Revenons sur une histoire que l’on a déjà entendue au moins une fois pendant son enfance : La Barbe bleue, le conte de Charles Perrault, auteur du Petit Chaperon rouge. Le récit de Barbe bleue est paru en 1697 dans Les Contes de ma mère l’Oye. On vous en dit plus sur ce qui se cache derrière cette histoire.
L’histoire de Barbe Bleue
C’est l’histoire d’un homme riche, mais considéré comme laid à cause de la couleur de sa barbe. Un jour, il finit par épouser la cadette d’une de ses voisines. Elle viendra donc s’installer dans son château avec lui. Barbe bleue doit s’en aller six semaines pour une réunion urgente. Il donne à son épouse un trousseau de clefs. Dans ce trousseau, une clef mène à son mystérieux cabinet. Il lui interdit d’y entrer, ou sa colère serait terrible !
Une fois son mari parti, sa nouvelle épouse entre quand même dans la pièce interdite… Elle y trouve plusieurs femmes mortes et accrochées. La clef tombe alors dans le sang des malheureuses victimes. Lorsqu’elle essaie de la laver, la clef se révèle être magique : le sang ne s’en va pas. Barbe bleue revient avec une grande avance. Il devine tout de suite ce qui s’est passé. Alors qu’il s’apprête à égorger son épouse, il consent à lui laisser quelques minutes pour prier. La jeune femme en profite pour gagner du temps en comptant sur l’arrivée de ses frères pour venir à son secours. C’est ainsi qu’elle appelle sa sœur Anne, avec une phrase devenue célèbre : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ». Non, elle ne voit pas venir ses frères.
Finalement, les frères de l’épouse arrivent et tuent Barbe bleue. Sauvée et riche, la jeune épouse désormais veuve se remarie avec un honnête homme. Mais avant cela, elle fait de jolis cadeaux à ses frères, ainsi qu’à sa sœur Anne qui se marie également avec un homme bon et honnête.
Le personnage de Barbe bleue
Le personnage de Barbe bleue est une variante de l’ogre qui s’attaque à ses femmes. Dans ce conte de Charles Perrault, le rôle de l’agresseur est incarné par Barbe bleue, un mari assassin qui égorge ses épouses. Dès le début du conte, on se demande ce qui a pu arriver à toutes ses femmes. On s’interroge sur la culpabilité de Barbe bleue. De plus, sa description physique accentue l’idée d’un personnage effroyable, déterminé à tuer sa femme pour avoir enfreint son interdiction à la fin du conte.
Malgré les supplications de la jeune épouse, il maintient sa sentence. Ceci, de toute évidence, intensifie inévitablement son portrait de redoutable prédateur sanguinaire. L’instrument dont il se sert pour égorger ses femmes est le coutelas. Le coutelas est une lame souvent utilisée dans les contes. On le retrouve également dans Le Petit Poucet, lorsque l’ogre commet un infanticide et égorge ses propres filles endormies. Le coutelas serait comme la « griffe artificielle » de l’agresseur, comme un prolongement de son corps reflétant l’aspect monstrueux de sa personnalité. Barbe bleue a un lien étroit avec son propre coutelas, dont il se sert pour tuer ses femmes.
L’analyse du personnage de Barbe bleue
Cependant, la personnalité de Barbe bleue est complexe. Tout d’abord, au début du conte, il semblerait bien qu’un homme « honnête » et accueillant demeure tapi sous ce personnage. Il convie ses deux prétendantes dans sa demeure. Au début, tout allait bien. La cadette commençait même à ne plus voir son apparence disgracieuse. C’était un fort honnête homme. Les jeunes femmes, séduites, entraient tout droit dans la gueule du loup, ne soupçonnant guère qu’il tenterait, une nouvelle fois d’égorger l’une d’entre elles (bien qu’il n’y arrivera pas).
On pourrait même croire que Barbe bleue est le personnage principal. Mais c’est en réalité sa femme, car elle figure dans toutes les parties du schéma narratif. Le psychologue Bruno Bettelheim pousse l’analyse encore plus loin. Le conte représente de manière déguisée l’infidélité de l’épouse de Barbe bleue, ainsi que le crime commis par un mari jaloux. Le sang sur la clef symboliserait le fait que l’héroïne a eu des relations sexuelles. Barbe bleue a indéniablement tous les signes du pervers narcissique, du mari violent et abusif. Il manipule ses victimes et, aux moindres torts de celles-ci, il les égorge.
Henri VIII inspira Charles Perrault
Charles Perrault n’a pas inventé Barbe bleue à partir de sa seule imagination. On lui prête plusieurs sources d’inspiration, comme le compagnon de Jeanne d’Arc, Gilles de Rais. Mais il s’inspira principalement du roi d’Angleterre Henri VIII (1491-1547).
Ce dernier n’eut pas moins de 6 épouses. Certaines moururent naturellement, d’autres divorcèrent et les dernières eurent la tête coupée. Toute ressemblance avec un personnage imaginaire est loin d’être fortuite…
La morale de l’histoire
La morale nous fait comprendre que c’est de la fraternité que vient le secours face à une menace supérieure. C’est donc avec la famille, ou nos proches, que l’on se sort d’une situation dangereuse. En effet, c’est à ses frères et sa sœur Anne que la dernière femme de Barbe bleue doit la vie. Sans leur intervention, elle aurait fini comme les autres femmes dans le cabinet aux écorchées.
En somme, le conte est considéré comme émetteur de valeurs. En effet, Charles Perrault revendique la dimension instructive et morale de ses contes. Cela signifie que le conte a vocation à apprendre les règles de la société dans laquelle on évolue, grandit et devient adulte.
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L’histoire est ici résumé mais je vous assure bien que tu as enfants on en avait peur quand on l’a raconté