Star Wars, licence ô combien emblématique de la science-fiction, a fait rêver petits et grands depuis près de 45 ans. Bien qu’étant aujourd’hui la seconde franchise la plus rentable de l’histoire de la pop-culture, la saga a connu des débuts modestes. Et si la postérité retient aujourd’hui la paternité de George Lucas, elle ignore encore trop le rôle décisif de Steven Spielberg. Chez Cultea, on vous raconte les dessous d’un paru fou qui eu lieu autour d’une galaxie lointaine, très lointaine…
Star Wars : un pari risqué
Si Star Wars et la science-fiction sont aujourd’hui synonymes de cartons pour les producteurs du monde du cinéma, il n’en était rien il y a encore soixante ans. Ce cinéma, considéré comme « de genre » à l’époque, n’est alors regardé que par des passionnés. Il s’agit donc d’une niche dans laquelle les producteurs n’aiment pas trop investir.
Pourtant, en 1968, sort le grand 2001 l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. S’il est aujourd’hui clair que le film est un monument (que dis-je, un monolithe !), ce n’était pas le cas à sa sortie. Le film a en effet mis son temps avant de devenir un film culte. Il est au départ très apprécié des critiques, mais un peu moins du public qui y voit un objet cinématographique étrange. Il rapporte ainsi la modique sommes de 40 millions de dollars en deux ans d’exploitation.
C’est la même année que sort d’ailleurs la Planète des Singes ! Film est également très apprécié des critiques et réalisera un box office de 33 millions de dollars. 1968 est donc un grand cru pour la SF, avec des résultats financiers encourageants mais pas astronomiques.
Quand George Lucas amène alors son script devant les investisseurs, l’ambiance n’est pas à la fête. On lui refuse poliment deux trois fois, avant qu’il ne tombe sur les bonnes personnes. Ainsi, c’est la 20th Century Fox qui, se souvenant du succès de son film American Graffity (1973), décide d’investir dans le projet…
Un tournage chaotique
Le tournage de Star Wars ne se passe pas du tout comme prévu… Si aujourd’hui, les fans retiennent des photos sympathiques dans le désert avec un perchman en slip rose, la vérité était différente. La production s’installe dès 1976 en Tunisie et les problèmes commencent aussitôt.
Les deux premières semaines sont très éprouvantes. Les équipes, originaires d’Amérique et d’Angleterre ne sont pas habituées au climat extrême de la Tunisie. Celles-ci croulent sous la chaleur et il y a régulièrement des intempéries (vents extrêmement violents et précipitations soudaines).
Au-delà des humains, le matériel technique n’apprécie que très moyennement l’épreuve. Enfin, les costumes de droïdes sont un peu petits pour les acteurs, qui doivent régulièrement faire des pauses pour ne pas suffoquer. Tout cela crée une ambiance assez mauvaise et le moral est au plus bas.
A cela s’ajoute des moyens financiers trop peu suffisants pour les ambitions du projet et George Lucas est assez déçu. Le budget est donc régulièrement dépassé… De plus, le comité de direction de la 20th lui demande régulièrement des comptes sur ce gouffre financier qui n’avance pas. Lorsqu’on lui annonce que le film sera un carton, Lucas répond qu’il n’est pas certain de rembourser son budget de 11 millions de dollars…
Un besoin de vacances pour George Lucas
Après le tournage, George Lucas est exténué et au bord du burn-out. Il lui faut donc un peu de repos. Il décide d’aller rendre visite à son vieil ami Steven Spielberg. Ce dernier se trouve en Alabama, sur le tournage de son prochain film : Rencontre du 3ème type.
Les affaires vont bien pour ce dernier puisqu’il ressort fort de plusieurs succès. Il a notamment ni plus ni moins inventé le « blockbuster » avec le mastodonte Les Dents de la mer en 1975. Son nouveau projet est une production à gros budget devant sortir durant l’été, c’est à dire les vacances où toute la famille est disponible pour une sortie le soir.
Lucas est émerveillé par ce qu’il voit. Il pense que le film de Spielberg va être un chef d’œuvre très lucratif. Cette vision lui fait définitivement perdre espoir en son propre projet, qu’il voit déjà comme un « film pour enfants ». Lui vient alors une idée farfelue :
« Et si on faisait un pari ? Je te donne 2,5% de ce que je dois toucher sur mon contrat pour Star Wars, et toi tu me donnes 2,5% de Rencontre du 3e type ! »
Spielberg accepte et prophétise à son ami que son film va avoir un plus grand succès qu’il ne le croit. George Lucas rentre donc boucler le film, tout satisfait de son pari et revigoré par ce séjour auprès de son ami.
Succès pour Spielberg… Méga-succès pour Lucas !
Lors de sa sortie, le long-métrage de Spielberg est évidemment une réussite. La société Columbia échappe d’ailleurs à la banqueroute grâce aux plus de 300 millions de dollars engendrés par le film. George Lucas est donc satisfait, il s’est fait un peu d’argent de poche sur ce nouveau succès de son ami. Mais il n’est pas prêt pour ce qui l’attend avec Star Wars…
Sortie en salle sur le sol américain le 25 mai 1977, le film génère plus de 500 millions de dollars durant ses deux premières années. De plus, le film ouvre à George Lucas la perspective de construire toute une saga, avec toutes les suites que l’on connaît.
Le bénéfice de Spielberg sur ce coup de poker est aujourd’hui estimé à près de 47 millions de dollars actuels. Un profit nettement supérieur à celui de son ami sur Rencontre du Troisième Type… Il est d’ailleurs à noter que Steven tire aujourd’hui toujours des profits sur l’univers Star Wars ! Autant dire que ce pari fut une aubaine.
Spielberg est donc ce qu’il convient d’appeler un génie. Il réussit à l’époque non seulement à remonter le moral de son ami au point mort, permettant la naissance d’une des plus grandes sagas de tous les temps, mais également à se faire beaucoup d’argent sur un projet auquel il n’a même pas participé directement !
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