Rencontre avec l’autrice de Baguenaudage en Touraine. Marie-Emmanuelle Kervénoël est une autrice au parcours atypique : après des études supérieures d’anglais et une formation de traductrice commerciale et technique, elle a travaillé dans le marketing avant de se tourner vers l’informatique, une passion qui l’a conduite à publier ses propres ouvrages en auto-édition. Depuis son adolescence, elle s’intéresse à la psychologie, à la pédagogie et aux récits de voyage, des thèmes qui continuent de nourrir son écriture.
Son dernier livre, Baguenaudage en Touraine, est une invitation à la flânerie à travers les châteaux et jardins remarquables de la région de Touraine. Bien plus qu’un simple guide touristique, l’ouvrage mêle descriptions historiques, anecdotes personnelles, découvertes botaniques et artistiques, offrant au lecteur une expérience éclectique et immersive. À travers ce roman, Kervénoël invite à redécouvrir la beauté des paysages, l’histoire fascinante des lieux et l’art de « baguenauder » : se promener en flânant, prendre le temps de contempler et de s’imprégner de son environnement. On a eu la chance de s’entretenir avec elle.
Est-ce que, tout d’abord, vous pouvez vous présenter rapidement ?
Alors, je vais essayer d’être concise, car j’ai eu une vie très atypique. J’ai fait des études supérieures d’anglais, et non pas de lettres. J’ai notamment obtenu un diplôme de traductrice commercial et technique. Après comme je n’ai pas obtenu de travail directement dans ma branche j’ai fait du secrétariat. Puis je suis devenue assistante marketing. J’étais dans une société d’étude de marché américaine, et j’ai apporté un autre point de vue sur leur présentation. J’ai potassé, je me suis immergée et j’ai commencé à créer des programmes. J’ai monté 14 programmes et j’ai pris goût à l’informatique. Après trois ans en marketing j’ai passé un diplôme informatique pour me reconvertir dans ce métier.
Mais alors, qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture ? Est-ce que vous avez réalisé d’autres ouvrages avant Baguenaudage en Touraine ?
Au départ je produisais mes livres en autoédition. Mes connaissances en informatique m’ont aidé à produire et réaliser mes ouvrages. Mais lorsqu’on n’est pas issu d’un milieu d’écrivains, d’artistes ou de célébrités c’est difficile de vendre ses livres. Et c’est mon cas, je ne suis pas du tout issue d’un milieu d’écriture. Le premier livre que j’ai produit en autoédition date de 2010. J’écrivais déjà depuis quelques années. Lorsque j’étais adolescente je lisais surtout des magazines de psychologie et des livres de pédagogie. Je faisais alors des comptes-rendus de ces livres pour progresser et apprendre les ficelles du métier.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire Baguenaudage en Touraine ? Et comment est-ce que vous décririez cet ouvrage ?
Vous savez, j’ai deux autres livres publiés avant Baguenaudage en Touraine. Et à chaque fois, les journalistes ont des difficultés pour mettre mes livres dans des cases, pour leur donner un genre défini. On peut les classer dans différents registres. Mais Baguenaudage en Touraine, on ne peut pas vraiment le définir comme un guide touristique comme le Guide Michelin.
C’est vraiment du tourisme et ça s’arrête là. Pour une ville donnée, tous les guides touristiques présentent globalement la même chose. Mon livre est un mélange de tourisme, d’informations auto-biographiques, mais ça fait également appel à de la botanique, de la culture, de la sculpture. Donc c’est quelque chose de très varié et je pense que les journalistes auront encore des problèmes pour le classer.
Mais alors, vous, comment est-ce que vous arrivez à trouver votre équilibre entre tous ces registres ? Qu’est-ce qui détermine dans quelle direction vous allez ?
Moi-même je ne saurai pas réellement classer mon livre. Il y a tellement de données très éclectiques que c’est très difficile de le classer juste dans le tourisme ou la botanique par exemple.
Et quelle est la part autobiographique de Baguenaudage en Touraine ?
Mon mari était restaurateur de monuments historiques. Donc il connaissait très bien la région, et allait d’église en église pour restaurer les monuments. Il travaillait beaucoup sur des églises, sur des fresques et des tableaux religieux. Donc suite à cette expérience, il a voulu en connaître plus sur sa région et sur le passé de ces monuments.
Mais il n’avait pas trop le temps de les visiter. Mon mari m’a alors suggéré ce projet de faire un tour de la Touraine. Plus que les églises ou les châteaux, c’étaient surtout les jardins qui le passionnaient. Tous les jardins de ces châteaux ont été classés jardins remarquables, un label créé en 2004. On avait donc très envie de découvrir ces lieux magnifiques.
