Sur le moment, on passe un mauvais moment, mais après on est heureux et on veut le refaire. Pourquoi est-ce qu’on adore tant les trains fantôme, les grands huit ou les films d’horreur ? Retour sur ce qui se passe dans notre corps quand on a peur.
La peur récréative
Au départ, la peur est un réflexe de survie. Elle intervient pour nous éloigner du danger. Cependant, désormais, nous la détournons afin de s’amuser. Étonnant ! Pourtant, cela est logique. Lorsqu’elle est maitrisée, et que la personne est en vérité en sécurité, la peur peut avoir des effets agréables et divertissants.
Voilà pourquoi on aime regarder des films d’horreur le jour d’Halloween, faire un train fantôme à la fête foraine ou bien faire 5 loopings dans un grand huit. Cette émotion est l’une des émotions les plus fortes. Elle provoque un battement accru du cœur, des sueurs froides, et même des tremblements. Plus que jamais, quand on a peur, on se sent vivant. Certains « extrémistes » sont accros à ça, et pratiquent des sports extrêmes pour continuer à vibrer.
« Lorsque nous sommes effrayés, nous sommes pleinement conscients, concentrés et dans l’instant. Nous ne sommes pas préoccupés à penser à ce qui s’est passé hier ou ce que nous avons à faire demain. » – David H. Zald, professeur de psychiatrie à l’université américaine Vanderbilt
La peur, au final, est un vecteur de bien-être. Quand on est face à une expérience effrayante, notre corps déclenche une cascade de réactions chimiques. Il diffuse de nombreuses hormones, comme l‘endorphine, la dopamine, la sérotonine ou bien l’adrénaline. Le même genre d’hormones est diffusé lors d’une pratique sexuelle ou quand on rigole franchement.
La peur devient récréative. Cependant, pour que cela fonctionne, il faut qu’elle soit maîtrisée. Prenons l’exemple d’un train fantôme. Pour que l’expérience soit appréciée par la personne, cette dernière doit être angoissée. Sinon, elle s’ennuie. Mais la personne ne doit pas non plus être trop terrifiée, sinon le côté divertissant de la chose va devenir un cauchemar. Et la personne n’en profitera pas.
Le rôle des hormones
La peur est aussi un véritable bonus pour la confiance en soi. En effet, une personne qui brave quelque chose qu’elle n’a jamais su affronter sera fière d’elle. Elle retirera de cette expérience un souvenir de force et de bravoure.
Cette peur peut aussi favoriser la cohésion sociale. Elle rapproche les personnes actrices de la même expérience. En affrontant des défis ensemble, elles créent des liens forts et finissent par avoir de nombreux souvenirs. C’est ce qu’on peut observer dans les Escape Games d’horreur. Plusieurs personnes dans une salle vont rapidement trouver une entente lorsqu’elles ont peur.
La peur est comme le rire, communicative. Ainsi, quand quelqu’un dans un groupe a peur, les autres autour vont être plus enclins à avoir peur. Si une personne tremble, l’autre à côté pourrait bien trembler aussi. C’est l’ocytocine qui se communique.
La dopamine est importante dans ce phénomène. On la produit quand on est dans une situation d’extrême plaisir. Quand on fait l’amour ou qu’on mange quelque chose d’exquis, elle se dégage. Elle a un rôle de récompense lié à l’addiction.
Cependant, chaque humain est différent et, chez certains, la production de cette hormone est vraiment basse. Voilà pourquoi certains n’aiment tout simplement pas les films d’horreur. Ils n’en dégagent aucun plaisir. Le vécu et la sensibilité de la personne vont aussi jouer sur le bonheur dégagé d’une situation terrifiante. C’est le vécu qui crée les peurs.
L’évolution de la peur
Le monde actuel connaît sûrement l’ère la plus tranquille, saine et paisible de son histoire. Par rapport à avant, il y a moins de meurtres. Nous sommes vaccinés contre les plus terribles des maladies. Il a beau pleuvoir, nous avons un toit au-dessus de nos têtes. Et l’espérance de vie est plus élevée que jamais. On est relativement en sécurité, alors on cherche à se faire peur par d’autres biais.
Les homo sapiens, à l’époque, étaient bien plus vulnérables que nous. Ils trouvaient alors refuge dans des cavernes ou dans les arbres afin de ne pas être attaqués. Eux avaient une vraie peur primale de se faire attaquer par des bêtes plus féroces et massives qu’eux. C’était alors une tout autre époque. Mais certaines peurs ont persisté, à l’image de la peur des bêtes plus fortes que nous ou bien même de la peur du noir. Plus que la crainte de l’obscurité, la peur du noir est la crainte de ce qu’elle pourrait cacher. Cela nous met dans une situation d’incertitude, de malaise.
L’évolution a fait aussi de l’humain un être relationnel. Il y a certaines personnes qu’on aime, d’autres envers lesquelles on a de la haine. En tant qu’humain, on dépend de la relation à l’autre. On dit d’un humain qu’il est un « animal social ». S’effrayer est l’une des choses qui permet à la fois de ne pas passer à l’acte en attaquant l’autre. Faire face à sa peur, et la dompter, est ainsi ce qui permet de maîtriser les désirs agressifs.
La peur, les phobies, les craintes sont uniques à chaque personne. Elles sont aussi uniques à chaque période. La peur des serial killers a été particulièrement forte dès la fin des années 90, suite notamment à l’histoire Manson. La peur évolue, mais cela ne nous empêche pas ne nous faire des frayeurs, et notre corps aime ça.
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