Les freak shows : exposer des humains

Berangere Duquenne
Berangere Duquenne
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Lors de l’Exposition universelle de 1889, on pouvait trouver un « village indigène ». En guise d’attraction, des Africains, Kanaks et Annamites évoluaient dans des villages censés représenter leur environnement, très éloigné du mode de vie parisien. Il s’agissait bien évidemment d’un accoutrement exagéré mis en place pour mettre à distance ces individus et leur donner un côté exotique, dont ils jouaient. Ils étaient admirés par les passants comme des animaux de cirque. Avant cela, exposer des êtres humains était déjà pratiqué. Aux Etats-Unis, dans les années 1840 et pendant presque un siècle, on voit apparaître des « freak shows » ou « expositions de curiosités de la nature ».

L’histoire de P.T. Barnum

Tout commence en 1835. Phineas Taylor Barnum, entrepreneur de spectacles, rencontre Joice Heth, une femme qui serait l’ancienne nourrice de George Washington, et qui aurait… 161 ans. À cette époque, la loi autorise Barnum à louer cette femme à l’année pour 1 000 dollars. Il part alors en tournée avec elle, et l’expose aux Américains visiblement très intrigués. En février 1936, lorsque Joice Heth meurt, il pratique même une autopsie de son corps en direct devant 1 500 spectateurs. Il s’est avéré qu’elle n’avait finalement que 81 ans.

Ayant senti le bon filon, Barnum ne compte pas s’arrêter là. En 1841, il rachète l’American Museum de New York, un bâtiment sur cinq étages à Broadway où l’on trouve des animaux empaillés et des statues. Il décide d’y ajouter des humains.

Des particularités physiques

Les personnes exposées dans les freak shows possèdent des particularités physiques. À l’époque, on connaît encore mal certaines d’entre elles, et cela intrigue. De plus, exposer des humains ne semblait pas choquer qui que ce soit. Aujourd’hui, heureusement, ce genre de pratique serait interdite.

On y trouve par exemple Charles S. Stratton, un enfant de 4 ans atteint de nanisme et haut de 64 cm. Mais pour rendre l’histoire encore plus attractive, Phineas Taylor Barnum invente qu’il s’agit en réalité d’un militaire anglais de 22 ans qu’il nomme « général Tom Pouce ».

Chares S. Stratton - Cultea
Chares S. Stratton

Annie Jones, la « femme à barbe », fait elle aussi partie de la troupe. On dit qu’elle utilisera ensuite sa notoriété pour que le mot « freak » (bête curieuse) ne soit plus utilisé.

Annie Jones, alias "la femme à barbe" - Cultea
Annie Jones, alias « la femme à barbe »

On trouve également Captain George Costentenus. Cet homme grec tatoué de la tête aux pieds se plaisait à raconter qu’il avait été capturé par des Tartares en Chine, qui l’ont tatoué de force pour le punir.

Costentenus - Cultea
Costentenus

De nombreuses personnes ont ainsi été exposées pour leurs particularités physiques, comme les frères siamois Chang et Eng Bunker, le géant Edouard Beaupré ou encore Violetta, la « femme-tronc ».

Dans le cinéma, les freak shows ont inspiré de nombreux réalisateurs. C’est le cas dans Elephant Man de David Lynch, mais aussi plus récemment dans la série American Horror Story, dont l’une des saisons s’appelle « Freak show ». Le film The Greatest Showman de Michel Gracey reprend même l’histoire de P.T. Barnum (de façon très romancée) et de son cirque humain.

 

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