« PSYCHO-PASS Providence » : enfin des réponses pour les 10 ans de la série [critique]

"PSYCHO-PASS Providence" : enfin des réponses pour les 10 ans de la série [critique]

Trois ans d’attente et tellement de questions. Les fans de Psycho-Pass voient enfin leur patience récompensée avec le nouveau film, qui sort le 25 et le 26 août au cinéma. Providence fait le lien entre le film Psycho-Pass : Sinners of the System 3 (centré sur Kogami) et la saison 3 de la série. Et c’est un cadeau d’anniversaire bien ficelé ! De quoi satisfaire les fans de la première heure, notamment ceux qui se sont accrochés tout au long des trois saisons et quatre films. Fêtons les 10 ans de nos inspecteurs et exécuteurs préférés. Au rendez-vous : une bonne dose d’action, des retrouvailles et des réponses.

Synopsis : Janvier 2118. L’Inspecteur en chef du département des enquêtes criminelles, Akane Tsunemori, reçoit un rapport concernant un incident sur un navire étranger : le corps du professeur Milicia Stronskaya a été découvert. Des documents importants, transportés par le professeur, ont disparu. Derrière l’incident se cache un groupe connu sous le nom de Peacebreakers, une organisation paramilitaire. Aidée par Shinya Kogami, un ancien exécuteur de son équipe, Akane se retrouve aux prises avec une affaire qui dégénère rapidement. Les documents qu’ils recherchent pourraient révéler une vérité qui ébranlerait le gouvernement japonais et le système Sibyl lui-même.

Du pur Psycho-Pass

Dès les premières secondes du film, on se sent en terrain connu. Si Providence n’est pas un complet retour aux sources, il fait parfaitement le lien entre le vieux et le neuf. Ainsi, comme nous l’avaient promis les affiches et la bande-annonce, on sera très heureux de retrouver beaucoup de visages familiers dans ce nouvel opus. Kogami, professeur Saiga, la division 01, ils sont tous de retour.

Et derrière l’écran, c’est toujours la même équipe. L’animation est prise en charge par I.G Production (Kuroko’s Basket, l’Attaque des Titans, Vinland Saga), qui est à l’origine de la série. Le réalisateur, Naoyoshi Shiotani, est d’ailleurs le même sur toute la licence. Quant au scénario, il s’agit d’un travail à quatre mains entre le scénariste de la saison 1 et du premier film de Psycho-Pass, et celui de la saison 2 et 3. La bande son est toujours confiée à Yugo Kanno et le casting est le même, les doubleurs reprenant les personnages auxquels ils sont habitués.

On peut se féliciter qu’I.G Production ait choisi de revenir aux personnages de la deuxième saison, tout en offrant un chaînon manquant à l’histoire. Parmi tout l’éventail de possibilités pour un OAV, c’était le plus pertinent. Et c’est une décision qui devrait ravir les fans qui s’étaient sentis laissés sur le carreau par la saison 3. On peut donc espérer que Providence relancera un enthousiasme qui avait un peu faibli au cours des dernières années.

Une direction artistique très soignée

Tout d’abord, la mise en scène. Le film est beau. Les plans sont soignés, composés avec une grande maîtrise et nous plongent complètement dans l’ambiance désirée. On se retrouve fasciné par un combat dans un environnement artificiel, entre chevaux sauvages et foudre qui frappe. Puis, on survole les gigantesques villes, flamboyantes, qu’on ne peut s’empêcher d’admirer. L’intégration de la 3D est visible, mais on s’y fait.

Psycho-Pass sait laisser du temps à ses personnages et à ses spectateurs. Contemplation, regrets, regards qui se croisent, Providence, fidèle à la série, regorge de moments suspendus. Certaines séquences dans la mégapole japonaise semblent même tout droit sorties de Ghost in the Shell. Et rien d’étonnant à cela. En effet, Psycho-Pass avait d’abord été créé pour reprendre le flambeau de l’œuvre culte. Pari réussi, en partie.

La musique de Yugo Kanno (Jojo’s Bizarre Adventure, Blame!) est, comme toujours, une franche réussite. Dès les premières scènes, on retrouve ce qui fait la force du compositeur. Psycho-Pass, c’est l’équilibre entre l’horreur, l’ambiance futuriste, la tension et les émotions puissantes. Providence ne fait pas exception à la règle. Les thèmes techno très rythmés auxquels Kanno nous a habitués sont là. Mention spéciale à la séquence d’attaque de la base rebelle, où il sample des halètements. Tout simplement parfait. Le compositeur est également toujours aussi habile dans les moments d’émotion ou d’introspection.

Un équilibre réussi

Providence suit les traces de la franchise en jonglant entre l’échelle des intrigues. En effet, d’un côté, on continue à apprécier les grands questionnements que pose l’œuvre sur la société, la liberté, la conscience, la sécurité, etc. De l’autre, on vit les conséquences de ces transformations à l’échelle humaine, ce qui nous engage émotionnellement. Un changement politique induit des suicides, des exils, des meurtres ou de la joie et de l’espoir chez des personnages qu’on connaît.

De plus, le film continue de suivre les liens qui unissent l’équipe de la première division. On appréciera notamment de retrouver l’alchimie entre Kogami et Akane. Ces deux-là font toujours des étincelles, mais avec le temps, leur relation s’apaise. Le film nous montre deux personnages qui sont profondément liés et qui s’épaulent pour affronter la vie.

