Seconde Guerre mondiale : quand un pilote allemand a sauvé la vie d’un pilote américain !

Isalyne Marlier
Isalyne Marlier
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En décembre 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, Charlie Brown est envoyé en mission. Pendant cette dernière, l’avion du soldat américain sera salement amoché par l’ennemi, mais il parvient encore à voler. Alors, quand un avion allemand approche de lui, il se dit que c’est la fin. Pourtant, le pilote n’attaque pas. Au contraire, Franz Stigler s’apprête à lui sauver la vie.

Charlie Brown est un soldat américain de 21 ans lors de la mission. Il a menti sur son âge, disant qu’il avait 25 ans pour impressionner les autres soldats. Il est alors sous-lieutenant de l’Air Force américaine et commandant d’un Boeing B-17 Flying Fortress. Le soldat ne le sait pas encore, mais son futur sauveur s’appelle Franz Stigler, Oberleutnant et pilote de chasse allemand de la Luftwaffe.

Seconde Guerre mondiale : guerre aérienne

Le 20 décembre 1943, Charlie Brown est envoyé en mission au nord de l’Allemagne. Un équipage de neuf hommes se trouve à bord avec lui, accompagné d’une dizaine d’avions. A bord de son bombardier surnommé le Ye Olde Pub, son objectif est de bombarder des usines situées à proximité de Brême. Malheureusement, la mission ne se passera pas comme prévu. La zone était bien trop protégée par l’ennemi et, de fait, des canons antiaériens tirent sur l’avion. Charlie Brown et son équipage sont attaqués. Ils perdent très vite tout avantage sur l’ennemi qui arrive en force.

La chasse allemande tire sur le B-17, qui subit des dommages de partout. Plusieurs personnes de l’équipage sont blessées ; l’un d’entre eux est touché mortellement. De fait, le mitrailleur de queue meurt sur le coup, un est blessé à la jambe et un autre à l’œil par un éclat d’obus. Charlie Brown, quant à lui, est touché à l’épaule. La violence de l’attaque endommage gravement l’avion et le pilote américain perd même connaissance. Face à la chute inexorable du bombardier américain, les Allemands en déduisent que leur mission est accomplie et font demi-tour, persuadés d’avoir abattu leur ennemi.

Pourtant, heureusement pour Charlie Brown, ce dernier parvient à reprendre conscience juste avant le crash et redresse l’avion. Seulement, l’attaque a irrémédiablement endommagé le B-17 qui n’est plus qu’une carcasse volante. Miraculeusement, il vole encore, mais très bas et très lentement. Un pilote allemand, Franz Stigler, le repère et saute dans son avion pour aller l’achever. Ce dernier, à bord de son Messerschmitt, réussit à rattraper le bombardier américain. Il s’approche et verrouille son viseur. C’est la fin pour l’équipage de Charlie Brown. Pourtant, aucun tir ne retentit…

Une carcasse volante et inoffensive

Garder son humanité malgré la guerre

Après un examen plus approfondi, Franz Stigler décide de ne pas achever son ennemi. Il observe les dégâts colossaux subis par l’avion et ne comprend même pas comment ce dernier peut encore voler. Mais surtout, il a vu le mitrailleur saignant abondamment, à travers les débris de l’avion, désormais ouvert. Cette scène lui rappela alors les paroles de son supérieur Gustav Rödel.

« Si je te vois ou si j’apprends que tu as tiré sur un homme en parachute, je te descendrai moi-même ! Bats-toi selon les règles si tu veux garder une part d’humanité. »

Face à ce terrible spectacle, des soldats américains blessés, tués et pétrifiés par la peur, Franz Stigler se refuse à abattre l’avion. Pour lui, cette carcasse volante est aussi inoffensive qu’un soldat en parachute. L’abattre serait un acte de lâcheté.

Une communication compliquée

Du côté des Américains, c’est la fin. Ils s’attendent à ce que le pilote allemand ouvre le feu et ferment les yeux. Cependant, l’ennemi n’en fait rien et, au contraire, il leur fait de drôles de signes qu’ils ne comprennent pas. De fait, la radio du bombardier américain est hors-service, anéantie par l’attaque subie plus tôt. Mais la langue des signes à travers les cockpits n’est pas efficace. Devant l’incompréhension de la scène, les soldats américains ne se rendent pas compte que le soldat allemand qui vole à leurs côtés essaye de leur sauver la vie.

Pour Franz Stigler, c’est la frustration : les soldats foncent droit vers le mur de l’Atlantique, une ligne de défense fortifiée allemande. S’ils n’atterrissent pas vite, ils n’auront aucune chance. Tant bien que mal, le pilote allemand tente de leur faire comprendre le mot « Suède », afin qu’ils atterrissent sur ce territoire neutre, sans risquer de se faire capturer par l’ennemi. Seulement, il n’y a rien à faire et le bombardier américain, interloqué par la scène, poursuit sa route sans se rendre compte de son erreur.

Braver les règles pour sauver son ennemi

À cette altitude, les Américains n’ont aucune chance de survie et Franz Stigler prend une décision qui pourrait bien lui coûter sa carrière – et sa vie. Il décide alors d’escorter le bombardier, au-dessus de la ligne de défense allemande, pour que ces derniers n’ouvrent pas le feu. Leur traversée au-dessus du territoire ennemi n’aura déclenché aucun tir, grâce à l’intervention du pilote allemand. Franz Stigler accompagne Charlie Brown et son équipage jusqu’à la mer du Nord. Ainsi, une fois assuré que tout irait bien, Franz Stigler salue le pilote à qui il venait de sauver la vie avant de s’éloigner. Charlie Brown et son équipage parviendront à rentrer en Angleterre.

Portraits de Charlie Brown à gauche et Franz Stigler à droite - Cultea
Portraits de Charlie Brown à gauche et Franz Stigler à droite.

Les deux pilotes n’auront jamais reparlé de cette histoire, car voler aux côtés de l’ennemi lors de la guerre était inconcevable. Du moins, jusqu’au jour où Charlie Brown finit par confier cette anecdote. Il décide alors de se lancer à la recherche de ce mystérieux pilote qui lui a sauvé la vie. Ainsi, en 1990, les deux hommes se retrouvent enfin, après vérification de l’identité de Franz Stigler par Charlie Brown. Ce sont des retrouvailles émouvantes et les deux pilotes deviendront très proches, nouant une profonde amitié.

Franz Stigler et Charlie Brown resteront proches jusqu’à leur mort. Ces derniers sont décédés en 2008, à quelques mois d’intervalle. Leur histoire est digne d’un miracle de Noël, tandis qu’elle prouve que, malgré la guerre, les hommes peuvent encore faire preuve d’humanité.

 

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