Comment est-ce que vous définiriez le terme Baguenaudage ?
Si vous voulez c’est une flânerie. Je pense que c’est comme ça que je définirais baguenauder.

Comment ce titre s’est-il imposé à vous ?
Étant écrivaine je cherchais un titre un peu original, qui me permettrait de me démarquer. J’utilisais souvent le terme de baguenauder dans mes récits. J’ai alors cherché à savoir si le terme baguenauder existait vraiment. Parce que certains dictionnaires ne le reconnaissent pas. Les dictionnaires un peu anciens vont vous donner le terme baguenauder, mais baguenaudage n’existait pas. Je me suis dit alors que j’expliquerais ce terme en prétendant une petite invention de ma part. Mais depuis quelques temps, baguenaudage existe bien.
Est-ce que vous pensez que c’est encore possible de baguenauder dans nos sociétés contemporaines ?
Malheureusement je pense que c’est compliqué dans notre société actuelle. Il y a quelque chose qui me choque depuis quelque temps, c’est que même les personnes âgées sont happées par leur téléphone, par les réseaux sociaux, par tiktok et compagnie. Ces personnes s’installent dans des parcs et ne profitent même pas de l’environnement autour d’elles.
Et ça, je trouve ça quand même fou, surtout que ces personnes sont d’une génération où on apprend à profiter de l’environnement, de la nature. Et pourtant, ces personnes âgées se comportent comme les jeunes. J’ai trouvé ça choquant quelque part. Ce que je reproche à la société actuelle c’est que les gens ne savent plus se poser.
Est-ce que vous préparez la structure de votre livre en amont ou est-ce que vous improvisez au fur et à mesure de votre baguedaunage ?
Non je n’ai pas de plan défini. Je rentre simplement chez moi et je raconte ce que j’ai vu, ce que j’ai vécu et ce que j’ai ressenti. J’écris comme ça vient, c’est pour ça que je mélange les genres. De toute façon, je n’avais pas la prétention d’écrire un livre historique parce que je ne suis pas historienne. Ce n’est pas ma tournure d’esprit de toute façon.
Quels sont les grands thèmes que vous aimeriez transmettre à travers ce livre ?
Ceux qui connaissent déjà la Touraine, ça leur rappellera de bons souvenirs. Ceux qui ne connaissent pas, j’espère qu’ils auront envie de visiter la Touraine. Ce qui est intéressant surtout c’est le jardin des portraits puisque ça nous montre l’histoire à travers un autre point de vue : celui de la botanique. Et puis il y a la Clairière de la Connaissance, qui est un endroit très ludique. Donc j’espère que mes lecteurs retiendront quelques informations.
Avez-vous une anecdote particulière liée à vos balades ?
Oui ! Par exemple, le fameux « Piment pénis ». Une plante qui a réellement cette forme et qui m’a fait sourire. Je ne l’ai pas goûtée, mais elle illustre bien les surprises que l’on peut trouver dans la nature.

Comment définiriez-vous l’esprit de Baguenaudage en Touraine ?
Les châteaux de la Loire dégagent une âme particulière que l’on ne retrouve pas ailleurs. Même après avoir visité d’autres châteaux en France, ceux-ci ont une atmosphère unique. Le château du champ de bataille, par exemple, restauré par le décorateur Jacques Garcia, est un exemple de cette singularité. Le parc et le château combinent collections, architecture et jardins dans un ensemble harmonieux.
Avez-vous rencontré des difficultés en écrivant ce livre ?
Non, je n’ai pas trouvé de passage particulièrement difficile. Je décris ce que je vois et complète par des recherches documentaires pour que le lecteur apprenne quelque chose. Cela demande un vrai travail de documentaliste en plus de l’écriture.
Quels auteurs vous inspirent ?
Autrefois, je lisais beaucoup de poésie : Verlaine, Rimbaud… Cela m’inspirait beaucoup. Aujourd’hui, je n’ai plus beaucoup de temps pour lire. Je donne des cours d’informatique aux seniors, je participe à des associations religieuses et je m’occupe d’une personne en dépression. J’écoute beaucoup de musique, notamment religieuse et classique, ce qui m’inspire dans l’écriture.
Vos projets à venir ?
La trilogie continue avec le Château de Chenonceau et le Château de Talcy. Ensuite, le Château de Blois et le domaine de Sasnières. La propriétaire de Sasnières est une des sœurs de Anémone Giscard d’Estaing. Après cette trilogie, je commencerai une nouvelle collection intitulée Fragments de vie, qui raconte des escapades ou vacances dans des lieux très variés, en France et une escapade en Belgique, à Nord-le-Zout, souvent surnommée la « Côte d’Azur belge ».
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