Les Ghostbusters sont de retour dans La Menace de Glace. Après S.O.S. Fantômes : L’Héritage, sorti en 2021, suite et reboot de la licence des années 1980, Jason Reitman vient de produire un cinquième volet de la saga avec S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace. L’ancien comme le nouveau casting est de retour, dans un cinquième film particulièrement décevant.
Petite recontextualisation de S.O.S. Fantômes
Déjà, S.O.S. Fantômes : L’Héritage a déçu une partie de la presse et du public pour son approche trop nostalgique. Même si Jason Reitman décide de quitter New York pour poser sa caméra dans une petite ville au fin fond des US, il ne parvient pas pour autant à moderniser la saga, se contentant de rejouer les grands classiques de son père, sans réellement apporter une quelconque plus-value. La preuve en un mot : Gozer, de retour dans cette suite… S.O.S. Fantômes : L’Héritage était symptomatique d’un système hollywoodien qui s’enferme dans ses sagas, reboote ses classiques des années 1980, pour jouer avec la fibre nostalgique de son public. Une approche qui commence à lasser l’audience, comme peuvent en attester les mauvais résultats au box-office du dernier Indiana Jones.
Pour S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace, Jason Reitman conserve sa casquette de producteur, mais laisse sa chaise de réalisateur à Gil Kenan, scénariste de l’opus précédent, mais également réalisateur de quelques films comme Monster House (2005), Poltergeist (2015) ou encore Un garçon nommé Noël (2021). Ainsi, Gil Kenan est chargé de mettre en scène ce 5ème volet, après deux classiques d’Ivan Reitman, le reboot féminin de Paul Feig, et donc S.O.S. Fantômes : L’Héritage.
La Menace de Glace : la suite de trop !
Sans surprise, ce cinquième film est clairement la suite de trop. Un opus qui n’a plus rien à raconter, qui tourne à vide, et qui se contente de citer ses prédécesseurs sans jamais innover. La saga commence clairement à tourner en rond, et ça devient de plus en plus difficile de le masquer. Gil Kenan n’a pas réellement d’idées nouvelles, et reprend les grands moments des deux premiers volets. On retrouve ainsi les lieux communs de la saga avec, d’une part, le casting au grand complet (même William Atherton est de retour dans le rôle de Walter Peck, qui est visiblement toujours Maire de New York, 40 ans plus tard. Sacré mandat !), seule Sigourney Weaver a eu l’intelligence de garder ses distances ; et d’autre part des séquences copiées-collées des précédents volets.
Ainsi, les Ghostbusters doivent toujours faire face à un méchant Maire qui veut les arrêter, Bill Murray joue toujours avec ses faux casques de mentaliste, les lions en statues prennent toujours vie, etc… Gil Kenan n’a vraisemblablement aucune nouvelle idée. Et ça se ressent pendant 2h de film.
Le Stranger Things du pauvre ?
Il faut reconnaître cependant que La Menace de Glace est paradoxalement moins nostalgique que son prédécesseur. S’il reprend les poncifs de la licence, il propose néanmoins une approche un peu différente, plus sombre, avec quelques (très légers) ressorts horrifiques qui auraient gagné à être développés. Notamment ce laboratoire rempli de fantômes et autres spectres, à peine survolé, malgré son potentiel ludique et horrifique.
En fait, Gil Kenan se la joue Stranger Things. Il reprend le même schéma narratif, avec plusieurs groupes dispersés et disparates, qui enquêtent sur différents éléments, et qui vont tous avoir leur importance dans le dénouement. La présence de Finn Wolfhard (et d’autres enfants) accentue évidemment cette sensation.
Et puis franchement, difficile de croire à une intrigue qui met en scène des enfants qui affrontent des fantômes. Comment donner de la crédibilité à une histoire où des gamins de 15 ans mènent une chasse aux fantômes comme si de rien n’était, comme si la mort ne les attendait pas à chaque coin de rue, comme si c’était une attraction Disneyland ? Une volonté de rajeunir la licence qui lui fait perdre de son essence. Parce que même si les premiers Ghostbusters sont clairement des comédies tout public, il y avait des séquences qui ne concernaient pas les enfants, notamment dans la relation très sexuellement ambigüe entre Bill Murray et Sigourney Weaver, ou à travers quelques jump-scare bien sentis. Là, on a l’impression d’assister à une garderie. Franchement, on cherche encore l’utilité de Lucky, campée par la jeune Celeste O’Connor.
Mais comme dans Stranger Things, ce schéma narratif précédemment énoncé transmet quelques frustrations. On a juste envie de crier aux personnages de simplement communiquer entre eux, ce qui ferait drastiquement avancer l’intrigue. Et puisque Gil Kenan ne trouve pas de raison valable pour expliquer ce manque de communication, on a simplement l’impression de regarder des personnages stupides qui avancent à la lenteur d’un escargot, chacun dans un coin, sans jamais partager leurs découvertes. Parce que forcément, l’assistance, elle, possède déjà tous les éléments scénaristiques pour atteindre le dénouement… C’est justement le piège d’un tel procédé scénaristique : les spectateurs avancent plus vite que les personnages…
Des ressorts émotionnels éculés
Du côté des personnages, pas grand-chose à se mettre sous la dent non plus. Gil Kenan essaye tant bien que mal de mettre en place une relation beau-père/belle fille entre les personnages de Paul Rudd et Mckenna Grace. Une relation dans laquelle le personnage de Paul Rudd cherche sa place de père dans une famille recomposée, et dans laquelle la jeune Phoebe fait sa crise d’adolescence. C’est plat, mou, jamais touchant, et terriblement laborieux.
À l’image, également, de cette relation illusoire entre Phoebe et une gentille fantôme. Relation clichée, prévisible, qui effleure à peine les orientations sexuelles lesbiennes de la protagoniste, seul élément réellement intéressant de cette relation fade. Enfin, nos anciens personnages, les héros des deux premiers films, ne sont que de pales figures pour rappeler l’univers dans lequel se joue notre histoire. Des figures qui servent à brosser le spectateur dans le sens du poil, à grand coup de nostalgique et de notions éculées d’héritage…
Mais le plus gros problème de ce nouveau S.O.S. Fantômes c’est sans doute son rythme. Gil Kenan s’enferme dans une introduction interminable et sur-explicative. D’interminables préliminaires dans lesquelles le cinéaste mâche le travail du public le temps d’une trèèèèèès longue mise en place. Tous les tenants et les aboutissants sont présentés dans les 10 premières minutes et ensuite analysés pendant l’heure suivante. Une approche qui atteint son paroxysme lorsque le personnage de Patton Oswalt parle pendant un quart d’heure pour nous expliquer les origines du méchant, dont on se fout royalement. Et le pire, c’est que Gil Kenan n’a tellement pas d’idée qu’il met en scène d’ennuyeuses images d’illustrations has-been…
Qu’est-ce qu’il reste à sauver donc ? Et bien, on apprécie le design du méchant, épuré, inquiétant, et terriblement classe. Ce méchant de glace, sous-employé, est sans doute le plus beau de la licence. Tout droit sorti d’un film de Steven Spielberg, il aurait mérité davantage de temps à l’écran, et demeure l’un des éléments solides de cette nouvelle suite. Sans doute, également, que les fans hardcores de la saga y trouveront leur compte, s’ils ne sont pas trop exigeants. L’ambiance attachante et pop de la licence est heureusement toujours au rendez-vous. Mais c’est en tout cas trop peu pour nous convaincre…