« Marvel’s Spider-Man 2 » : comment le jeu se réapproprie le personnage de Venom ?

"Marvel's Spider-Man 2" : comment le jeu se réapproprie le personnage de Venom ?

Marvel’s Spider-Man 2 est l’un des meilleurs jeux d’action de cette année et se révèle comme le divertissement le plus spectaculaire sur PS5. En mettant en scène les ravages de la Symbiote et les chasses de Kraven, le travail d’Insomniac Games se permet de nombreuses références aux comics. Mieux encore, il se les réapproprie et les réinterprète à sa façon.

Peut-être que les fans les plus hardcores de Spider-Man auront boudé les libertés prises par rapport aux comics depuis le premier volet de 2018. Cependant, il serait injuste de critiquer les partis pris d’Insomniac Games, tant le studio offre un véritable comics en se réappropriant les mythes autour du super-héros de Marvel.

Nota Bene : Impossible de parler du personnage de Venom sans spoiler considérablement le titre.

Ces véritables changements se font par le personnage de Venom, représenté comme très complexe par le jeu. Tout d’abord, le Symbiote a toujours été représenté comme une entité seule qui se nourrit de son hôte, le contraignant à devenir Venom. Il y a bien des références à la planète de l’extra-terrestre dans le MCU (l’horrible film Venom pour ne citer que lui). Mais la plupart du temps, elles ne sont là que pour donner une origine au personnage. Mais le premier détail qui saute aux yeux et qui chamboule tout : Venom n’est pas Eddie Brock. Harry Osborn est son « propriétaire », ce qui n’était arrivé qu’une seule fois, lors de la série d’animation Ultimate Spider-Man en 2012. Dans ce multivers, il est le Venom sur Terre-1048, soit l’identité des jeux d’Insomniac Games au sein de l’univers Marvel.

Guérir le monde !

Cette fois, dans Marvel’s Spider-Man 2, Venom crée une véritable épidémie, faisant du Symbiote un problème collectif. Guérir le monde, tel est son objectif. Le Symbiote appartenant à Harry, puis voulant être accroché à Peter, le monstre désire que le monde soit pareil. Le monde ressemblera alors à la planète de Venom. Insomniac Games se permet d’ajouter des références à Knull, le dieu des Symbiotes, puisque son symbole apparaît dans toutes les Symbiotes de l’épidémie finale. Cette invasion n’est d’ailleurs pas sans rappeler le jeu Spider-Man Web of Shadows sorti en 2008.

Interrogeons-nous aussi sur l’attitude du Symbiote tout au long de l’aventure. Contrairement à ce que l’on croit réellement, le monstrueux costume parasite n’a jamais (au départ) vraiment affecté les émotions de son hôte. Cette croyance s’est énormément popularisée avec la série animée des années 90, mais surtout avec le sous-estimé film Spider-Man 3 de Sam Raimi.

Lors de ses premières apparitions dans les comics, le Symbiote n’était rien d’autre qu’un costume nouveau pour le super-héros. Ce n’est que bien plus tard que les auteurs ont décidé d’en faire un être parasitaire. Maintenant, plus son porteur profite du costume et plus son état mental devient instable, bien plus violent. Insomniac Games se réapproprie cette manipulation des émotions en jouant sur l’aspect négatif des personnages, et non en le rendant simplement mauvais.

L’émotion négative par le personnage

Peter Parker est perçu comme un jeune homme très malchanceux, très stressé et souvent en proie à des doutes. La scène d’introduction avec l’Homme Sable laisse entrevoir la parfaite introduction pour la menace qu’est Kraven. En réalité, le studio veut nous montrer la difficulté d’être Spider-Man et Peter Parker. Cela représente alors une introduction pour Venom. Le monstre devient hostile en essayant d’être aidé, renforçant toute l’émotion négative de son hôte qui se sent complexé par sa condition.

Par l’utilisation du personnage de Miles Morales, le Symbiote devient important, puisqu’il représente la crainte d’être inutile pour Peter. Miles a plus de responsabilités et il peut désormais gérer chaque situation seul. Le costume renforce alors l’idée que le super-héros est obsolète, jouant constamment sur cette peur. C’est presque un complexe d’infériorité qui s’empare des personnages.

Le point faible du personnage

Enfin, le dernier détail qui frappe provient du point faible de Venom, dit Anti-Venom. Il était évident qu’Insomniac Games utiliserait ce stratagème scénaristique, étant donné que Mister Negative est un antagoniste important du titre. Dans le scénario New Ways To Die des comics The Amazing Spider-Man (2008), écrit par Dan Slott et John Romita Jr, Eddie Brock travaille FEAST qui est dirigé par Martin Li alias Mister Negative. Ce dernier utilise ses pouvoirs pour guérir le cancer dont Eddie est atteint.

Cependant, l’extra-terrestre parasite a gardé Brock en vie et s’est nourri de l’adrénaline produite par les cellules cancéreuses. Après une série de péripéties, Mister Negative a infusé par inadvertance des traces du Symbiote vivant à l’intérieur d’Eddie, créant ainsi l’Anti-Venom. Oui, la référence était bien trop nécessaire pour Insomniac Games, qui se la réapproprie complètement.

Avec de nombreux partis pris par rapport aux éléments narratifs de base, le jeu permet d’utiliser le personnage de Venom comme un véritable atout, afin de proposer l’une des aventures les plus originales de Marvel. Pour rappel, vous pouvez retrouver notre test de Marvel’s Spider-Man 2 sur Cultea. Le titre est d’ailleurs nommé pour le Jeu de l’Année dans la cérémonie des Game Awards 2023.

Bande-annonce Marvel’s Spider-Man 2

Sources : 

Photographe et réalisateur indépendant. Certains de ses films ont obtenus une soixantaine de sélections en Festival à travers le monde. Rédacteur chez Cultea, ses écrits sur le Traumatisme abordé dans le jeu vidéo sont publiés sur le site !

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