L’intelligence artificielle (I.A.), depuis ses premiers balbutiements dans les années 1950, ne cesse aujourd’hui de se démocratiser. Cela dit, en sa qualité d’outil, celle-ci est d’ores et déjà employée de façon plus que productive par moult firmes et entreprises, notamment européennes. Afin de mieux comprendre l’usage actuel de l’intelligence artificielle en Europe, et plus spécifiquement en Espagne, nous avons interrogé Lorena Guerrero, employée au sein de la start-up Whenwhyhow.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre travail, votre entreprise et des projets auxquels vous prenez part aujourd’hui ?
Je suis responsable des ventes d’une start-up espagnole qui s’appelle Whenwhyhow. Nous avons à disposition une plateforme d’informations clients, utilisant une intelligence artificielle. Le problème que nous souhaitons affronter concerne la constante évolution des entreprises vers le digital. Ce que nous souhaitons, c’est aider et améliorer les relations qu’ont les entreprises avec les clients et leurs données. Cela peut se résoudre via l’utilisation de l’intelligence artificielle dans des domaines tels que l’amélioration des performances, ou même l’apport de motivation au client.
Quelle partie de votre travail vous plaît le plus ?
Ce secteur, en constante innovation, est sans cesse surprenant. Par exemple, il y a peu, une intelligence artificielle a réussi à passer le test de Turing. Ça me paraît fascinant de voir comment la technologie parvient à battre les êtres humains sur des domaines qu’ils ont eux-mêmes conçus.
La curiosité et l’étonnement sont ce que j’affectionne le plus dans mon secteur d’activité.
Quelles sont compétences et capacités dont dispose l’intelligence artificielle avec laquelle vous travaillez ?
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle que l’on utilise dans mon travail est capable de traiter des milliers de données en un temps record. De plus, à force de traiter les données de certains clients, elle est capable d’anticiper leurs réactions et besoins.
Comment imaginez-vous le futur avec la constante démocratisation de l’intelligence artificielle ?
Je n’imagine pas un futur comme celui des films de science-fiction où les machines prennent le dessus sur les humains. Aujourd’hui, on peut confier à des intelligences artificielles la résolution de problèmes très concrets, avec la reconnaissance vocale par exemple, comme le font Alexa ou Google. L’association d’images, ou encore l’exploration des données, pour l’analyse et la recherche d’anomalies ou des juxtapositions dans des séries de données sont aujourd’hui mises en place par de plus en plus de firmes.
De lourdes recherches demandant des jours de travail manuel peuvent aujourd’hui être accomplies en quelques secondes par les intelligences artificielles. Ce sont, selon moi, ces démarches de facilitation des tâches pénibles auxquelles les intelligences artificielles feront face dans le futur.
Pourriez-vous nous présenter un projet auquel vous avez pris part dans le secteur de l’intelligence artificielle ?
Nous essayons, dans le cadre d’un projet, d’associer les informations et les données de personnes avec leur mentalité. Comme par exemple une mentalité sujette au stress ou à la nervosité.
Par exemple, dans le cadre d’un retard dans les transports ou un autre tracas de la vie quotidienne, il serait possible à une intelligence artificielle en ligne de rassurer et d’informer quelqu’un souffrant dans ces situations grâce à des données ou des faits récoltés. Ce type de service pourrait permettre de personnaliser les interactions des intelligences artificielles et des humains sur d’autres types de problématiques comme le climat, la bourse, une concurrence dans un environnement professionnel…
Cette aide pourrait s’avérer très précieuse, et même indispensable dans le futur en termes de connaissances de l’intelligence artificielle. Des services comme ceux de la santé ou de l’aide psychologique pourraient aussi faire appel à cette aide synthétique.
D’après vous, quelles sont les différences dans le développement de l’intelligence artificielle en Europe et dans d’autres pays ?
Je pense qu’en Europe, on a du retard, et pas seulement en termes d’intelligence artificielle. La culture managériale européenne est complétement différente de celle d’autres pays plus axés sur l’innovation comme les Etats-Unis, le Japon ou Israël.
Si, en Europe, nous voulons réellement nous hisser en avant et concurrencer des pays comme la Chine et l’Inde, il nous faudrait doubler d’efforts dans l’innovation d’ingénierie et technologique afin d’être plus en phase avec le marché du futur.
Selon vous, la mentalité européenne sur la question de l’intelligence artificielle est meilleure ou pire que celle d’autres pays ?
Mon opinion est que l’on est un peu en retard dans ce domaine-là. S’il n’y a pas une disposition des Etats à investir dans ces domaines, ils pourront bientôt se faire devancer par d’autres « monstres » dans le développement de l’intelligence artificielle.
Par exemple, en Inde, la majorité des étudiants universitaires choisissent aujourd’hui le domaine de l’ingénierie. Et bientôt, ce sont ces mêmes personnes qui se retrouveront au sommet du progrès. Les entreprises européennes, déjà à la traîne, se feront encore plus vite dépasser par des pays plus impliqués dans l’intelligence artificielle.
Parmi la longue liste des récentes innovations accomplies dans le secteur de l’intelligence artificielle, il était évident de parler du robot Sophia, officiellement activé en 2016.
Beaucoup de gens ont vu ou entendu parler du fameux robot Sophia. Que pensez-vous de la construction et commercialisation de ce type de robots humanoïdes, propices aux échanges humains ?
Je serais enchantée de voir, dans quelques années, des robots nous faciliter dans la vie de tous les jours. Les tâches répétitives et dérisoires seront les premières à être remplies par les intelligences artificielles.
Cependant, je crois que dans le domaine des rapprochements humains et de l’interaction, nous sommes encore loin de voir se développer des relations comme celle vue dans le film Her (2013), s’apparentant à de l’amour inconditionnel. Bien entendu, les relations humaines ne pourront jamais être remplacées par des relations avec des machines.
Quel serait votre plus grand rêve concernant le futur des relations entre les humains et les intelligences artificielles ?
Nous espérons, dans le futur, que notre intelligence artificielle puisse conseiller les entreprises sur comment réagir à une situation ou comment choisir la meilleure solution à mettre en place. Le prochain pas qu’elle devrait accomplir sera de communiquer et partager des informations directement ! Plus humainement, afin de rassurer avec une certaine forme d’empathie.
Mon plus grand objectif est que l’intelligence artificielle nous aide toujours plus. Et nous rende, dans le futur, moins esclave du travail. En Espagne, nous avons 40 heures de travail à la semaine. Il serait idéal que l’intelligence artificielle réduise cette durée. Elle pourrait aussi participer à rendre les tâches de beaucoup de personnes moins ennuyeuses et redondantes. La technologie rendrait le travail plus épanouissant, et la vie plus facile.
Force est donc de constater que l’intelligence artificielle est aujourd’hui en plein essor ! De même que les entreprises en faisant grand usage, comme Whenwhyhow.
Interview réalisée et traduite de l’espagnol par Axel Juin, le 21/02/2021.
One Reply to “Whenwhyhow : comment l’intelligence artificielle est devenue un outil essentiel pour les entreprises ? [Interview]”