« The Quarry » : amusons-nous dans le camp de la terreur ! [TEST]

"The Quarry" : amusons-nous dans le camp de la terreur ! [TEST]

Les films interactifs ont un côté très jubilatoire lorsqu’ils fusionnent avec le survival-horror. Il faut dire que, depuis le succès d’Until Dawn, les développeurs de Supermassive Games en ont fait leur patte artistique. Qu’en est-il alors de The Quarry ? Est-il le meilleur du genre ? Amusons-nous dans le camp de la terreur ! Mais n’oubliez pas d’en rire surtout, parce que ce jeu peut se prendre à tous les degrés possibles… 

Nota Bene : Nous avons pu tester The Quarry dans son édition deluxe qui propose des filtres cinématographiques dont l’un a particulièrement retenu notre attention. L’un d’eux reprend l’étalonnage des films d’horreur des années 80, plus précisément un grain que l’on retrouve dans des éditions VHS. Ce style ajoute énormément à l’immersion et nous vous recommandons de l’utiliser. Nous vous conseillons aussi de lancer toutes les mises à jour pour ne pas subir de freeze soudains…

Huit jeunes moniteurs de la colo de Hackett’s Quarry doivent désormais reprendre la route vers chez eux. Malheureusement, ils se retrouvent piégés. La nuit est sur le point de tomber et rien ne les prépare à ce qu’ils vont affronter. Ils devront prendre les bonnes décisions pour espérer voir l’aube se lever.

Un copier-coller d’Until Dawn ?

Après un prologue inquiétant, accompagné d’une bonne tension, on se rend très vite compte que The Quarry est avant tout un hommage au cinéma d’horreur des années 80. Proche d’une série B et de ses clichés ambulants, le titre propose de redécouvrir l’histoire d’une créature légendaire que nous vous laisserons découvrir. L’histoire est captivante, malgré quelques incohérences et une trop grosse reprise de Until Dawn. En fait, on sent que les développeurs voulaient faire un jeu digne de Until Dawn, au point d’en reprendre de nombreuses caractéristiques.

Aussi, The Quarry en fait parfois trop. On se perd alors dans la presque complexité absurde d’un scénario pourtant simple. Le jeu est également un peu trop long pour ce qu’il propose et n’offre pas de réelle rejouabilité tant certains choix ne font aucune différence. De plus, il faut reconnaître que le rythme de l’aventure est très inégal. On imagine mal refaire des scènes de romantisme teenage longues et inintéressantes plusieurs fois. On subit une exposition trop longue et la possibilité de zapper certaines cinématiques n’aurait vraiment pas été de refus.

Vous l’aurez compris, si l’on découvre The Quarry, il faut que ce soit lors d’une partie unique. Vous pouvez la faire en solo, en coopération et même dans un Mode Cinéma qui vous permettra de tuer ou de sauver tous les jeunes moniteurs. Une extension permet même de dérouler les scènes de meurtre les plus abominables et gores du titre. Autant dire qu’il existe l’embarras du choix !

Chris Hackett (David Arquette) va vous supplier de ne pas sortir cette nuit… Mais vous allez bien désobéir, non ?

Un gameplay simple, efficace et déjà vu ?

En ce qui concerne le gameplay, Supermassive Games reste sur ce qu’il sait faire de mieux depuis toujours. Il sera question dans The Quarry de choix et de conséquences à travers un gameplay immersif, mais très minimaliste. Autant dire que les habitués de la série The Dark Pictures ne seront pas dépaysés. Cependant, on constate extrêmement vite que The Quarry se révèle d’une incroyable facilité.

Les scènes d’action se complètent avec les mêmes touches et les timings de réponse nous offrent aisément le temps de choisir. Pour faire simple, cela facilite énormément l’escapade horrifique, d’autant qu’il est assez difficile de mourir malgré les nombreuses tentatives possibles. Depuis une mise à jour, il est même possible de rembobiner trois fois pour échapper à une défaite. Cette option disponible de base lors d’une deuxième partie retire toute possibilité d’inquiétude sur le sort d’un personnage, mais permet aussi de ne pas le voir trépasser d’une façon trop stupide. Pour notre part, seul le personnage de Jacob est mort parmi les personnages principaux et on ne se sentait pas de redémarrer la scène où l’on décidait de sa survie…

Egalement, il est important de faire part d’un élément de gameplay tellement étrange dans son concept que l’on se demande son réel intérêt. Nous parlons bien évidemment du système de respiration dans les scènes de discrétion. Défi de survie qui s’enclenche à des moments opportuns, les héros doivent arrêter de respirer pour échapper à l’envahisseur. Dans Until Dawn, il fallait ne jamais bouger la manette. Dans The Dark Pictures, il fallait appuyer en rythme avec le moniteur cardiaque. Cette fois, dans The Quarry, il faut simplement… maintenir enfoncé le bouton jusqu’à ce que la menace s’éloigne. On comprend cette volonté d’accessibilité, mais cela enlève énormément au stress du jeu. Déjà que le titre édité par 2K ne fait pas vraiment peur, sa trop grande facilité nous laisse souvent pousser des ailes. En revanche, certains moments parviennent à être stressants, surtout le dernier acte du titre.

