C’est l’histoire d’une bande de gars qui décident un jour de créer pour le théâtre une comédie où se confronteraient gladiateurs, pharaons ou Freddy des Griffes de la Nuit. Un aperçu d’une loufoquerie sans nom, s’il ne cachait pas derrière lui un ton bien plus abrupt… Celui des visages se dissimulant sous les costumes… Ceux des détenus incarcérés au cœur de l’établissement correctionnel de Sing Sing, à seulement quelques kilomètres de la ville de New York.
Sing Sing : l’histoire bouleversante ET réelle d’une rédemption derrière les barreaux !
Synopsis : « Incarcéré à la prison de Sing Sing pour un crime qu’il n’a pas commis, Divine G se consacre corps et âme à l’atelier théâtre réservé aux détenus. À la surprise générale, l’un des caïds du pénitencier, Divine Eye, se présente aux auditions… »
Tout commence dans une temporalité qui se révèle être la nôtre. Nous sommes en 1996 quand Katherine Vockins lance au sein de la prison Sing Sing (USA) un tout nouveau programme destiné aux détenus, sobrement intitulé Rehabilitation Through the Arts (RTA). L’enjeu ? Permettre aux détenus de l’établissement pénitentiaire de trouver une forme de rédemption à travers la performance théâtrale.
C’est dans ce monde grisâtre que la caméra de Greg Kwedar rencontre les sourires et larmes de « Divine G » (Colman Domingo) et « Divine Eye » (jouant son propre rôle). Deux hommes ou plutôt deux faces d’une même pièce, qui, sublimés par les performances époustouflantes de leurs interprètes respectifs, dessinent les traits derrière une factice rivalité de la plus belle des amitiés. John Whitfield ou « Divine G » est un intellectuel ultra impliqué dans le programme rêvant chaque jour de sa disculpation. Clarence Maclin ou « Divine Eye » de son côté ne croit plus en rien et encore moins à la rédemption.
La rencontre de ces deux âmes, inspirée de faits réels, donne alors à Sing Sing un terreau plus que fertile à la création d’une pièce cinématographique marquante, et c’est le cas. La force de Sing Sing repose dans sa finesse. Son esthétique documentaire qui, sans jamais romantiser, sublime le courage qui émane des protagonistes, tous pour la plus plupart incarnés par leurs propres alter ego dans la vie réelle !
Le film, à la manière des Belles Créatures (2024), prend alors ce parti de dépeindre une autre forme de masculinité, celle d’hommes baignés de violence qui pour un moment seulement, celui de quelques répliques au théâtre, pourront prendre le temps de s’enlacer tendrement. L’œuvre du réalisateur, mais aussi des acteurs, devient donc une histoire de portraits tous plus complexes les uns que les autres.
Une recentralisation sur les hommes plutôt que les détenus qui, néanmoins, n’oublie jamais que cette chronique de leur existence se passe avant tout entre les murs clos d’un centre pénitentiaire. Les coulisses de la pièce dressent alors l’esquisse d’un monde carcéral d’une rudesse extrême, où la violence et la délinquance sont systémiques, où l’ennui est mortel, la vie privée niée et des banalités comme se faire des pancakes en pleine nuit inexistantes. Sing Sing se surpasse ainsi en sa façon si intime de manifester un propos hautement politique.
Sing Sing : un voyage entre le documentaire et une dramaturgie légèrement convenue…
Sing Sing est un film avant tout porté par ses acteurs, dont les répliques au théâtre comme dans la vie ne peuvent que nous tirer quelques larmes bien justifiées. Une qualité qui ne se retrouve néanmoins pas (à moindre mesure) dans la réalisation d’un point de vue mise en scène pure.
Sing Sing souffre légèrement de son artificialité scénaristique qui semble ne jamais vouloir s’éloigner des théories du voyage du héros (Joseph Campbell), dans le sens où le film s’évertue à vouloir faire subir à Divine G les stades succincts d’espoir, de nihilisme et de rédemption. Une trame plus que mécanique que seule la performance de Colman Domingo arrive à estomper.
Greg Kwedar a de l’or dans ses mains avec Sing Sing. Une certitude qui donne alors au film un ton, dû entre autres à l’omniprésence de la musique, un peu (trop) mélodramatique sur certains points. Des scènes de silence aux lignes rectilignes pour les moments de tension et une caméra volante sous une musique extradiégétique pour les instants d’élévation. Un peu revu, un point tire-larmes, mais terriblement efficace.
Sing Sing reste néanmoins, malgré ses petites faiblesses, un film à absolument voir. Que ce soit pour ses acteurs ou pour ce message si puissant qu’il porte aujourd’hui et portera toujours. Sing Sing, une fresque poignante à découvrir le 29 janvier 2025 au cinéma.
Sources :