« Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald » est-il totalement magique ? [critique]

Robin Uzan
Robin Uzan
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En 2011, la saga la plus magique du monde prenait fin, laissant tous les fans d’Harry Potter tristes et orphelins. C’était sans compter sur le talent de J.K. Rowling pour continuer à faire vivre son univers. C’est ainsi qu’en 2016, les sorciers revenaient en force avec Les Animaux Fantastiques, initiant une nouvelle saga au potentiel immense.

Aujourd’hui, Newt Scamander (ou Norbert Dragonneau en français) est de retour avec tous ses comparses, afin d’affronter le nouveau bad guy en chef, le puissant Grindelwald. Alors, cette suite est-elle à la hauteur des attentes qu’elle a suscitées ? Focus !

Une histoire passionnante mais…

On ne peux pas retirer ça à Rowling : elle sait créer une histoire, des enjeux ainsi que des personnages attachants. Et dans Les Animaux Fantastiques 2, il y a de quoi faire ! Entre le contexte géopolitique, les objectifs de Grindelwald, la quête d’identité de Credence (Croyance en VF), l’apparition de Nagini, les scènes avec de nouvelles créatures, les relations entre les personnages et tout le reste, il y avait vraiment beaucoup de choses auxquelles se raccrocher. Nous découvrons encore et toujours plus d’éléments de cet univers si riche, notamment par le prisme de Paris, qui apparaît pour la première fois dans cette histoire.

Le grandiose est évidemment au rendez-vous, ainsi qu’un soupçon de fan-service avec le retour émouvant de Poudlard (retour agrémenté par une musique que nous connaissons bien). En bref : Les Animaux Fantastiques – Les crimes de Grindelwald nous offre une intrigue au top, dont on a hâte de découvrir la suite. Cependant, cette histoire se retrouve vite gâchée par un problème non négligeable.

…  De gros problèmes de rythme ! 

C’est là le problème principal de cette suite : que diable s’est-il passé lors de l’écriture pour que le rythme soit aussi bâclé ? Entre la première partie qui traîne la patte pour réunir ses personnages et la seconde qui rush l’histoire, on ressent un vrai problème de construction scénaristique. Malheureusement, cela se répercute sur la qualité du récit, qui au final ne développe pas toutes ses intrigues comme il le devrait. Grindelwald est sous exploité, Nagini quasiment absente et plusieurs scènes se perdent en quiproquos amoureux.

Certes cela est pertinent de parler de la relation Queenie / Jacob (illégale dans ce monde), mais la relation Newt / Tina s’avère assez insipide et pas vraiment nécessaire dans cette intrigue (quitte à la développer dans un autre épisode). On notera également le twist de fin, qui souffre de ce problème de rythme. Les origines de notre ami Credence sont l’objet d’un retournement de situation certes passionnant et même pertinent, mais assez attendu et moyennement amené… C’est là tout le drame de cette suite. Il y avait de quoi faire un film quasi parfait, qui se retrouve au final très bancal du fait de sa construction scénaristique.

Une réalisation spectaculaire 

On ne pourra pas retirer à David Yates son talent de réalisation. Aux commandes de tous les films de la licence depuis Harry Potter et l’Ordre du Phoenix, le réalisateur maîtrise cet univers sur le bout des doigts et nous offre une œuvre aussi superbe que les précédentes. Dès la scène d’exposition, nous retrouvons l’aspect très solennel et contemplatif de sa mise en scène. Qu’il s’agisse du ministère de la magie français, du cirque magique, ou des divers lieux parisiens, tout est sublimé et semble palpable. C’est un Paris magique de carte postale que Yates et Rowling nous offrent dans ce nouvel opus.

Les scènes d’actions ne sont pas en reste, car si elles sont peu présentes, Yates s’est appliqué à les choyer. On pense notamment à la scène d’action du début et à celle de fin, le deux exprimant la puissance démesurée de Grindelwald. Pourtant, le réalisateur parvient à ne pas tomber dans la surenchère gratuite concernant l’action et garde un style sobre et épuré. On notera enfin la photographie léchée, sublimant ce Paris vintage et les divers décors magiques. 

Des acteurs charismatiques 

Les castings d’Harry Potter étaient parfaits et la saga Les Animaux Fantastiques perpétue cette tradition. Johnny Depp est évidemment la valeur ajoutée de ce nouvel opus. Celui-ci transpire la classe et le charisme. Il nous offre un méchant à la mesure de ce que l’on attendait et on a hâte de le voir dans les suites à venir. Cependant, Grindelwald n’est que trop peu présent à l’écran et il serait bon de l’exploiter à sa juste mesure dans le prochain épisode. Jude Law est également impeccable en Dumbledore et nous offre un personnage aussi touchant que mystérieux. Reste à savoir comme la relation Dumbledore / Grindelwald sera exploitée dans la suite.

S’agissant du quatuor original (Eddie Redmayne, Katherine Waterson, Dan Fogler et Alison Sudol), rien à dire si ce n’est qu’ils sont toujours aussi bons dans leurs rôles respectifs que dans l’opus précédent. Idem pour Ezra Miller, dont la présence est d’ailleurs déterminante pour la suite de l’histoire. Enfin, Claudia Kim (Nagini) est très correcte également, mais affreusement sous-exploitée, ce qui est triste quand on sait que tous les fans d’Harry Potter attendaient d’en savoir plus sur l’histoire de ce serpent. Espérons donc que la suite nous donnera plus d’éléments pour comprendre son passé. D’ailleurs, en parlant de la suite…

Un épisode de préparation

Si on fait le point sur Les Animaux Fantastiques – Les crimes de Grindelwald, on s’aperçoit sans difficulté que cet épisode s’intéresse plus au fait de préparer sa suite qu’à être un film à part entière. Et cela pose problème, car le premier opus était déjà censé remplir ce rôle et il le faisait impeccablement. Préparer sa suite c’est bien, faire un film stable c’est mieux. Et malgré toutes ses qualités, Les Animaux Fantastiques 2 est bancal de par sa construction scénaristique et sa fin calibrée pour préparer l’épisode 3. Espérons donc que cela soit la dernière fois, car si le prochain épisode venait à faire de même, on assisterait à une espèce de « marvelisation » de la saga Harry Potter, ce qui n’est clairement pas souhaitable. Désormais, les bases sont posées et l’histoire doit avancer.

Les Animaux Fantastiques – Les crimes de Grindelwald est un divertissement de haut calibre, malheureusement desservi par une rythme très bancal et un scénario mal agencé. Cependant, la magie continue de prendre. L’histoire intéressante et les personnages attachants nous permettent de nous raccrocher à cet univers que nous affectionnons depuis tant d’années. Espérons seulement que les prochains opus nous offrent des suite tout aussi passionnantes, mais également mieux construites. Affaire à suivre. En attendant, foncez découvrir ce nouvel opus des Animaux Fantastiques, qui saura sans nul doute vous surprendre et titiller votre fibre nostalgique ! 

Bande-annonce : Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald

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Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.
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