Retour sur l’assassinat d’Henri III, acte de la confrontation entre 2 religions

Romain Lesourd
Romain Lesourd
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L’assassinat du roi Henri III, en la date du 2 août 1589, n’est pas simplement une manœuvre politique. Le meurtre s’inscrit également dans une volonté idéologique et religieuse. Retour sur les derniers moments de la vie d’Henri III, ainsi que sur le contexte de ces derniers, pour découvrir le climat de tensions dans lequel se trouvait alors la France.

Henri de Valois : roi de Pologne, puis roi de France

Avant de comprendre les circonstances qui entraînèrent Henri III dans la tombe, il faut comprendre le personnage qu’il était réellement.

Né le 19 septembre 1551, Henri est le quatrième fils de l’union de Henri II avec Catherine de Médicis. Très vite, sous le règne de son frère Charles IX, Henri s’affirme comme un grand meneur d’hommes et un éminent stratège. En effet, il va mener de nombreuses batailles contre les protestants, un mouvement né principalement grâce aux 95 thèses de Luther, apparues en 1517, qui rejette le catholicisme.

Grâce à ses nombreuses victoires, Henri, alors âgé de 21 ans, décide de candidater pour devenir le souverain de la Pologne. Il finit par devenir le roi du pays en 1573. Il est couronné un an plus tard. Devenu roi, il prend alors le nom d’Henryk Walezy.

En France, Charles IX meurt. Le problème est que ce dernier n’avait pas de descendants mâles. On décide donc d’appeler Henri, qui avait déjà fait plus que ses preuves. Il abandonne alors la Pologne pour revenir en France et prendre la couronne. On le sacre le 13 mai 1575, au sein de la cathédrale de Reims, véritable lieu sacré pour la royauté française. De ce couronnement naît Henri III.

Un souverain en difficulté, mais qui souhaite affirmer sa puissance

Bien qu’il soit devenu roi de France, Henri III dut affronter la dure réalité qui accompagnait sa nouvelle fonction. Il fallait désormais remettre de l’ordre dans le pays.

Des guerres, des complots et enfin des problèmes religieux. Henri III devait absolument tout gérer. Malheureusement, cela en faisait trop. Il dut faire énormément de compromis pour éviter de plonger le royaume de France dans un contexte encore plus tendu.

Par exemple, le 6 mai 1576, il accorde l’édit de Beaulieu. Connu aussi sous l’appellation de la paix de Monsieur, il accorde à son frère François d’Alençon le titre de duc d’Anjou, alors que ce dernier complotait ouvertement derrière lui en menant le mouvement dit des « mécontents ». De plus, Henri III, qui avait férocement combattu les protestants, leur accorda de nombreux privilèges. Des décisions qui agacèrent les catholiques. Bien que le roi soit revenu sur sa décision par la suite, les catholiques n’ont guère oublié cet épisode.

Sur la scène internationale aussi, Henri III a du mal à gérer les problèmes auxquels il est confronté. Par exemple, il soutient Antoine, héritier légitime du trône du Portugal. Mais le pays est occupé par les Espagnols. Le roi de France s’oppose alors à Philippe II d’Espagne, souverain catholique.

Malgré tous ces problèmes, Henri III souhaite s’affirmer. Il devient alors un roi proche de son peuple. Il souhaite tout savoir. Le roi prend donc connaissance des affaires du royaume et devient au courant de tout. Pour ce qui est de la cour, il décide de se fier à des classes nobles, mais plus basses que les autres. Il rajeunit alors sa cour. De plus, il met sa puissance en avant. Il demande la mise en place de nombreux banquets et devient plus autoritaire avec sa cour.

La Ligue : un ennemi majeur d’Henri III

Parmi tous les problèmes que le roi rencontre, l’un est plus important que les autres. Il s’agit de l’apparition de la Sainte Ligue.

Cette dernière se veut défenseuse absolue de la religion catholique. Elle est donc l’ennemie du protestantisme. Elle parvient, par moment, du fait de son influence, à ranger le roi de son côté. Par exemple, ce dernier va signer le 7 juillet 1585 le traité de Nemours. En signant ce traité, il s’engage à combattre les protestants, vus comme des hérétiques. De plus, il doit faire la guerre à Henri de Navarre, qui soutient les protestants et qui n’est autre que son cousin. Le problème est qu’Henri de Navarre est l’héritier d’Henri III, le roi de France ne possédant aucun héritier.

De plus, la Sainte Ligue entretient de bonnes relations avec Philippe II d’Espagne, rival du roi de France. C’est notamment le duc de Guise qui va établir les excellentes relations entre les deux partis. Ayant peur qu’Henri de Navarre n’arrive au pouvoir, il décide d’accorder 50 000 écus mensuels à l’Espagne pour lui demander son aide afin de combattre Henri III. En échange, le duc de Guise promet à Philippe II que le cardinal de Bourbon, grande figure catholique, montera sur le trône. Cette action symbolisera alors le triomphe de la Sainte Ligue, ainsi que de la religion catholique.

Prenant conscience du danger que représente la Sainte Ligue pour la monarchie française, Henri III décide d’agir. Il fait assassiner le duc de Guise, ainsi que son frère, dans la nuit du 23 au 24 décembre 1588. Il se rallie par la suite à son cousin, Henri de Navarre. Cela en est trop pour la Sainte Ligue : il faut assassiner le roi.

Jacques Clément : le « bourreau » de la monarchie

Premier août 1589, une date qui va bouleverser la monarchie française. Henri III, qui se trouve au château de Saint-Cloud, va vivre ses derniers instants.

Dans la matinée, un moine demande à voir le roi. Il prétexte vouloir s’entretenir avec lui afin de lui donner des nouvelles de Paris. Arrivé devant le roi, le moine sort un couteau dissimulé sous son habit. Il se jette alors sur Henri III et lui porte un coup au bas-ventre. Le roi, hurlant de douleur, parvient à se défendre et à repousser le moine.

Assassinat d'Henri III - Cultea
Assassinat d’Henri III (source : Hérodote)

Les gardes, alertés par les cris, interviennent et tuent le moine. Après l’avoir transpercé de leurs épées, ils décident de le défenestrer. On apprendra plus tard l’identité du moine en question : Jacques Clément. Ce dernier était devenu un fervent supporter de la Sainte Ligue. On ignore si ce dernier a agi de son propre chef ou s’il avait reçu des ordres. En tout cas, son acte le hissa comme véritable figure, à la limite du sacré, pour les membres de la Ligue.

Henri III, qui souhaitait uniquement remettre son royaume sur pied, meurt de sa blessure dans la nuit du 2 août 1589. Mais avant de mourir, il appelle son cousin à son chevet. Il le nomme officiellement héritier. Ainsi, Henri III mourut et laissa place à Henri IV, qui signera une dizaine d’années après le fameux édit de Nantes.

 

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