« Longlegs » : le film coup de poing de ce début d’été [critique]

"Longlegs" : le film coup de poing de ce début d'été [critique]

Acteur, scénariste et réalisateur, Oz Perkins (le fils d’Anthony Perkins) est de retour cette semaine avec un thriller horrifique glaçant : Longlegs. Alors qu’il a déjà mis en scène quelques films d’horreur comme I Am The Pretty Thing That Lives In The House et Gretel and Hansel, Oz Perkins revient sur le devant de la scène avec une proposition radicale, étonnante et profondément inquiétante. Emmené par Maika Monroe et Nicolas Cage, on vous conseille fortement Longlegs. 

Longlegs : un film profondément oppressant

Longlegs a un postulat de départ assez attendu. Les spectateurs suivent une fois de plus une profiler du FBI qui enquête sur un tueur en série. Comme dans beaucoup de propositions similaires, la jeune Lee Harker est mentaliste, voir médium. Elle se sert de ses instincts, de son sixième sens, pour retrouver Longlegs, un tueur en série déroutant, inquiétant, un spectre invisible, imprenable, qui hante la jeune femme.

Forcément, difficile de ne pas sentir l’héritage de Le Silence des Agneaux, ce thriller culte, terrifiant, qui a influencé tout le genre depuis plus de trente ans. Ici encore, le récit met en scène une jeune femme face à une figure masculine toxique, dangereuse, et meurtrière. Une opposition du sexe intelligente, qui rappelle la difficulté que d’être une femme dans ce type de milieu.

Longlegs

Longlegs est parfaitement maîtrisé. C’est une proposition radicale, souvent très flippante, toujours glauque et d’une force de frappe à ne pas sous-estimer. Maika Monroe fait un travail de dingue dans la peau de Lee Harker. Toujours très juste, elle parvient à créer de l’empathie, de l’intérêt, pour une héroïne pourtant différente, presque autiste, socialement inadaptée, particulièrement intelligente, asociale, qui nous rappelle un peu le personnage de Shailene Woodley dans l’excellent Misanthrope.

Longlegs est un film parfaitement nihiliste. Sombre, dark, violent, sans concession, le long-métrage est une proposition courageuse, qui s’inscrit dans la droite lignée des thrillers psychopathes. C’est maîtrisé de bout en bout, Oz Perkins propose un film brutal, d’une noirceur abyssale, un crescendo violent et dérangeant, jusqu’à un dénouement certes un peu téléphoné mais néanmoins passionnant. On regrettera juste, en effet, que le twist soit un peu prévisible, malgré une mise en place impressionnante de justesse.

Flippant… Très flippant ! 

En fait, Oz Perkins parvient à jouer habilement entre les genres. Longlegs est toujours à la frontière du fantastique et de l’horreur. Via son héroïne, mentaliste instinctive presque irréaliste, le cinéaste permet de faire entrer un tout petit peu de fantastique dans son intrigue. Le sixième sens de sa protagoniste lui permet d’apporter quelques soupçons de fantastique, qui se matérialise par la présence physique ou non d’une entité démoniaque. Lee Harker la perçoit, mais jamais cette silhouette maléfique ne prend plus de place que nécessaire.

Jamais ostentatoires, toujours en retenues, ces manifestations diaboliques ne prennent jamais le pas sur la crédibilité de l’ensemble, et sont des touches fantasmagoriques bienvenues qui accentuent la crainte du spectateur. Ce sont également des apparitions logiques, légitimes, qui renforcent le trait de caractère de notre protagoniste. Est-ce la réalité ? A-t-elle réellement des pouvoirs ? Ou est-elle en train de tomber doucement dans la folie ? Cette manifestation existe-t-elle réellement ou est-ce le produit de son imagination ? Jusqu’à la toute fin du film, ces questionnements vont hanter le spectateur.

Longlegs
Nicolas Cage en plein cabotinage

Longlegs emprunte aux meilleurs thrillers du genre, tout en conservant son identité. La saga Hannibal résonne évidemment dans cette nouvelle proposition. Notamment dans la figure du méchant, incarnée par Nicolas Cage (totalement en roue libre), qui nous rappelle un peu l’antagoniste de Dragon rouge. Esthétiquement terrifiant, Longlegs est un méchant qui devrait faire date, même si notre cher Nicolas Cage en fait un poil trop dans le rôle. Le réalisme de son personnage est parfois éclipsé par le cabotinage de son interprète.

Mais la grande force de Longlegs, c’est son ton, son ambiance. Jamais ostentatoire, ce film d’horreur se paye le luxe de ne pas en être un, mais plutôt d’adapter ses démarches horrifiques dans une approche « non-spectaculaire » où seul l’angoisse permet de s’élever dans une ambiance particulièrement anxiogène. La mise en scène, changeante, entre esthétisme moderne, et flash-back en 4/3 old school participe à ce sentiment de gêne, d’inconfort, qui se distille discrètement tout au long du métrage, comme une maladie qu’on ne peut pas endiguer.

Un sentiment qui prend encore plus de place quand on découvre que notre antagoniste semble être omnipotent, capable de toucher n’importe qui, n’importe quand, sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit. Un Longlegs parfaitement flippant, trop grand, trop inquiétant, trop dangereux pour entrer totalement dans le cadre lors de sa première apparition.

Longlegs est une proposition particulièrement intelligente, qui évite les clichés, les jumps scares, pour se présenter comme une œuvre singulière, âpre, qui détourne les clichés horrifiques. 

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