Thomas Blood : celui qui a failli dérober les joyaux de la Couronne britannique !

Isalyne Marlier
Isalyne Marlier
8 Min Read

En 1671, Thomas Blood décide d’élaborer un plan pour dérober les joyaux de la Couronne. Le brigand a pour objectif de voler les trois pièces les plus sacrées du couronnement. Rien que ça. Malheureusement pour lui, son plan échouera finalement. Plus étonnant, Charles II finira par le recevoir pour le gracier, et même… le récompenser.

Une fois la monarchie restaurée en Angleterre en 1660 sous le règne de Charles II, de nouveaux insignes royaux furent utilisés pour son couronnement. Ces objets de valeur ont ensuite été conservés et protégés, jusqu’à ce qu’ils servent pour un prochain couronnement. On les cacha dans un endroit qui paraissait sûr : la tour de Londres. Cette dernière terrifiait la population de par sa réputation. Les autorités pensaient alors que personne n’oserait y pénétrer pour voler ces joyaux de la Couronne. Personne, sauf un certain colonel Blood apparemment…

Le plan de Thomas Blood

Thomas Blood naît en Irlande, vers 1618, à Sarney, dans le comté de Meath. Thomas Blood est issu d’une famille protestante non-conformiste. Lors de la première révolution anglaise (1642-1651), il part en Angleterre pour rejoindre l’armée. Il ne dépassera jamais le stade de lieutenant, mais ce dernier se faisait néanmoins appeler colonel Blood. Après le rétablissement de la monarchie, il ne cessa pas de comploter contre le roi. Cette spirale l’entraîna dans une carrière de criminel à Londres. Puis, lorsqu’il se retrouve complètement fauché à 53 ans, une idée folle lui vient à l’esprit : voler les joyaux de la Couronne.

Pour ce faire, Blood embauche des complices et profite d’un fait crucial. Le public était autorisé à visiter le rez-de-chaussée de la tour, ainsi qu’à voir les joyaux de la Couronne. De fait, les objets avaient été transférés à la tour Martin et il était possible d’aller les voir en échange d’argent. Thomas Blood profita de ce système de visite pour élaborer les prémices de son plan. La visite se faisait avec un steward qui sortait les pièces d’une armoire fermée à clef et recouverte d’une grille.

Les joyaux de la Couronne britannique sur une planche de 1814 - Cultea
Les joyaux de la Couronne britannique sur une planche de 1814.

Blood, un pro du déguisement, entreprit de multiples visites avec une actrice se faisant passer pour sa femme. Son plan consistait à se lier d’amitié avec le steward, nommé Talbot Edwards. Ainsi, lors de leur première visite, Jenny Blaine, l’actrice, feinta un malaise. Le faux couple fut alors invité chez Edwards qui vivait à l’étage avec sa femme et sa fille. En guise de remerciements pour son hospitalité, Blood offre à la femme d’Edwards des paires de gants blancs. De plus, les deux familles se rapprochent quand le brigand dit avoir un neveu qui pourrait convenir à la fille du steward.

Le vol prend une tournure inattendue

La tentative infructueuse de Thomas Blood

Thomas Blood en est désormais certain, la sécurité des joyaux de la Couronne laisse à désirer. Surtout que Talbot Edwards est âgé de 77 ans. Il ne serait donc pas bien difficile à maîtriser – sans oublier que le vieil homme lui faisait entièrement confiance. Ainsi, le 9 mai 1671, Blood et ses complices passent à l’action. Leur but est de récupérer les trois objets les plus importants du couronnement : la couronne de saint Édouard, le sceptre du roi, ainsi que le globe du souverain. Ils pénètrent dans la tour anglaise, armés sous leur cape, puis demandent à voir les précieuses pièces. Une fois les objets sortis, les voleurs maîtrisent rapidement Edwards, l’assomment, le poignardent et le bâillonnent afin qu’il ne puisse pas donner l’alerte.

Peu concerné par les manières et la valeur de cet héritage culturel, Blood saisit la couronne et essaye de l’aplatir à coups de maillet. Ainsi, cette dernière serait plus simple à transporter sans attirer les soupçons. De leur côté, ses complices se saisissent du globe et du sceptre – ils cassent d’ailleurs ce dernier en deux, encore une fois, pour une question de discrétion. Malheureusement pour eux, Edwards reprend conscience et parvient à donner l’alerte en criant au vol. Des gardes rappliquent et pourchassent les brigands à travers la ville, après qu’ils aient réussi à sortir de la tour. Blood sera finalement rattrapé et enfermé.

Un dénouement inattendu

Pendant ses interrogatoires, ce dernier ne dira rien à propos du vol. Cependant, il fait une demande plus surprenante : il souhaite parler au roi en personne. Peut-être intrigué par cette demande, le roi Charles acceptera de rencontrer Blood pour qu’il plaide sa cause. Ainsi, lors de leur rencontre, Thomas Blood sera finalement… gracié pour ce vol et tous ses crimes passés. Plus étonnant encore, le roi Charles le récompense avec des terres en Irlande, ainsi qu’une rente de 500 livres annuelle. La Cour est stupéfaite, tandis que les complices de Blood sont également pardonnés. L’incompréhension est de taille, tandis que le pauvre Talbot Edwards, première victime de ce vol, devra se battre toute sa vie pour obtenir une pension.

Evidement, de nombreuses théories fusent à propos de ce pardon royal. L’une des théories les plus courantes prétend que Blood était un espion ou un agent double pour le duc de Buckingham, ennemi du roi. Charles II aurait alors profité de cette situation pour se servir du voleur afin d’obtenir des informations sur ses ennemis. Une autre théorie voulait que le roi lui-même aurait engagé Blood pour commettre ce vol. Une façon pour lui de payer sa vie fastueuse à la cour, en revendant les objets pour renflouer les caisses de la Couronne.

En tout cas, toutes ces théories ne resteront que de pures spéculations. On ne saura probablement jamais ce qui est passé par la tête du roi à ce moment-là. Peut-être l’assurance de Thomas Blood l’a-t-elle charmé ? Dans tous les cas, son audacieuse tentative de vol restera légendaire, car personne n’osera jamais la répéter.

 

Sources :

Share This Article
Leave a comment