Le 26 janvier 1788, la « First Fleet » britannique accostait à Port Jackson, marquant le début de la colonisation européenne en Australie et la fondation de la ville de Sydney. Cet événement fut un tournant historique pour le continent australien, transformant profondément son paysage culturel et démographique. Cependant, il entraîna des bouleversements majeurs pour les peuples autochtones qui habitaient ces terres depuis des millénaires…
L’arrivée de la First Fleet
À la fin du XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne fait face à une crise carcérale majeure, aggravée par la perte de ses colonies américaines en 1776, qui étaient jusqu’alors un lieu de déportation pour les prisonniers britanniques. Pour résoudre ce problème, le gouvernement britannique décide de créer une colonie pénitentiaire à l’autre bout du globe, dans la région alors connue sous le nom de « Nouvelle-Galles du Sud ».
Le 13 mai 1787, la « First Fleet », composée de 11 navires, quitta l’Angleterre sous le commandement du capitaine Arthur Phillip. À bord, environ 1 400 personnes, dont 700 détenus, des gardiens et leurs familles, entreprennent un périple de huit mois vers une terre presque inconnue pour eux. Le 18 janvier 1788, la flotte atteint Botany Bay, mais les conditions y sont jugées inadaptées. Après une exploration plus poussée, Phillip choisit Port Jackson comme site idéal pour établir la colonie, où il accoste le 26 janvier. Cette date sera plus tard commémorée comme l’Australia Day.
Impact sur les populations autochtones
L’arrivée de la First Fleet et la colonisation qui s’ensuit marquèrent le début d’une période de bouleversements sans précédent pour les peuples aborigènes, qui habitaient l’Australie depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. La colonisation bouleverse non seulement leur mode de vie, mais également leurs relations avec leurs terres, profondément enracinées dans leurs croyances spirituelles et leur organisation sociale.
L’un des impacts les plus immédiats de la colonisation fut ainsi l’expropriation massive des terres aborigènes. Ces terres, essentielles à la subsistance des communautés autochtones, furent réquisitionnées pour l’agriculture, l’élevage et l’expansion urbaine des colons. La déforestation et les nouvelles pratiques agricoles détruisirent les écosystèmes naturels, privant les Aborigènes de leurs ressources alimentaires traditionnelles comme la chasse et la cueillette.
La colonisation apporta également avec elle des maladies européennes contre lesquelles les Aborigènes n’avaient développé aucune immunité. La variole, introduite dès les premiers contacts, provoqua des épidémies dévastatrices qui décimèrent des communautés entières.
Face à cette colonisation, les Aborigènes tentèrent de résister. Mais chaque tentative de conserver un semblant de souveraineté sur leurs terres face fut réprimée brutalement. Des massacres, tels que ceux de Myall Creek (1838) et de Coniston (1928), laissent ainsi des cicatrices profondes. Ces violences organisées ne visaient pas seulement à défendre les colons, mais à éradiquer toute opposition autochtone.
Développement de Sydney et expansion coloniale
La colonie de Sydney se développa rapidement sous la direction d’Arthur Phillip. L’agriculture se stabilisa grâce à la découverte (et la spoliation) de terres fertiles dans la région, et de nouvelles infrastructures furent construites pour soutenir la croissance démographique.
Cette nouvelle colonie devint également un point de départ pour l’exploration de l’intérieur des terres australiennes, ouvrant la voie à l’établissement d’autres colonies à travers le continent. Cette expansion marqua le début de l’Australie telle qu’on la connaît, bien que son développement soit profondément marqué par l’exploitation et la destruction de peuples autochtones.
L’Australia Day : une célébration controversée
Le 26 janvier est aujourd’hui célébré comme l’Australia Day, la fête nationale australienne, symbolisant l’arrivée de la First Fleet. Cependant, cette célébration est encore source de controverses. Pour de nombreux Australiens autochtones, cette date représente le début de l’invasion européenne et des souffrances qui ont suivi.
Depuis les années 1990, des appels à changer la date ou à redéfinir les célébrations se multiplient, visant à reconnaître pleinement l’histoire des peuples autochtones et à promouvoir la réconciliation.
Aujourd’hui, l’Australie continue de faire face à son passé colonial, tout en essayant de concilier les différentes cultures en place. La réconciliation nationale reste un objectif majeur, porté par des initiatives visant à reconnaître les droits des aborigènes et à honorer leur contribution à l’identité australienne.
Ne manquez aucun article : abonnez-vous gratuitement à Cultea sur Google News