Innombrables sont les expressions que l’on peut entendre et utiliser. Au cours de chaque siècle, des dizaines de nouvelles expressions sont apparues. Néanmoins, certaines expressions n’apparaissent qu’avec l’étude de faits antérieurs à l’époque, comme ce fut le cas pour l’expression « se croire sorti de la cuisse de Jupiter ».
Définition de l’expression : définir une personne prétentieuse
L’expression « se croire sorti de la cuisse de Jupiter », bien que péjorative, a en réalité deux utilisations.
On peut l’utiliser pour qualifier quelqu’un qui est imbu de sa personne, qui se croit au-dessus des autres et intouchable. Elle permet donc de dénoncer la prétention et la surestimation. La plupart du temps, c’est cette définition que l’on va utiliser pour employer ladite expression. Exemple de cas :
« Hélas ! Un scribouilleur sans talent qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter. Méchant et jaloux de tout. »
Michèle Barrière, L’Assassin de la Nationale 7, 2014
Dans cette phrase, on ressent le côté péjoratif de l’expression, puisque, juste après, on découvre les véritables traits de la personne concernée.
Un terme qui peut aussi être utilisé pour définir une différence sociale
Mais l’expression peut être utilisée dans un autre cas de figure : lorsque l’on souhaite souligner l’opulence d’une personne. L’expression peut donc devenir un moyen de mettre en avant une différence sociale ou financière entre des individus.
D’ailleurs, « la cuisse de Jupiter » est définie comme étant l’expression à employer lorsque l’on sort d’une famille aisée et renommée.
On trouve de nombreux exemples, tous datés aux alentours des XIXe et XXe siècles, qui utilisent ladite expression pour souligner le domaine de la richesse.
Mademoiselle Louise donc ! Est-ce qu’on ne la dirait pas sortie de la cuisse de Jupiter ?… Si vous voyiez dans sa chambre, tous ses petits pots, des pommades, des liqueurs !
Zola, La Joie de vivre, 1884
Malgré mes simili élégances de dandy pédagogique, elle avait deviné que je ne sortais pas de la cuisse de Jupiter.
Paul Guth, Le naïf sous les drapeaux, 1954
Une expression qui tient son origine de l’Antiquité
Évidemment, le terme « Jupiter » renvoie directement au dieu romain, père de tous les dieux de la mythologie romaine. Mais en réalité, l’histoire qui inspire cette expression est grecque, et non romaine. C’est la civilisation gréco-romaine qui a choisi de prendre le nom de Jupiter pour cette expression.
Voici l’histoire, tirée de la mythologie grecque, qui aurait inspiré la fameuse expression.
Zeus (Jupiter), est connu pour être le dieu primordial de la mythologie grecque. Mais il est aussi connu pour ses nombreuses aventures extra-conjugales. Il tomba amoureux de Sémélé, fille du roi de Thèbes, avec qui il entretient une relation. La jeune fille tombe alors enceinte.
Héra, la femme de Zeus (Junon pour les Romains), est prise de jalousie. Elle met tout en œuvre pour que Zeus (Jupiter) apparaisse sous sa plus grande beauté devant Sémélé. Une telle vision est insupportable pour les yeux d’une mortelle, Sémélé meurt sur le coup.
Zeus (Jupiter), conscient que l’humaine attendait un enfant, décida d’extirper le fœtus de son ventre et de se l’implanter dans la cuisse, afin que ce dernier continue de se développer pour naître.
Ainsi serait né Dionysos (Bacchus), dieu du vin et des vignes. Issu de la cuisse du dieu primordial, son origine glorieuse et supérieure était donc indiscutable.
Cette expression a permis l’apparition d’autres expressions, comme par exemple « la cuisse du Pape ». Cette expression, bien que très ancienne, continue d’être employée à de maintes reprises, encore aujourd’hui.
Sources :