Idem pour la longueur du film, qui ne se fait pas sentir. Il fallait bien ces deux heures pour faire tenir l’intrigue relativement complexe et le fil d’événements qui en découlent. Dès le début qui attaque in medias res, jusqu’à la fin, Providence nous tient au creux de sa main. L’action n’y est pas pour rien évidemment. Les corps-à-corps, les assauts, les combats aériens, les infiltrations s’enchaînent. Mais le film fait également la part belle à la tension et aux retournements de situation.

Points faibles

On peut regretter une certaine lenteur et lourdeur dans l’animation. La fluidité des combats en prend un coup et il faut attendre la fin du film pour voir une scène d’action un peu plus naturelle.  Il s’agit certainement d’un problème de budget. Psycho-Pass est certes une franchise relativement connue, mais elle est loin d’être une licence majeure.

Bémol également au scénario. Tout d’abord, on peut regretter que l’intrigue ressemble tant à la première saison. Dès le départ, on nous propose un ennemi mégalo, citant des œuvres pompeuses (ici la Bible) à grand renfort de musique symphonique. Redite, donc. Hélas, si la première saison pouvait convaincre avec Makishima qui avait beaucoup de charisme, ce n’est pas le cas dans Providence. Le réalisateur a choisi de faire revenir les « peacebreakers », qu’on a découvert dans Sinners of the System 3. Hélas, il leur manque un visage et de la profondeur.

Idem pour la « menace » portée au système Sybil. Comme le montre la bande-annonce, le dominateur est à nouveau pris en défaut. Tout comme avec les casques de Makishima, le film se concentre en partie sur cette tromperie. Le moyen mis en place par les peacebreakers pour contourner et fausser le scan n’est pas inintéressant, mais aurait pu être plus approfondi. Enfin et sans spoiler, la révélation du grand ennemi a aussi un goût de réchauffé.

Le principe même de faire de Providence un préquel à la saison 3 pose également un souci de taille. Dur de créer de la tension dramatique pour des personnages dont on connaît le sort. Ainsi, si on s’interroge en effet sur le « comment » des choses, on sait déjà qui sera mort et qui sera vivant à la fin. Néanmoins, à la grande question de l’emprisonnement d’Akane Tsunemori, le film offre une réponse satisfaisante, sinon jouissive.

Un film qui s’adresse surtout aux fans

Bien que l’histoire soit pensée comme un tout, il est difficile de voir Providence comme un film abordable pour quelqu’un qui ne connaît pas Psycho-Pass. En effet, il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte. Tout d’abord, la nouvelle société, Sybil, ainsi que le système hiérarchique au sein du gouvernement et de la Sécurité Publique. Si un petit carton défile rapidement au début du film pour expliquer en quelques mots ce qu’est un dominateur, pour le reste, le spectateur doit s’accrocher.

Idem pour ceux qui n’ont pas vu l’intégralité des films et saisons. Les personnages, leur rôle, ainsi que les liens qui les unissent sont à peine présentés. Un conseil donc : rattrapez au moins le film Psycho-Pass : Sinners of the System 3 et la saison 3. Cela devrait vous permettre de saisir un peu mieux les enjeux du film et de ne pas passer deux heures à vous demander qui, quoi, comment.

Petit test. Si vous ne savez pas qui il sont, il va falloir binge-watcher.

Si vous comptez faire découvrir la licence à quelqu’un, il vaudra peut-être mieux rediriger cette personne enthousiaste vers la première saison directement. Iel pourra toujours redécouvrir Providence plus tard, sur Crunchyroll.

Et si jamais vous n’avez pas le temps avant la sortie, eh bien Crunchyroll a préparé un récap de moins de dix minutes à visionner sur YouTube. Mettons que, pour que cette vidéo existe, les projections tests ont dû voir pas mal de cerveaux bouillonner.

Psycho-Pass, une œuvre trans-média

Il est désormais difficile de prédire si la suite de Psycho-Pass s’écrira en films ou en série. Ni le réalisateur ni le studio ne se sont encore exprimés sur la question. Il existe de nombreux médias qui développent l’univers de la licence. Mangas, light novels, série audio. Néanmoins le scénariste, lui, avait déclaré dès la deuxième saison préférer écrire la suite sous forme de longs-métrages.

Providence, avec tous ses défauts et ses qualités, peut nous intriguer. Car il semble en effet que les studios aient presque voulu condenser toute une saison dans ces deux heures de film. Avec tous les thèmes abordés et les nouveaux personnages, il y avait pourtant matière à remplir. Plusieurs scènes semblent trop courtes et on aurait apprécié des dialogues supplémentaires, des approfondissements. La fin semble elle-même précipitée. On se dépêche de conclure tous les fils scénaristiques et on s’en va. Dommage.

Et pourtant, loin des OAV qui se gardent d’influencer l’œuvre originale, Providence ne craint pas de frapper fort. Prenant toutes les libertés qu’il peut malgré sa forme de séquel/préquel, le film marque définitivement un avant et un après sur plusieurs points. On pense notamment à un décès assez tôt dans le film qui peut prendre de court, mais a le mérite de secouer.

Si jamais le studio décide donc de passer aux films plutôt qu’aux séries, on espère qu’ils règleront ce problème de densité. On est en mesure d’espérer une annonce dans les prochains mois, selon le résultat de Providence au box-office. En attendant, la watchlist chronologique des différentes saisons et des films est à retrouver sur Crunchyroll, tout comme la liste officielle des cinémas diffusant le film.

One Reply to “« PSYCHO-PASS Providence » : enfin des réponses pour les 10 ans de la série [critique]”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *