L’année 2022 fut remplie de hits vidéoludiques qui ont follement joué avec nos émotions. Toutefois, l’un de ces jeux a réussi à puiser une véritable force émotionnelle à travers un malaise constant. Martha is Dead fut probablement le titre le plus dérangeant de l’année.
Nota Bene : Le jeu est censuré sur les consoles Sony. Les scènes les plus violentes peuvent être passées, mais n’apparaissent plus sous la forme de QTE. Aussi, la version PS4 Fat ne présente pas les cinématiques de la narratrice et se contente simplement de texte et de voix.
Ouverture du menu principal. La caméra présente une chambre noire où l’on développe des photographies sous une chanson douce, mais inquiétante. Don’t Forget my Name, sonne le refrain de la composition de Femina Ridens, qui prendra un tout autre sens à la fin, en plus de nous rappeler que Martha is Dead fera partie de ces titres qu’il sera difficile d’oublier.
Développé par le studio italien LKA à qui l’on doit l’insoutenable The Town of Light, Martha is Dead se déroule dans le cadre de la deuxième guerre mondiale. Giulia et Martha sont deux sœurs jumelles et filles d’un général nazi. Ensemble, elles traversent péniblement le renversement de l’Italie fasciste par les Partisans. Martha, muette et sourde depuis l’enfance, est la préférée d’une mère difficile. Giulia, elle, s’éprend d’amour pour Lapo, un résistant pour la liberté de l’Italie. Une nuit, Giulia retrouve le corps sans vie de sa sœur, dans le lac près de la villa familiale…
Martha is Dead : on s’en souvient plusieurs jours après !
A l’instar du précédent jeu, Martha is Dead ressemble beaucoup à un simulateur de marche. Vous n’y trouverez pas le moindre élément qui définirait un survival, ni même le moindre jump-scare. Le titre de LKA ne contient pas d’ennemis et ne fait pas vraiment peur. Cependant, il est oppressant avec maestria et pourrait traumatiser n’importe quel joueur susceptible de connaître le fin mot de l’histoire. Sous fond politique de l’Italie fasciste avec une immersion parfaitement documentée (les radios, les journaux ou encore la musique Bella Ciao), Martha is Dead est un terrifiant voyage dans le chagrin et la pitié. En se faisant passer pour sa sœur, Giulia va découvrir un secret sombre au sein de la villa.
Difficile d’en écrire plus sous peine de spoiler davantage, mais Martha is Dead fait partie de ces œuvres qui vous hantent encore plusieurs mois après. Impitoyable trajectoire entre le surnaturel et la folie, le jeu présente aussi des scènes de violence insupportable, qui lui ont valu la censure sur certaines versions. Au fur et à mesure que l’histoire de Giulia avance, vous aurez plus de questions que de réponses. La vérité se cachant dans la villa étant difficile à avaler… Martha is Dead est le titre qui réussit à offrir un climax dérangeant et un chapitre final extrêmement marquant, tant il bouscule vers l’horreur.
Souriez pour la photo !
Ce qui est d’autant plus surprenant, c’est que la formule est la même que dans The Town of Light. Vous explorez la villa et la forêt aux alentours, comme vous exploriez l’hôpital de Volterra autrefois. Toutefois, Martha is Dead est bien plus maîtrisé, et pas seulement grâce à son scénario et son immersion, mais bien par sa thématique de la photographie.
D’un simple clic, vous avez accès à l’appareil photo argentique de Giulia et vous devrez prendre des photos pour faire avancer l’intrigue. En cherchant de quoi changer l’Iso, zoomer ou ajouter des filtres, vous aurez accès à de nouvelles quêtes secondaires pouvant amener à des interprétations sur ce qui vous conduira à la fin de l’aventure. On s’est même pris à prendre de nombreuses photos, puisqu’on a la liberté de le faire. Il faudra aussi les développer dans la chambre noire de Giulia. De quoi satisfaire les adeptes de la photo. D’autant que, dans vos petites promenades, vous pourrez trouver des lieux secrets vous rappelant que la guerre continue… Mais n’en écrivons pas plus sur ces détails.
L’insoutenable solitude en fin de guerre
Derrière cette volonté d’ajouter du gameplay, se cache l’une des raisons qui rendent Martha is Dead particulièrement dérangeant, jouant constamment sur la pesante solitude et la clé possible vers le secret autour de Martha. Pour faire simple, le titre de LKA maîtrise son sentiment de solitude et d’oppression avec brio. Malgré la beauté du soleil, le jeu reste inquiétant. On s’interroge beaucoup sur la place des superstitions folkloriques et sur le conflit politique de l’Italie sur le point de prendre fin. Rien n’est pris à la légère tout au long d’un scénario qui maintient le joueur en haleine pendant six heures.
Il est également beaucoup de similitudes avec The Town of Light sur la question de la santé mentale et des traumatismes, mais nous en reparlerons prochainement pour ne pas gâcher la surprise… Nous en avons peut-être suffisamment dit. Alors, qui a tué Martha ?
Pour faire simple, Martha is Dead prouve qu’il n’a pas besoin de faire peur pour faire partie de ces jeux de survival horror les plus dérangeants. Il ne conviendra pas aux âmes sensibles et il n’a pas non plus le besoin d’être agréable à jouer, tant il saura vous épuiser psychologiquement dans son impitoyable voyage vers des vérités difficiles à voir…
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