Le mercredi 16 avril 2025, Marvel diffusait l’épisode final de la série Daredevil : Born Again, marquant le retour du Démon de Hell’s Kitchen. Conception chaotique, revirements créatifs, retour aux sources… Après toute cette attente et 8 semaines à suivre les nouvelles péripéties de Matthew Murdock, qu’est-ce que ça vaut ?
Y a deux séries là, non ?
La différence entre les épisodes produits par la première équipe et ceux produits par l’équipe de la refonte sont flagrants. Les épisodes 1, 8 et 9 tirent profit du lore de Daredevil et se permettent un niveau de violence démesuré pour une production Disney. Le reste de la salve se concentre sur un Muse sous-exploité, des chorégraphies un peu moins savoureuses et une intrigue qui peine à garder de la consistance… Quand les premiers épisodes sont sortis, on était enthousiastes. Mais on avait aussi appelé à la prudence.
En effet de l’épisode 3 à l’épisode 7, Daredevil : Born Again patauge un peu. Attention, le traitement de Wilson Fisk est particulièrement réussi, et il y a des séquences comme celle du montage parallèle Darevil/Muse et Fisk/Adam, qui sont tout simplement excellentes. C’est simplement que Muse fait un peu l’effet d’un pétard mouillé. Lui dont l’identité était très présente sur les posters promotionnels, on aurait pu s’attendre à ce qu’il ait un peu plus d’impact. Le fait qu’il meure si tôt aurait pu être une très bonne idée, si sa mentalité avait persisté quelque part.
C’est une des conséquences de l’ambivalence de cette simili saison 4. La nouvelle équipe semblait vouloir se concentrer sur la reprise des affaires de Fisk par Vanessa, Bullseye et les conséquences de l’existence du Punisher, surtout vis-à-vis de la police. L’ancienne équipe était plus concentrée sur le rôle de Fisk en tant que maire et sa réaction à l’arrivée de Muse. Quand on sait que près d’une vingtaine d’épisodes étaient initialement prévus, on se demande ce qu’ils comptaient en faire. On a donc là une sorte de monstre de Frankenstein Marvelien, qui peine à centraliser son intrigue et ses enjeux.
Netflix and pills
Daredevil : Born Again se détache nettement de sa série mère. Il n’en reste pas moins que les trois saisons du héros sur Netflix se font ressentir, paradoxalement dans la volonté de l’œuvre de s’en éloigner puis de s’en rapprocher. Si les deux premiers épisodes se hissaient à la hauteur du show original, la suite peine à rester au niveau, et le résultat global en fait probablement la moins bonne des 4 saisons consacrées au héros.
Côté positif cependant, il y a certains points de réalisation : la représentation des sens de Matt est très bien menée, et offre une immersion un peu plus poussée dans la vie du personnage. C’est l’écriture qui pâtit le plus de tout ça, comme dit plus haut elle est décousue.

Si elle ne veut pas trop s’afficher comme une saison 4, elle tire pourtant profit des relations tissées entre les personnages chez Netflix pour les faire intervenir. En effet, on trouve un peu facile le retour du Punisher dans le dernier épisode. Même si Jon Bernthal est toujours excellent, que chacune de ses interventions est géniale et que sa présence a une vraie cohérence dans le fond, dans la forme, c’est un peu plus fastidieux.
Il arrive un peu comme un Deus Ex Machina, à base de « Karen m’a appelé pour te sauver », c’est un peu dommage. Sachant justement que quelqu’un n’ayant pas vu la saison 2 de Daredevil ou les 2 saisons de The Punisher ne pourrait pas comprendre les liens qui unissent Frank à Karen, ce qui sape un peu l’impact de quelques scènes.
On touche alors à un autre point. Steven S. DeKnight, showrunner de la première saison, s’était insurgé notamment sur Twitter, devenu X, car lui et les équipes créatives à l’origine du show Netflix ne touchaient rien du tout des bénéfices de cette nouvelle série. Ce qui n’est pas très juste en particulier vis-à-vis de Drew Goddard, qui avait créé la série de toute pièce.
Car, au final, Daredevil : Born Again, c’est Daredevil de Netflix avec une pilule Muse pour faire oublier le passé, mais avec des relents de Bullseye, Punisher ou Foggy Nelson qui viennent révéler la vérité. Il s’agit de la même série avec un sous-titre en plus. Cela se ressent fortement dans les scènes d’action, celles du « reboot » sont assez molles tandis que celles de la « saison 4 » sont beaucoup plus prenantes et intéressantes, que ce soit graphiquement ou au niveau des chorégraphies.
Un casting (presque) au poil
S’il y a bien quelque chose dont la qualité n’a pas été impactée, c’est le casting. Charlie Cox colle toujours parfaitement au rôle, sachant manier le calme comme la colère avec un fort charisme. Vincent D’Onofrio entre toujours merveilleusement dans la peau de Wilson Fisk, qui en tant que personnage est un peu dans la retenue avant de précisément redevenir le Fisk que nous connaissons. Jon Bernthal explose l’écran par son charisme dans les deux épisodes où il apparaît.
On est aussi très heureux qu’Ayelet Zurer ait finalement conservé le rôle de Vanessa, elle y est toujours excellente. Wilson Bethel demeure un excellent choix pour Bullseye, d’un flegme apparent mais dont la colère se lit clairement dans les yeux (on notera cette excellente idée de faire passer les scènes de son point de vue au bleu, pour souligner à quel point sa réalité est différente de celle des autres).
Malheureusement, les nouveaux personnages s’essoufflent un peu sur les derniers épisodes, justement à cause des raisons déjà évoquées. Ainsi, le potentiel de BB Urich est terriblement gâché, le « nouveau » Wesley manque encore de personnalité et le petit protégé de Fisk aurait pu poursuivre sa lancée et être bien plus intéressant et dangereux.

Daredevil est né à nouveau… Et après ?
C’est la première fois depuis Loki, Marvel a confirmé à la fin du programme la production d’une saison 2. Ces deux séries sont donc les seules qui reprennent le gimmick « will return » des films. À la fin, Daredevil se montrait à la ville entière et appelait à monter une armée contre Fisk. Ça peut être très intéressant pour la suite, car la ville de New-York étant placée sous loi martiale, il y a pas mal de héros qui vont probablement se sentir concernés, en particulier les Defenders ! La saison 2 signera-t-elle le retour de Jessica Jones, Luke Cage ou Iron Fist ? On est en droit d’y croire !
Mais surtout, la première scène post-générique vient teaser le futur Special sur le Punisher, prévu pour 2026 sur Disney +, et qui sera co-écrit par Jon Bernthal lui-même. Si on est désormais assez confiants en termes de la liberté que prendra Marvel vis-à-vis de la violence, on espère que l’écriture suivra et n’essaiera pas de se débattre entre reboot et suite de la série The Punisher. Mais bon, avec Bernthal aux manettes, ça devrait aller.
Daredevil : Born Again est ainsi une série hybride, qui oscille entre renaissance brillante et tentative de renouveau bredouillante. On salue l’effort de la nouvelle équipe, et on attend plus que de voir la saison suivante, étant donné qu’ils auront le contrôle entier cette fois-ci. L’histoire se poursuivra aussi dans le special du Punisher l’année prochaine.
Daredevil : Born Again Bande-annonce
Casting :
- Charlie Cox (Matthew Murdock / Daredevil)
- Vincent D’Onofrio (Wilson Fisk / Le Caïd)
- Margarita Levieva (Heather Glenn)
- Ayelet Zurer (Vanessa Marianna Fisk)
- Michael Gandolfini (Daniel Blake)
- Zabryna Guevara (Sheila Rivera)
- Nikki M. James (BB Urich)
- Wilson Bethel (Benjamin Pointdexter / Bullseye)
- Jon Bernthal (Frank Castle / Le Punisher)