Il est des spectacles qui n’ont besoin que d’une ambiance intimiste et de mouvements de danses virevoltantes pour être dotés d’une âme. C’est le cas de Balayer, Fermer, Partir, créé par la Cie Plumea et actuellement joué à Avignon. Une œuvre magnifique sur les souvenirs du passé.
Synopsis : Que se passe-t-il lorsqu’une danseuse et une écrivaine se rencontrent ? L’une offre ses mots, l’autre ses gestes, et voici qu’ils se mêlent en un solo chorégraphique. C’est une voix, c’est une danse qui partent explorer à l’unisson ce que les lieux provoquent en nous de sensations : le fait de vivre entre quatre murs, un sol, un plafond ; ce que symbolisent les fenêtres ; le rapprochement avec ce lieu qu’est le corps, notre première « maison »… Quels souvenirs les lieux inscrivent-ils en nous ? Comment habitons-nous notre propre corps ? Quand le corps se referme sur lui-même, quand l’espace reprend ses droits, les fondations vacillent et le mouvement cherche sa raison d’être. Autant de phrases, de gestes, de ruptures et de souffles qui délimitent un espace dans lequel on se tient comme sur un fil tendu. La Cie Plumea vous présente un solo intense tout en nuances et explosivité.
La représentation s’est déroulée le 19 juillet 2021 à 21h au Théâtre des Lila’s. Le spectacle est joué jusqu’à la fin du festival Off d’Avignon.
Comment donner corps et âme à un lieu lointain ?
Adèle Duportal arrive sur scène, présentant ses murs et la chaise au milieu comme l’ancienne maison dans laquelle elle a grandi. Elle ne parle que très peu. Mais la voix-off d’une narratrice nous permet de détailler cette maison et de comprendre la danseuse sur scène. Cette voix récite le texte écrit par Lise Beninca, autrice du roman Balayer, Fermer, Partir, dont la pièce est une adaptation. Elle doit définitivement fermer, suite au décès de son père. Alors, Adèle Duportal, gracieuse, cours, tourne en rond et ne laisse exprimer que son corps, la plupart du temps par la danse. Ainsi, pour montrer son ressenti, elle danse, se confronte aux murs, semble lâcher prise dans la folie qui monte crescendo.
Sans en dévoiler plus, la maison semble devenir le symbolisme d’une confrontation, à la fois de la solitude, mais aussi de ses souvenirs qui reviennent. C’est dans cette maison que se sont déroulés son enfance, sa famille, le deuil. C’est dans cette maison que l’on dessinait sur les murs, que l’on cachait une pièce interdite…
Partant d’une mise en scène extrêmement minimaliste, une voix-off et la danse, Adèle Duportal réussit à donner vie à quelque chose qui ne se fait pas toujours au théâtre : la scène elle-même. La metteuse en scène réussit alors à donner à la fois un corps et une âme aux lieux. On se surprend très vite à être bouleversé de la voir danser sans jamais s’arrêter, s’épuiser comme si elle cherchait finalement la paix. On s’étonne aussi à se reconnaître sur des détails du puissant texte de la voix-off. Qui n’a jamais en effet compter les carreaux sur les murs ? Qui n’a jamais cherché à voir la couleur de ces murs ? Des manies familières, mais pourtant si proches de l’émotion actuelle de la danseuse sur scène. Cette maison devient alors celle du public. On l’imagine et on finit alors par comprendre nous aussi. Tout semble si vivant. Puissant, tout simplement.
Il se dégage une véritable intensité dans ce seule en scène. La performance d’Adèle Duportal est stupéfiante. Elle donne corps à la fois à son personnage, mais aussi à la scène elle-même. Balayer, Fermer, Partir est à découvrir absolument. Et vous, vous rappelez-vous les détails de votre maison ?
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