« Nosferatu » : une relecture passionnante du mythe par Robert Eggers [critique]

"Nosferatu" : une relecture passionnante du mythe par Robert Eggers [critique]

À seulement 41 ans, Robert Eggers est devenu une figure très importante de la culture cinéphile. En 3 films, il s’est imposé comme un artiste épanoui, personnel, profondément ancré dans une forme pure et propre d’art. The Witch (2016), The Lighthouse (2019) et The Northman (2022) ont déjà scotché une grande partie des cinéphiles de la planète. Il est de retour cette semaine avec Nosferatu. Un remake puissant, visuellement hallucinant, emmené par Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Willem Dafoe, Emma Corrin ou encore Aaron Taylor-Johnson.

Nosferatu : une relecture moderne du mythe

Pour revenir aux origines de Nosferatu, il faut remonter le temps jusqu’en 1922. À cette époque, le réalisateur allemand F.W. Murnau est désireux d’adapter le roman Dracula de Bram Stoker. Sauf que le cinéaste ne parvient pas à obtenir les droits cinématographiques du célèbre roman. Il décide alors de se lancer dans la production de Nosferatu, une adaptation non-officielle du chef d’œuvre de Stoker. Si, l’histoire est exactement la même, le vampire change de nom pour se protéger de toute réprimande juridique.

Le mot Nosferatu est par ailleurs souvent associé à la figure du vampire. C’est une ancienne appellation roumaine pour désigner les suceurs de sang. Bien que son origine linguistique soit souvent contestée. Certains pensent que Nosferatu dérive du mot roumain nesuferit, qui signifie inquiétant. 

Nosferatu
Nicholas Hoult dans le château de Nosferatu

Sorti en 1922, Nosferatu le vampire s’est imposé comme une référence absolue du cinéma d’épouvante et du cinéma gothique international de l’époque. Avec le temps, Nosferatu est devenu un véritable monument et est parfois considéré comme le premier film d’horreur de l’Histoire. Film muet, où l’expressionnisme allemand est mis en avant, Nosferatu est un immense classique des films de vampires qu’on vous conseille fortement de rattraper.

Le long-métrage a été déjà remaké à deux reprises, une première fois en 1979 devant la caméra de Werner Herzog et une seconde fois en 2000 sous la direction de E. Elias Merhige. Nosferatu est donc la 3ème réadaptation cinématographique du monument de F.W. Murnau

Le choix de Robert Eggers derrière la caméra est d’une logique incontestable. Le style gothique, sombre, l’utilisation du noir et blanc, sont des éléments souvent employés par Eggers, qui correspondent parfaitement à la mythologie de Nosferatu. C’est le metteur en scène tout désigné pour redonner vie et moderniser cette figure vampirique emblématique.

Nosferatu
Lily-Rose Depp

Une esthétique dingue

L’esthétique visuelle austère et immersive de Robert Eggers donne réellement un impact profond à sa relecture de Nosferatu. Le cinéaste américain parvient totalement à s’imprégner de l’identité visuelle du récit. Chaque plan est soigneusement conçu comme une œuvre d’art. Comme dans ses précédents films, Robert Eggers utilise un éclairage très naturaliste, où la bougie est utilisée pour créer des ambiances brutes et organiques. Les cadrages, d’une précision chirurgicale, souvent d’une symétrie totale, permettent de donner une forme de grandeur au mythe de Nosferatu. 

Toujours quelque part entre une menace omniprésente et une fascination malsaine, le film joue avec nos sens, avec nos peurs primaires, que ce soit celle du noir ou du monstre qui se cache sous notre lit. Les lignes, les textures, le noir et blanc presque fantasmagorique, les jeux de lumières, sont d’une puissance artistique dingue, et permettent de donner au film une esthétique absolument renversante.

Le design monochrome de ses plans accentue l’aspect irréel et onirique de ses décors, de son monstre et de son récit. C’est visuellement magnifique et cela crée une ambiance claustrophobe géniale. C’est toujours sublime, souvent terrifiant et jamais gratuitement ostentatoire. L’esthétique tape à l’œil sert un récit de séduction, d’énigme, de trouble, d’inquiétude, qui permet de donner à Nosferatu une image de monstre intrigant et fascinant.

Nosferatu

Surtout, Robert Eggers utilise sa créature avec intelligence. Dans toute la première partie, lorsque le personnage de Nicholas Hoult se rend dans le château de Nosferatu, la créature est mise en scène avec parcimonie. Robert Eggers s’amuse avec les cadrages et n’en dévoile jamais trop. D’abord une silhouette, puis une main, puis un œil. Robert Eggers joue avec l’attente, la suggestion, ce qui permet de faire monter une tension palpable autour de la figure de Nosferatu.

Encore une fois, quelque part entre terreur et fascination, il brosse le portrait d’une créature inquiétante, mais pour autant étonnement accueillante. Le tout est appuyé par l’incarnation de Bill Skarsgård, qui est habitué aux créatures maquillées (puisqu’il a incarné Grippe-Sous dans la saga Ça), et qui offre une prestation habitée dans la peau de Nosferatu.

Robert Eggers était indéniablement le choix parfait pour redonner vie à Nosferatu. Le metteur en scène Américain parvient une fois de plus à dresser un récit intemporel, offrant une authenticité historique inattendue couplée à une atmosphère oppressante. Minutieux, sombre, passionnant, ce nouveau Nosferatu va vous fasciner autant que vous terrifier.

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