L’obélisque de Louxor : pourquoi est-elle en France et non en Egypte ?

Romain Lesourd
Romain Lesourd
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La capitale française possède de nombreux monuments. Parmi eux, se trouve l’obélisque de Louxor, par ailleurs le plus ancien. Situé sur la place de la Concorde, ce grand bloc de pierre a une sacrée histoire, qui traduit les bonnes relations entre la France et l’Égypte de l’époque, et encore d’aujourd’hui. Cultea vous raconte.

Quelques informations sur l’obélisque

Avant de raconter son histoire, il est important de connaître quelques éléments sur ce monument, ainsi que sa signification.

L’obélisque est un monument apparu au cours de l’Égypte ancienne. Il occupait une place importante dans le registre du sacré. Généralement, l’obélisque est constitué d’un seul bloc de pierre. On dit alors qu’il est monolithe.

Construit à partir d’un seul bloc de pierre, l’obélisque peut toutefois se diviser en trois zones distinctes. Il y a d’abord le piédestal, qui sert d’appui au monument. Ensuite, vient le fût, le corps du monument qui possède une section quadrangulaire. Enfin, vient le pyramidion, la petite pyramide située au sommet.

Concernant l’obélisque situé sur la place de la Concorde, il date du XIIIe siècle av. J.-C. Ce dernier fait 23 mètres de hauteur et pèse environ 230 tonnes.

Des cadeaux de la part de la part du vice-roi d’Égypte

Au cours du XIXe siècle, la France entretient de bonnes relations avec l’Égypte, qu’elle aide à se moderniser. De plus, Champollion, grand égyptologue, a énormément travaillé en Égypte afin de traduire les hiéroglyphes.

En échange, l’Égypte offre d’abord à la France un girafon, appelé Zarafa. C’est la première girafe à fouler le territoire français. Puis, se basant sur une ancienne coutume, le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali décide d’offrir deux obélisques d’Alexandrie, en 1829. L’un à la France, l’autre à l’Angleterre. Il choisit d’offrir des obélisques, car ces monuments étaient perçus comme des décors urbains.

Méhémet Ali - Cultea
Méhémet Ali (source : Wikipédia)

Mais Champollion suggère à Méhémet Ali d’offrir à la France les deux obélisques de Louxor. La proposition est acceptée, les deux monuments iront donc en France. Oui, normalement la France aurait dû recevoir deux obélisques. Au final, ce ne fut pas le cas.

En effet, après des décennies sans récupérer l’autre monument, le président François Mitterrand annonça le 26 septembre 1981 que la France renonçait à prendre possession du deuxième obélisque. Il redevint donc propriété égyptienne.

L’arrivée en France : un choix minutieux pour son emplacement

Une fois l’accord signé et le don acté, on envoie Champollion en personne pour choisir lequel des deux obélisques arrivera le premier sur le sol français. Il choisit, parmi les deux qui se présentent face à lui, celui de droite. Pour lui, ce dernier serait en meilleur état.

Entrée du temple d'Amon à Louxor avec ses deux obélisques - Cultea
Entrée du temple d’Amon à Louxor avec ses deux obélisques (source : FrancetvInfo)

On démembre alors l’obélisque pour l’embarquer sur un navire construit exprès : le Louxor. Le monument arrive à Toulon. Puis en 1831, sous les ordres de l’ingénieur maritime Apollinaire Lebas, le navire reprend sa route et arrive au Havre, puis à Paris.

Une fois le monument arrivé, il fallait décider de son lieu d’implantation. Louis-Philippe décide de l’ériger au centre de la place de la Concorde. Il ne choisit pas ce lieu au hasard, car il s’agit du lieu où siège un monument en l’honneur de Louis XVI. Ce dernier fut décapité au même endroit.

Louis-Philippe ne souhaitait pas que la place de la Concorde devienne un lieu de querelles en tout genre. Voilà pourquoi il imposa que l’obélisque siège à cet endroit précis.

Grâce à des machines élévatrices et de gigantesques cabestans, l’obélisque put être érigé. C’est le 25 octobre 1836 qu’il se présentera aux yeux de plus de 200 000 Français, venus pour l’occasion.

Érection de l’Obélisque de Louxor, 25 octobre 1836 - Cultea
Érection de l’Obélisque de Louxor, 25 octobre 1836, détails, aquarelle. Cayrac, 1837 – Dépôt du musée du Louvre

Pour la petite anecdote

Il ne faut pas croire que les Français n’ont rien offert en échange d’un pareil présent.

En 1845, Louis-Philippe, pour remercier le vice-roi d’Égypte, décide de lui offrir une horloge en cuivre. Cette dernière orne aujourd’hui la citadelle du Caire. Cependant, sûrement endommagée par le voyage, l’horloge ne fonctionnera jamais.

L’obélisque de Louxor est l’un des lieux incontournables de Paris, à voir absolument. Véritable trésor classé au titre des monuments historiques par arrêté du 13 avril 1937, il nous fait l’honneur de sa présence majestueuse !

 

Sources :

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