The Shadow’s Edge, le film avec Jackie Chan (comme il a été vendu par la presse spécialisée), débarque en cette fin d’année dans les salles de cinéma. Cette volonté d’un retour aux sources sous fond d’héritage permet-elle au film à instaurer sa propre légitimité ?
Le retour d’un style de cinéma oublié
La sortie de The Shadow’s Edge marque le retour sur le devant de la scène d’un style de cinéma qui avait disparu depuis quelques années : le cinéma hongkongais. Propulsé par des figures reconnues comme Bruce Lee, John Woo ou encore Jackie Chan, il a fini par influencer une majeure partie de l’industrie cinématographique ainsi que jeu vidéoludique. Durant l’avènement du XXIème siècle, un ralentissement s’est finalement fait sentir face à un manque de renouvellement flagrant.
The Shadow’s Edge tente ainsi de faire ressurgir cette gloire du passé en passant par la case héritage, en alliant les personnes qui en ont fait son succès avec la nouvelle garde. Tout est dit durant la longue séquence d’introduction qui ne lésine par sur les moyens pour fournir de l’action non-stop avec son lot d’exubérance. Le message est clair : il n’y aura pas de concessions et notre suspension d’incrédulité sera testée tout le long du long-métrage.

C’est à partir de là que les premiers défauts commencent à surgir. À vouloir trop en faire, on finit par montrer un fond de ridicule. Tout s’enchaîne à vitesse grand V durant les séquences d’action sans nous laisser le temps de savourer l’instant. Car il est indéniable de constater que la production a pensé les choses en grand jusqu’à en oublier la subtilité qui pourrait renforcer l’ensemble.
Tout finit par être quelque peu forcé dans cette recherche de grandiloquence sans la prise en compte d’une substance primordiale. Ce n’est pas le scénario qui en minimisera cette impression avec une utilisation de l’IA assez grossière où l’on ressent l’emprise d’une production chinoise qui cherche à valoriser un système politique basé sur le contrôle des masses. On se tourne donc du côté des personnages pour trouver ce semblant de vraisemblance et l’on en ressort mitigé.
Passé et présent, un combat inégal
Jackie Chan revient par la grande porte dans une grosse production locale après quelques années d’errance par le Direct-to-DVD et les plateformes de streaming. L’acteur cascadeur mythique des années 80-90 reprend son propre flambeau pour montrer la voie à une nouvelle génération en manque de repères. Il réendosse donc son statut de comic relief en amenant le décalage comique dans les scènes d’action qui l’ont fait connaître par le passé.

Il finit par marcher sur ces plates-bandes sans réelles variations, malgré une scène de dîner qui sort du lot par son authenticité. La génération de jeunes acteurs et actrices arrive à remplir le cahier des charges sans pour autant s’affirmer pour endosser le poids culturel du passé. Une véritable âme peine à en ressortir de tout cela, la faute peut-être à un scénario trop lisse et trop balisé.
Néanmoins, plus le film avance, plus le méchant principal en ressort. Incarné brillamment par Tony Leung Ka-Fai, le personnage de Fu Longsheng s’étoffe au fur et à mesure du visionnage en y apportant la nuance et la subtilité qui manque tant à l’ensemble. Malgré tout, le dénouement final ne lui permet pas totalement de garder cette ligne directrice mais il arrive à conserver notre attention jusqu’à la fin.

Un héritage remis en question
Un constat amer en découle de ces 2h20 de visionnage. En voulant propulser un nouveau souffle à un style de cinéma en perdition, The Shadow’s Edge n’arrive pas dans son aboutissement à offrir un avenir certain au genre. Toute la question de l’héritage finit par montrer ses faiblesses en se réfugiant derrière les grandes figures du passé sans s’en démarquer.
Ainsi, ce n’est pas la nouvelle génération d’acteurs qui nous reste en tête mais plutôt le duo Jackie Chan/Tony Leung Ka-Fai qui insuffle une identité marquante. On fait donc face à un cercle vicieux qui se mord la queue et en manque d’originalité. Ce n’est pas la dernière scène annonciatrice d’une suite potentielle qui nous rassurera.

Ce qui faisait la force du cinéma hongkongais était une personnalité marquée par des figures fortes qui proposaient leur propre univers tout en s’inspirant du passé. Jackie Chan a exacerbé l’aspect comique d’un Bruce Lee tandis que John Woo a amené la surenchère d’un cinéma sincère dont la passion à son encontre en était décuplée. En voulant recopier le passé, le film finit par s’y enfermer.
The Shadow’s Edge de Larry Yang propose une production qui n’arrive pas à s’extirper de l’ombre du passé et qui devient finalement une suite de scènes d’action boursoufflées à l’extrême qui manque cruellement de sincérité. Face à un Jackie Chan qui rejoue ce qui l’a fait connaître, Tony Leung Ka-Fai se démarque dans la peau d’un méchant nuancé sublimé par son interprétation finement ajustée.
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