Laura, représentation de la « Final Girl » du jeu… Du moins, a priori…

D’autre part, mentionnons la caméra pendant les longs déplacements. Depuis Until Dawn, nous étions habitués à une caméra suffisamment éloignée, jouant sur les angles, sur le suggestif et l’imaginaire… Cette fois, elle reste près du personnage, ce qui rend le tout bien moins effrayant, puisque le danger viendra forcément devant soi. On saluera néanmoins le parti-pris.

Drôles de personnages dans une situation macabre

Parlons maintenant du cœur du titre : ses nombreux personnages au casting alléchant. On y retrouve Ted Raimi, David Arquette, Justice Smith ou encore Lin Shaye. C’est très impressionnant, mais cela constitue paradoxalement la plus grande faiblesse du jeu. Car oui, ses nombreux héros sont incroyablement stéréotypés et la plupart d’entre eux sont naïfs, irritants et vraiment peu attachants. Mention particulière à Emma, l’influenceuse bimbo tellement énervante que son sort nous était désormais complètement insignifiant. Notons aussi Laura, qui même si elle est très attachante, n’est que la Final Girl de service… Heureusement, certains arrivent à se révéler plus convaincants lorsque les événements se déclenchent enfin (Dylan, un vrai coup de cœur qui sait réfléchir), tandis que d’autres restent tellement en retrait que l’on ne se souvient même plus des actions effectuées avec eux (Abigail méritait mieux, puisqu’elle va vraiment vivre l’horreur).

Également, l’alchimie entre les personnages ne fonctionne pas toujours et il faut reconnaître que c’est assez énervant de vouloir faire de l’humour tout le temps, même dans les pires situations. Les protagonistes ne peuvent pas s’empêcher de se lancer des blagues et des réflexions stupides alors que la situation semble les dépasser complètement. C’est agaçant ! Surtout que cela ne marche que très rarement. Ca laisse seulement supposer que les personnages sont complètement indifférents à ce qui se passe.

Par exemple, un dialogue se déroule longtemps comme si de rien n’était avant qu’un des héros ne se rende compte qu’un autre a dû être amputé pour survivre. Ce genre de détails est très fréquent. On se demande sérieusement si les personnages sont juste mal écrits ou s’ils sont incontestablement crétins pour être drôles. Certains dialogues sont d’ailleurs tellement mauvais que cela donne un certain aspect nanar à l’œuvre. Cela dit, étant une référence aux années 80 et à leur multitude de films d’horreur à n’en plus compter, c’est probablement volontaire…

Il y a beaucoup de romantisme dans The Quarry. Le début du jeu traîne vraiment en longueur !

Enfin, terminons sur un autre point. Les personnages sont formidablement mis en valeur grâce aux graphismes du titre, malgré ce retour encore de l’uncannon valley (l’impression de voir un visage dérangeant) sur certains d’entre eux. Ça pique un peu les yeux. Les décors sont assez jolis, mais le titre baigne trop dans une ambiance sombre, nous empêchant parfois de nous repérer.

The Quarry aurait très bien pu être un épisode de The Dark Pictures. Trop artificiel et reposant sur les titres précédents, on aurait aimé que le jeu propose autre chose que du déjà-vu, tant il ressemble à Until Dawn. Trop long pour ce qu’il raconte et orné de personnages plus ou moins intéressants, il propose néanmoins une histoire et une bonne ambiance qui rendent parfaitement hommage au cinéma d’horreur des années 80.  Sans parler du dernier arc narratif incroyable, bien qu’il semble légèrement inachevé… A se réserver pour une soirée entre amis ou pour les inconditionnels du genre. Cela reste agréable à découvrir pour une première fois, mais on aurait aimé être aussi comblé qu’avec House of Ashes. En revanche, si c’est votre premier film interactif horrifique, l’expérience devrait vous plaire ! 

The Quarry – Trailer

Photographe et réalisateur indépendant. Certains de ses films ont obtenus une soixantaine de sélections en Festival à travers le monde. Rédacteur chez Cultea, ses écrits sur le Traumatisme abordé dans le jeu vidéo sont publiés sur le site !

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