2024 fut une belle année de cinéma. Et aux côtés de pépites comme Dune, deuxième partie ou encore Le Comte de Monte Cristo, est sorti l’un des meilleurs films d’animation de ces dernières années : Le Robot sauvage. Un pur chef-d’œuvre de l’animation, qui, malgré d’excellentes critiques et un accueil public dithyrambique, s’est malheureusement fait voler la vedette par un autre chef-d’œuvre : Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau… Mais pas aujourd’hui ! Aujourd’hui, on vous parle de ce véritable petit bijou qu’est Le Robot sauvage.
Synopsis : l’unité robotique ROZZUM 7134 (alias “Roz”), fait naufrage sur une île vide de toute présence humaine. Elle doit alors apprendre à vivre dans un environnement sauvage, en nouant des relations avec les animaux de l’île. Après une catastrophe, elle adopte un oison devenu orphelin. Elle doit alors lui apprendre à survivre dans la nature, tout en tissant des liens avec ce petit être fragile…
Intime et grandiose : l’équilibre parfait
Le Robot sauvage réussit le tour de force d’être pertinent au niveau intime comme dans l’épique. La relation entre Roz et l’oisillon Joli‑Bec est un modèle de sensibilité, d’humour et de tendresse. C’est pur, c’est tendre, sans jamais tomber dans le pathos pour autant. Un trait d’écriture que l’on retrouve dans les relations entre chaque personnage. Escobar, l’escroc au grand cœur, est lui aussi profondément attachant et s’intègre parfaitement dans ce récit initiatique. On n’échappe pas aux clichés d’écriture inhérents à ce genre de personnages, mais force est de constater que l’exécution est parfaite.
L’alchimie fonctionne tout aussi parfaitement dans les interactions avec les personnages secondaires et toutes les créatures présentes sur l’île. La rudesse de cette vie sauvage et hostile est compensée par des relations à la fois drôles, tendres et incroyablement crédibles. Tout fonctionne dans un équilibre délicat, mais parfaitement maîtrisé.
Une maîtrise que l’on retrouve également dans les scènes plus grandioses, où l’émotion se conjugue au (très) grand spectacle. On pense bien évidemment à la scène de l’envol pour la migration, où la mise en scène et la musique portent un moment d’une incroyable intensité. Là encore, on aurait facilement pu tomber dans le pathos, mais le film ne flanche jamais et laisse des émotions sincères s’emparer de notre petit cœur. Et cela continue jusqu’au grand final, jusqu’à la toute dernière seconde, qui aura fait lâcher une larme à beaucoup de spectateurs.trices.
Quand l’humour (noir) se conjugue à des thématiques très matures
Comme tout bon film d’animation familial, on ne pouvait pas échapper à une dimension humoristique dans Le Robot sauvage. La particularité étant qu‘ici, la plaisanterie enfantine laisse sa place à un humour noir surprenant mais bienvenu, ainsi qu’à un cynisme et une brutalité très surprenants dans une production de ce genre. Et c’est là qu’on reconnaît la force et l’originalité de chez Dreamworks, qui savent prendre beaucoup plus de risques que ne le font les productions Disney, surtout récentes.
Le Robot sauvage nous plonge ainsi dans une nature hostile, où les actions ont des conséquences et où la mort (la vraie) est omniprésente. Une mort qui est abordée frontalement et de différentes manières :
- Frontale quand Roz a le malheur de tuer une oie sauvage et de détruire son nid.
- Humoristique quand Escobar fait bouillir des animaux vivants, avant de les déguster (oui, c’est hillarant).
- Touchante quand Roz et Escobar tentent de sauver les animaux sauvages, sans parvenir à secourir tout le monde.
Et cela sans parler de la scène ahurissante où un oiseau se fait décapiter, avant que des animaux ne se battent pour sa tête (oui oui, c’est un film pour enfants). Bref, Le Robot sauvage met les pieds dans le plat concernant la notion de mort et il le fait avec une maestria indéniable.
Pourtant, derrière cet humour grinçant et le cynisme assumé, le film parvient à baigner dans une poésie constante. Là encore l’équilibre est subtil et fonctionne à merveille. Le Robot sauvage prend son univers et ses émotions au sérieux. Le cynisme n’est jamais là pour casser la poésie (coucou Marvel, c’est toi qu’on critique à demi-mot), mais pour l’accompagner. Une poésie renforcée par une réalisation virtuose, digne des plus grands films d’animation.
La forme au service du fond
Visuellement, Le Robot Sauvage est un bijou. Bien loin de se reposer sur une animation 3D lisse et conventionnelle, le film expérimente un style visuel à mi-chemin entre la 2D et la 3D, pour un résultat particulièrement efficace. Les couleurs sont chatoyantes, tout en conservant un certain réalisme. Quant aux textures, elles nous donnent envie de nous perdre sur cette île et de nous y balader, tel un jeu vidéo comme The Legend of Zelda : Breath of the Wild.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est indéniablement la musique composée par Kris Bowers. A l’instar de la merveilleuse saga Dragons (qui est également une production Dreamworks), Le Robot sauvage est porté par une musique épique, qui fait partie des meilleures partitions musicales de l’années 2024. Ce n’est pas pour rien que le film a été nommé à l’Oscar de la meilleure musique en 2025.
Le Robot Sauvage est un film d’animation d’une maturité rare. Il parle de maternité, de survie, d’intelligence artificielle, de la mort… Le tout avec une délicatesse et une pertinence rares. DreamWorks signe là non seulement un chef-d’œuvre, mais aussi un véritable conte initiatique moderne. Une œuvre qui ne prend pas son public pour un idiot et avec laquelle toute une génération pourra grandir. Le Robot sauvage est actuellement disponible en streaming sur MyCanal et pour les amateurs.trices de format physique, vous pouvez le retrouver en DVD, blu-ray et même en steelbook pour les collectionneurs chevronnés. Pour Netflix, il faudra patienter… Et autant vous dire qu’on attend Le Robot sauvage 2 avec une grande impatience !
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