertinent, qui pose les bases du film.

Puis, le film décolle

Heureusement, Ryo Takebayashi parvient ensuite à trouver son rythme et son ton. Le film, bourré d’humour, part dans sa seconde partie vers d’autres sphères. L’intrigue se délie, accélère et apporte d’autres thématiques passionnantes, davantage développées que la simple boucle temporelle. Ryo Takebayashi apporte des ressorts émotionnels touchants et efficaces autour des notions de solidarité, d’entraide, de partage, etc.

Surtout, Comme un lundi est un prétexte pour aborder des thématiques sociales beaucoup plus profondes. Le long-métrage de Ryo Takebayashi aborde l’aliénation au travail d’un point de vue unique en son genre. Le metteur en scène se sert de la boucle temporelle très justement pour parler de l’exploitation des travailleurs, du burn out, de l’enfermement psychologique et physique ou encore de l’aliénation professionnelle. Ryo Takebayashi se sert de cette boucle pour surligner la redondance de certains emplois de bureau, de la pression professionnelle permanente, pour remettre en question leur importance essentielle pour le développement d’un être humain, pour opposer les désirs individuels face au groupe, à la société, à la hiérarchie du travail.

Comme un lundi

En fait, Comme un lundi ne dit pas que tout individu doit stopper toute activité professionnelle. Au contraire, le film propose de travailler de manière alternative. De ne pas travailler pour une entité, mais pour son prochain. De ne pas travailler pour un patron, mais pour son collègue. Et de ne pas travailler pour un but illusoire, impalpable, mais pour un résultat concret, utile et véritablement nécessaire, à la fois pour la société, mais surtout pour l’individu. Surtout, de ne pas perdre son temps. C’est plein d’espoir, presque utopique, mais souvent très pertinent.

Comme un lundi met en exergue les sacrifices de ses personnages pour une fausse hiérarchisation du travail. Il remet en cause également l’ambition mal placée, l’exploitation du travailleur, et le travail moderne qui a perdu de vue son utilité au sein de la société.

Ainsi, Comme un lundi se sert du concept de boucle temporelle pour parler de sujets de société importants comme l’aliénation au travail, la solitude et la hiérarchisation des objectifs. Drôle, bien écrit, et évocateur d’une société qui perd la tête.

Comme un lundi – bande-annonce

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