Charles Ponzi est aujourd’hui célèbre pour la grande fraude qu’il élabora en 1919 à Boston. Une des plus grandes escroqueries de la finance, qui posa les bases du fameux système de Ponzi. Retour aujourd’hui sur cet escroc et ses méfaits.
Arrivée de Ponzi aux Etats-Unis
Charles Ponzi, de son nom complet Carlo Pietro Giovanni Guglielmo Tebaldo Ponzi, naît à Lugo (Italie) en 1882. Avant de partir pour les Etats-Unis, il étudie à l’université de Rome La Sapienza. En 1903, alors âgé de 21 ans, il arrive finalement dans le Nouveau Monde. Il est néanmoins très pauvre et il dira lui-même à un journaliste du New York Times en 1920 :
« J’avais en tout et pour tout deux dollars et demi en poche, mais un million de dollars d’espoir dans le cœur. Cet espoir ne m’a jamais quitté. »
Dès lors, Ponzi passe les années suivantes à parcourir le pays tout en travaillant. Il sera par exemple vendeur, serveur, garçon d’hôtel ou encore traducteur.
Vie à Montréal
Il apprend en 1907 qu’un de ses compatriotes, Luigi Zarossi, se trouve à Montréal. Il décide donc de le rejoindre et se fait passer pour un riche italien dans le but de rejoindre la Banca Zarossi, l’institution financière mise en place par Zarossi. La banque possède des taux d’intérêts records : 6% au lieu des 2% qu’on retrouve généralement. Si la banque peut se le permettre, c’est parce-qu’elle puise l’argent des nouveaux déposants. De fait, l’institution ferait faillite si tous les déposants réclamaient leur argent en même temps. En 1908, Zarossi s’enfuit au Mexique avec la caisse, les déposants commençant à se méfier.
Peu après, Ponzi vole un chéquier au directeur de l’agence Canadian Warehousing. Il se fait un chèque à lui-même d’une valeur de 423,58 dollars et est condamné à trois ans de détention à la prison de Saint-Vincent-de-Paul à Montréal. On le relâche pour bonne conduite vingt mois plus tard et il revient alors aux Etats-Unis. Cependant, on l’arrête une nouvelle fois dix jours après sa sortie. Il avait en effet tenté d’introduire illégalement cinq italiens sans papiers dans le pays. On le renvoie donc en prison jusqu’en 1912.
La fraude de 1919
Suite à cela, il se rend à Boston, où il rencontre Rose Guecco, qu’il épouse rapidement. À ce moment-là, il s’aperçoit d’un décalage de prix entre l’Italie et les Etats-Unis sur les timbres-poste internationaux. Ceux-ci sont en fait une sorte de timbre-poste universel, permettant aux nouveaux arrivants du Nouveau Monde de communiquer avec leurs familles restées en Europe. À l’origine, les monnaies étaient stables. Néanmoins, la Première Guerre Mondiale a engendré de grandes difficultés économiques en Europe, d’où le décalage de prix que Ponzi a observé :
« J’ai commencé par observer les taux de change dans les différents pays européens. J’ai testé l’affaire pour mon propre compte. Pour voir. Ça marchait. Mes premiers 1 000 dollars sont devenus 15 000. »
– Charles Ponzi, New York Times, 30 juillet 1920
L’escroc en herbe commence alors à acheter des coupons-réponses en Italie. Il les échange ensuite contre des timbres américains, plus chers, puis les revend contre du cash. Cette combine permet de réaliser 50% de rendement sur 45 jours. Par la suite, il se met à proposer ces rendements au public via une société d’investissements, la Securities Exchange Company.
Au total, on compte entre 20 000 et 40 000 investisseurs, pour 15 milliards de dollars investis. Toutefois, la bulle spéculative ne peut croitre que si de nouveaux investisseurs arrivent régulièrement. En 1920, la bulle éclate. Clarence Barron, célèbre analyste financier, expliquera dans The Boston Post que seuls 27 000 coupons étaient en circulation, alors qu’il en aurait fallu 160 millions.
Après l’escroquerie
Entre la dénonciation de Barron et les investigations fédérales et de l’État, Ponzi se rend aux autorités le 12 août 1920. À son procès, il plaide coupable et on le condamne alors à cinq ans de prison. Il sort trois ans et demi plus tard, mais il fait cette fois face à des charges au niveau de l’État du Massachusetts. La cour suprême des Etats-Unis le condamne pour une autre partie de la même affaire à 7 ans de prison.
En 1934, il est extradé en Italie. Il met en place plusieurs arnaques dans son pays natal à petite échelle. Plus tard, il extorquera un montant important au Trésor italien, avant de s’enfuir au Brésil. Il meurt ruiné à Rio de Janeiro le 18 janvier 1949, dans un hôpital public.
La « pyramide de Ponzi »
En 1986, l’économiste Hyman Minsky décrit la pyramide de Ponzi, aussi appelée système ou chaîne de Ponzi. Le nom vient directement de notre escroc italien, puisqu’il est considéré comme l’inventeur de cette technique d’escroquerie.
Le principe est le suivant : verser aux épargnants des sommes provenant des investissements des nouveaux entrants. On a donc besoin de souscriptions croissantes pour continuer à couvrir les engagements.
Le système de Ponzi est très connu aujourd’hui, car beaucoup l’ont utilisé (et l’utilisent encore) dans leurs combines. C’est notamment le cas de Bernard Madoff, un homme d’affaires américain qui a été arrêté par le FBI en 2008. Son escroquerie aurait porté sur 65 millions de dollars et il a été condamné à 150 ans de prison !