Connaissez-vous la comtesse de La Motte-Valois ? Elle fut l’une des instigatrices de la fameuse « Affaire du Collier » qui entraina la chute de la reine Marie-Antoinette !
La comtesse de La Motte-Valois ou Jeanne de Valois-Saint-Rémy ?
La comtesse de La Motte-Valois nait en 1756 à Fontette dans l’actuel département de l’Aube, au sein d’une famille peu aisée, sous le nom de Jeanne de Valois-Saint-Rémy. Une simple fille du peuple, mais dont la particule la rattache, il semblerait, à la prestigieuse lignée royale des Valois. Eh oui, Jeanne de Valois-Saint-Rémy n’est autre qu’une descendante directe, via son père Jacques, d’Henri de Saint-Rémy, bâtard royal du roi Henri II et de sa maitresse Nicole de Savigny ! Elle était donc, entre autres, la nièce éloignée de la célébrissime reine Margot !
Une anonyme jeune femme issue d’une lointaine branche bâtarde d’une lignée royale éteinte, destinée à sombrer dans l’oubli avant que l’Histoire avec un grand H ne la rattrape.
Entrée dans le monde et mariage !
Peu de choses sont connues de l’enfance de la future comtesse de La Motte-Valois, tant sa destinée fut empreinte d’une certaine dramaturgie créée par Alexandre Dumas pour son roman Le Collier de la reine (1849-1850) ! Mais selon les sources de l’auteur lui-même, la fameuse comtesse aurait été tirée avec sa fratrie de sa misérable situation par son père et l’abbé de Langres. La rumeur raconte alors que ces adorables enfants au sang légèrement bleuté auraient capté l’attention d’une de ses paroissiennes : la Marquise de Boulainvilliers. Jeanne de Valois-Saint-Rémy, dont la généalogie a été au préalable vérifiée, se voit donc propulsée dans les rangs de la petite noblesse de province.
Les années passent et les parents de la petite Jeanne ont depuis longtemps disparu de la vie de la jeune femme qui s’apprête à enfin se marier. Le choix se porte ainsi sur l’intrigant Nicolas de La Motte à qui elle unit son destin en 1780. Jeanne de Valois-Saint-Rémy devient enfin par titre de courtoisie la comtesse de La Motte-Valois. Un couple légèrement dysfonctionnel qui, malgré ses titres de noblesse, doit vite faire face aux premières affres des déboires financiers. Une précarité qui les placera ainsi sur le chemin de la seule et unique Marie-Antoinette.
Quand la comtesse de La Motte-Valois croise enfin le destin de Marie-Antoinette
Pour pallier sa situation, Jeanne décide de jouer sur sa propre ascendance royale. Elle entre ainsi discrètement à la cour de Versailles où elle cherche en vain à pénétrer le cercle très privé de reine Marie-Antoinette, à l’époque épouse du discret Louis XVI. Sa réputation scandaleuse, après la révélation de ses multiples liaisons avec Louis Marc Antoine Rétaux, ne plait en effet aucunement à la coquette reine qui avait si mal accepté la présence à sa table de la maitresse du prédécesseur de son époux, Louis XV.
Des tentatives qui se juxtaposent au même moment à l’histoire d’un grand bijoutier nommé Charles Boehmer. L’ambitieux joaillier à cette époque tentait désespérément de son côté de vendre un inestimable collier qui fera bientôt trembler la monarchie absolue. Une rivière de diamants au prix si élevé qu’elle ne pourrait convenir qu’à une tête couronnée.
La comtesse entend parler de la situation de l’artisan et, par vengeance et/ou nécessité d’argent, décide d’en profiter ! Celle-ci avec l’aide de son premier amant trouve le moyen de contacter l’ambitieux bijoutier. En falsifiant des lettres, celle-ci se fait passer pour la reine elle-même. La comtesse parvient donc à faire croire à Charles Boehmer que Sa Majesté désire personnellement acquérir le bijou ! Elle profite également de la crédulité du cardinal de Rohan, qui de son côté cherche à entrer dans les grâces du couple royal. Celui-ci avancera la somme et ira céder lui-même le collier discrètement à la reine, lors d’un rendez-vous tenu secret en pleine nuit !
Le cardinal accepte. L’heure de la rencontre arrive et la reine est bien présente. Il en est certain ! Il lui cède alors innocemment l’ouvrage avant de la laisser s’enfoncer dans la nuit. L’affaire semble conclue, mis à part que cette fameuse reine n’était en réalité qu’un sosie. Une prostituée du nom de Nicole Leguay ou le Guay d’Oliva. Le cardinal a été dupé. La comtesse de son côté, à nouveau riche, s’envole discrètement.
Révélation de l’affaire et cavale !
Nous le savons tous, la vérité finit toujours par éclater au grand jour… Ce fut le cas pour la comtesse de La Motte-Valois. La supercherie de l’Affaire du Collier est très vite dénoncée par le couple royal devant un bijoutier réclamant son dû ! On découvre l’implication du cardinal qui sous la pression de l’arrestation dénonce immédiatement la comtesse de La Motte, Rétaux de Villette et Nicole Leguay. Ils sont ainsi tous arrêtés. Seul l’époux de Jeanne, qui s’était occupé de la vente des diamants, parvient à s’enfuir vers Londres où il se cache.
Louis XVI, devant les accusés, réclame alors un procès public ! La réputation et l’honneur de la reine sont en jeu ! Le cardinal est jugé non coupable et acquitté, tout comme Nicole Leguay. Une sentence couplée, pour l’homme d’Église, à un exil loin de Versailles. Rétaux de Villette est quant à lui déclaré coupable et exilé. La comtesse, coupable aux yeux de tous, est alors condamnée au fouet et à se voir marquée au fer rouge d’un V pour Voleuse. On l’expédie, par la suite, à la prison à perpétuité dans la maison de correction de La Salpêtrière.
Elle y reste jusqu’en juin 1787, où après une tentative réussie d’évasion, elle parvient à retourner à Londres où elle publie ses mémoires. Elle y assure ainsi avoir eu des relations intimes avec cette reine qu’elle a tant détestée. La comtesse de La Motte-Valois termine donc sa vie seule en 1791 après s’être accidentellement défenestrée. Certains hurlent alors au meurtre de la part des royalistes.
L’histoire d’une femme minime qui, à elle seule, ébranla le soleil de la monarchie absolue avant de s’enfoncer dans les affres de la Révolution française. Une des dernières grandes figures de la lignée des Valois-Saint-Rémy, désormais éteinte depuis 1923.