Annoncée en 2018 en tant que préquelle au film Rogue One : A Star Wars Story, puis diffusée en 2022 sur la plateforme Disney+, la saison 1 de la série Andor aura bousculé l’univers télévisuel de la saga, avec une proposition un peu plus radicale que le reste du catalogue et une ambition scénaristique plus pointilleuse. À l’occasion de la sortie de la deuxième et dernière saison, voici un coup de projecteur sur une série dont on devrait davantage parler.
Un projet casse-gueule surprenant
Au cours de son annonce et pendant son développement, la série Andor basée autour d’un des personnages principaux du film Rogue One, Cassian Andor, avait suscité peu d’enthousiasme. Le public se demandait quel intérêt pouvait se trouver dans une histoire s’axant autour d’un personnage servant plus de rôle fonction, malgré quelques traits de personnalité au sein d’un récit choral. Le retour au scénario de Tony Gilroy, déjà à l’œuvre sur le premier film spin-off de la saga, rassura quelque peu les potentiels spectateurs et l’arrivée des trois épisodes le même jour sur la plateforme révéla le véritable intérêt et propos de la série.
En effet, la série Andor n’est pas une série centrée sur Cassian. Elle est bien plus que cela, en prenant place dans l’ensemble des entités à l’œuvre dans cette période de transition au sein de la saga Skywalker. On y voit la construction de la Rébellion à travers Cassian et Luthen Rael, un expert dans l’art de la manipulation et de la stratégie. On y voit également l’emprise de l’Empire sur la galaxie et ses différentes délibérations pour maintenir l’ordre ainsi que la politique sénatoriale avec le personnage de Mon Mothma cherchant sa place dans un milieu politique fracturé.
Ces différentes visions font partie des plus grandes forces de cette première saison. On suit en temps réel la création d’une insurrection face à une dictature oppressive, avec la planète Ferrix en son cœur. Contrairement aux autres séries estampillées Star Wars, Andor cherche à s’émanciper du fan-service à outrance pour délivrer une création cohérente dans son propos avec une véritable idée en tête.
Cela se fait grâce à l’introduction de nombreux personnages secondaires, auxquels on s’attache sincèrement et dont le développement impacte directement l’ensemble de la saison. On retient entre autres Syril Karn, inspecteur adjoint de la police en charge du contrôle de la planète Ferrix, habilement joué par Kyle Soller ; Dedra Meero, femme officier de l’Empire Galactique aussi glaciale que méthodique dans les actions qu’elle entreprend ; ou encore Kino Loy, tout petit rôle joué par un Andy Serkis habité par le personnage et qui nous marque en seulement quelques apparitions le temps d’un arc.
Une conception minutieuse dans chaque domaine
La structure de cette première saison 1 est très différente d’une série comme The Mandalorian. En effet, la saison est composée de différents arcs narratifs et chaque arc est globalement composé de trois épisodes. C’est via cette composition que l’on se rend compte du travail d’écriture poussé, qui est une véritable réussite, surtout comparé à d’autres séries comme Obi-Wan Kenobi. Chaque arc prend le temps de mettre en place la situation de départ pour ensuite la développer au milieu de l’arc pour enfin satisfaire le public avec un final qui valait l’attente. Cette recherche scénaristique se ressent aussi dans la retranscription de l’univers Star Wars que propose Andor.
Rien que les épisodes dans le milieu carcéral impérial permettent de mettre en avant tout le vice qui ronge le pouvoir en place et comment le rouage sociétal est construit. Le tout est servi par une écriture des dialogues efficace et qui est sublimée durant les différents monologues clés de la série, à l’image de la tirade finale de Luthen, qui résume à merveille la personnalité complexe de ce protagoniste.
La cinématographie n’en est pas moins ambitieuse. Les différents réalisateurs ayant travaillé sur cette saison 1 se sont fortement inspirés de l’identité visuelle du film originel en se réappropriant le gigantisme qui caractérise le long-métrage. L’impression d’être minuscule au sein de cette galaxie, face à un Star Destroyer ou face à d’autres engins et vaisseaux se fait encore ressentir et l’aspect pseudo-SF devient peu à peu l’identité de la série.
On s’éloigne peut-être parfois du visuel d’une création typée Star Wars mais cela renforce le côté alternatif de la série qui cherche à laisser sa propre marque stylistique dans cet univers fortement marqué par sa propre imagerie. Certains plans arrivent même à nous marquer durablement dans son parti-pris choisi à travers sa palette de couleurs et son cadrage, à l’image de l’évasion spatiale teintée de mille couleurs ou de celle de la prison symbolisant littéralement l’emblème impérial.
Même sa bande originale propose une identité prononcée, au sein d’une banque musicale dominée par les compositions magistrales de John Williams. Elle s’affirme face aux précédentes productions qui voulaient suivre la lignée du compositeur phare de la série en allant chercher une composition hybride à cheval entre de l’expérimentation et une musicalité typée SF, comme le montre si bien le thème Niamos !. Le brio de Nicholas Britell se retrouve également dans le choix de l’introduction du thème principal à travers le générique de chaque épisode où l’on sent que le thème s’amplifie à chaque nouvelle itération pour enfin arriver à l’orchestration générale amenant l’ampleur qu’il faut à l’introduction du dernier épisode.
Pour une série dont l’annonce avait laissé perplexe, la première saison d’Andor aura fait taire de nombreux sceptiques par un travail d’orfèvre dans sa création d’univers, de personnages ou encore dans sa proposition visuelle. Les nombreuses qualités, qui manquent cruellement aux autres séries Star Wars de l’ère Disney, auront fini par classer la série dans le haut du panier de ce que l’univers aura proposé de meilleur, même si cette volonté de se démarquer pourra en déconcerter certains. Il ne reste plus qu’à voir comment tout cela se conclura avec une saison 2 qui fera le pont entre la série et le film dont elle est inspirée.
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