Dès ses premières annonces, Indika faisait sensation, brisant la frontière entre ce qui semble être l’horreur, la comédie et le désordre absolu. L’œuvre éditée par 11 Bit Studios (This War of Mine) est-elle touchée par la grâce ? Cette histoire de religieuse mérite-t-elle le salut ?
Nota Bene : disponible sur Steam et Xbox Series, Indika n’est pas à mettre entre toutes les mains tant il peut procurer un certain malaise. De plus, la présence de nudité, les mentions autour de la folie et l’expérience elle-même du titre pourrait heurter les plus sensibles.
Déjanté, singulier ou complètement barré sont des définitions qui concorderait à merveille sur cet étrange Indika. Œuvre atypique du studio Odd Meter, d’origine russe qui a émigré au Kazakhstan au début de la guerre en Ukraine, le titre est, sans aucun doute, l’expérience la plus curieuse de toute l’année vidéoludique. Ce n’est vraiment pas tous les jours que l’on nous propose d’incarner une nonne pas très appréciée de son Monastère parce qu’elle peut communiquer avec le Malin.
Rien de franchement problématique n’est-ce pas ? Indika n’a pas vraiment de chances alors qu’on lui demande de délivrer une lettre en dehors de son antre de prière. La religieuse fera alors la rencontre d’Ilya, un ancien prisonnier récemment évadé qui peut parler avec Dieu.
Prends soin de toi, Indika !
Vous aurez donc immédiatement compris qu’il sera beaucoup question de religion dans Indika. La foi et le christianisme orthodoxe seront beaucoup remis en doute au fur et à mesure de la progression de la jeune religieuse à l’état mentale fragile. Autant vous dire que les conversations élaborées autour de la vie et la croyance seront au cœur du projet, le tout avec un duo de personnage à la fois si étrange et si excentrique qu’ils en deviennent profondément attachants.
Le jeu développé par Odd Meter se vit pour la relation autour d’Indika et Ilya, mais aussi pour toute son atmosphère unique, qui reflète immensément la santé mentale de notre personnage. En fait, il est difficile de ne pas distinguer une inspiration autour de Hellblade Senua’s Sacrifice dont sa suite débarque prochainement.
En soi, la manière de jouer est des plus classiques, pour mieux nous surprendre. L’une des possibilités de gameplay offerte par Indika est de prier. Cela peut sembler loufoque à première vue, mais il aide réellement à passer les obstacles, d’autant plus lorsque l’on comprend le déroulement de l’état de la nonne. Les mécaniques de jeu se renouvellent en permanence tandis que la direction artistique interpelle systématiquement par ses couleurs criardes et changeante. Car oui, Indika plonge directement le joueur dans la pure folie. On pourrait mentionner des exemples mais il serait tellement dommage de gâcher la moindre surprise proposée par ce jeu si mystérieux.
Autant vous dire que l’on ne sait jamais jusqu’où le jeu est capable d’emmener son public. C’est une véritable invitation à l’émotion et une épreuve de force autour d’un titre dont l’on ressort a bout de souffle après son exploration.
Toutefois, il convient de préciser que le voyage est éprouvant, parfois pénible et perd (volontairement) de sa splendeur vers la moitié du jeu. Indika n’est pas une production très longue, puisque l’on voit la conclusion en quatre heures, mais il parvient à se montrer fortement désagréable.
Bien évidemment, c’est complètement assumé, bien que l’on ne peut s’empêcher de suggérer que cela n’aidera pas forcément à retourner sur le jeu une fois terminé. Enfin, nous parlions plus haut de la direction artistique du jeu qui, si elle est toute aussi extravagante et inquiétante que l’œuvre, pourra intensément diviser son public.
En d’autres termes, Indika est une proposition de jeu vidéo osée et audacieuse et qui ne se fait pas prier. Baignant dans l’expérimentale, beaucoup ne se sentiront pas concernée. Mais ce n’est pas vraiment grave, car si vous n’aimez pas Indika, le jeu ne vous aime pas non plus !
Indika est un OVNI radical dans le paysage vidéoludique. Malgré certaines faiblesses et cette puissance du mélange des genres qui semble se perdre en seconde partie, le jeu de 11 Bit Studios mérite pleinement que l’on s’y attarde, d’autant qu’il ne nous lâchera pas de si tôt. Un projet qui n’aurait pas manqué de séduire Fiodor Dostoïevski, très probablement…
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