Le 13 janvier 1898, Émile Zola publie l’article le plus célèbre de la presse française : J’accuse… ! Une bombe à retardement qui va valoir à l’écrivain quelques problèmes avec les autorités du pays.
L’affaire Dreyfus
L’affaire Dreyfus éclate en 1894. Une lettre informe que des documents confidentiels ont fuité par l’armée et ont été transmis à l’Allemagne. Des études typographiques sont alors menées et les conclusions accusent Alfred Dreyfus d’être le coupable de haute trahison. Condamné à la prison à perpétuité, il est déporté sur l’île du Diable en Guyane. Pendant deux ans, la famille de Dreyfus cherche à le faire disculper.
En 1896, une nouvelle copie de la lettre paraît, avec un tout autre coupable qui ne fait aucun doute : le commandant Esterhazy. Après son jugement, le conseil de guerre acquitte finalement Esterhazy le 11 janvier 1898.
Mais entre temps, l’affaire a pris de l’ampleur dans l’opinion publique, et le camp des « dreyfusards » s’est agrandi. C’est suite à cette décision de justice que Zola décide de prendre la plume.
Zola dreyfusard
Émile Zola est, à la fin du XIXème siècle, un des écrivains les plus reconnus de son temps. Très engagé dans ses œuvres et se revendiquant du mouvement naturaliste, il décrit la misère de la société sans mâcher ses mots. La série Les Rougon-Macquart, qui regroupe une vingtaine de ses romans, est une critique sociale crue par laquelle il veut étudier l’influence du milieu sur les personnes.
Il écrit deux articles dans Le Figaro sur l’affaire Dreyfus, mais ils passent inaperçus.
On ne sait pas combien de temps a pris l’écriture de l’article. Deux hypothèses s’opposent. La première dit que l’écriture de J’accuse… ! aurait commencé dès fin 1897, alors que selon la deuxième, il l’aurait écrit en seulement deux jours.
Le 13 janvier 1898, le journal L’Aurore publie en une l’article J’accuse… ! de Zola. Le numéro se vend à plus de 300 000 exemplaires.
Les répercussions de J’accuse… !
La lettre, adressée directement au président de la République Félix Faure, fait trembler la sphère politique. C’est un véritable pamphlet dans lequel Émile Zola s’engage personnellement. Il y écrit :
« Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis. »
La réaction suscitée relance l’affaire. Le président change finalement d’avis jusqu’à croire en l’innocence de Dreyfus. De nombreux intellectuels signent dans la presse une protestation pour faire part de leur soutien à Dreyfus.
Cependant, le ministre de la Guerre décide de poursuivre Zola pour diffamation. En effet, les dreyfusards défendent l’importance de la vérité là où les anti-dreyfusards font valoir la prévalence de la décision de justice de l’armée. La grande majorité des Français est anti-dreyfusarde, et Zola est haï de tous.
Son procès a lieu du 7 au 23 février 1898. Le tribunal condamne l’écrivain à un an de prison et 3 000 francs d’amende. Il fera appel du jugement, sans succès. Émile Zola part en exil en Angleterre et ne revient qu’en juin 1899. Il meurt trois ans plus tard, sans voir la réhabilitation de Dreyfus.
Sources :
- J’accuse… ! – Wikipédia
- « J’accuse… ! » : il y a 120 ans, le cri d’Émile Zola – Le Point
- Le 23 février 1898 Zola était condamné pour son article « J’accuse… ! » – Le Figaro
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