Le Velcro : quand la curiosité a permis la création d’un produit révolutionnaire

Lauren Puma
Lauren Puma
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Aujourd’hui, tout le monde connait le Velcro. Cette attache est aussi appelée « scratch », en raison du son produit lors de son utilisation. Pourtant, l’invention de ce système de fixation à crochets et boucles n’est pas si ancienne. Alors, comment le Velcro a-t-il été inventé ? Quelles ont été ses utilisations par le passé, et de nos jours ? Réponse dans cet article !

La découverte de Georges de Mestral

Tout commence avec une balade en forêt. En 1941, Georges de Mestral, ingénieur suisse, se promène avec son chien dans les Alpes. Il revient avec le pantalon parsemé de capitules de chardon bardane. De la même façon, il retrouve aussi nombre de ces petits boutons de plantes dans la fourrure de son chien. Inventeur amateur et d’une nature assez curieuse, De Mestral va alors observer la bardane au microscope. Ce qu’il va découvrir va révolutionner les systèmes d’attaches.

Avant toute chose, il faut savoir que la bardane s’accroche à diverses fibres pour une raison : assurer la survie de plusieurs espèces de plantes. En effet, elle va s’attacher aux vêtements ou à la fourrure d’animaux afin d’être déposée autre part. Dès lors, elle va tomber et pousser en une nouvelle plante.

Après ses observations, De Mestral s’est demandé comment quelque chose d’aussi petit pouvait être aussi fort. Au microscope, il a pu constater que les pointes de la bardane, qui paraissaient rigides et droites à l’œil nu, contenaient en fait de minuscules crochets qui pouvaient s’accrocher aux fibres des vêtements. Il a alors compris que s’offrait à lui la possibilité de créer un système de fixation à crochets et boucles très solide.

L’inventeur en herbe passera les quatorze années suivantes à mettre au point son invention.

bardane - Cultea
La bardane.

De longues recherches

Tout d’abord, il s’agissait de trouver un tissu assez résistant pour supporter le système d’attache. Avec l’aide d’un tisseur de Lyon, De Mestral commence alors à travailler avec du coton. Le prototype est constitué d’une bande de coton contenant des milliers de crochets et d’une autre bande constituée de milliers de boucles. Néanmoins, le coton s’avère être trop doux et ne parvient pas à résister à la répétition de fermetures et ouvertures.

L’ingénieur passe donc des années à chercher le bon matériel et le bon nombre de boucles et crochets. Un beau jour, il découvre finalement que les matières synthétiques semblent être les meilleures pour son invention. Il choisit alors de travailler avec du nylon traité thermiquement.

En 1955, De Mestral trouve enfin le bon nombre de crochets : chaque pouce carré de matériau contiendra 300 crochets. Cette densité est en effet suffisamment forte pour que les bandes restent attachées. De plus, elle est assez facile à démonter en cas de besoin. Plus précisément, le fonctionnement est le suivant : faire chevaucher deux bandes de nylon aux textures différentes qui, mises en contact, se collent. On parle alors de liaison amovible de la bande autoagrippante.

L’inventeur dépose de fait un brevet en 1955 et appelle son invention Velcro. Le mot est en fait une combinaison de « velours » et de « crochet ».

En 1957, l’usine Velcro ouvre ses portes à Manchester, dans le New Hampshire aux Etats-Unis. Elle y est toujours présente aujourd’hui.

Popularité grandissante du Velcro dans les années 1960

L’objectif de base du Velcro était de concurrencer la fermeture éclair. L’idée de De Mestral n’a malheureusement pas fonctionné. En outre, lors d’un défilé de mode à New York en 1959 qui mettait en lumière le Velcro, les critiques ne l’ont pas trouvé assez esthétique. L’invention a par conséquent davantage été associée aux vêtements et équipements de sport plutôt qu’à la haute couture.

Malgré tout, le Velcro connait un succès fulgurant à partir du début des années 1960, quand la NASA commence à l’utiliser. Dans un premier temps, ce sera principalement pour empêcher les objets de flotter dans des conditions d’apesanteur. Par la suite, le Velcro sera incorporé dans les combinaisons et casques des astronautes, étant plus pratique que les fermetures habituellement employées.

En 1968, la marque Puma lance la toute première basket à attache Velcro. Ceci constitue une véritable révolution, puisque ce type d’attache est largement plus simple d’utilisation pour les jeunes enfants, qui n’ont alors plus besoin de savoir lacer leurs chaussures.

baskets puma 1968 - Cultea
Baskets Puma à attache Velcro portées par Jim Hines lors des JO de 1968.

Utilisation du Velcro aujourd’hui

Aujourd’hui, on retrouve le Velcro un peu partout. Il est par exemple très présent dans le milieu médical :  brassards de tension artérielle, appareils orthopédiques et blouses de chirurgiens. Encore plus impressionnant, l’invention a été utilisée il y a peu dans la première transplantation de cœur humain artificiel. Son rôle : maintenir ensemble des parties de l’appareil. Au-delà de cette prouesse, le Velcro est dans les vêtements et chaussures, les équipements de sport et de camping, les jouets et loisirs, les coussins de sièges d’avion…

Les militaires se sont également servis du Velcro pendant un temps, mais c’est moins le cas aujourd’hui. En effet, le Velcro est moins efficace dans les environnements contenant de la poussière, comme en Afghanistan par exemple. De ce fait, le Velcro a été retiré des uniformes.

Depuis sa création, de nombreux secteurs ont fait usage du Velcro. Le procédé mis en place par Georges de Mestral pour le développer est aujourd’hui connu sous le nom de « biomimétisme« , qui est l’action d’examiner un aspect de la nature et d’utiliser ses propriétés pour des applications pratiques. Le brevet de De Mestral a, quant à lui, expiré en 1978, donnant l’opportunité à d’autres entreprises de produire des fermetures à crochets et à boucles. Néanmoins, elles ont l’interdiction d’appeler leurs produits « Velcro ». Georges de Mestral est décédé en 1990 à l’âge de 82 ans. Il a été intronisé au National Inventors Hall of Fame en 1999.

Sources :

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Etudiante en Master Culture, patrimoine et médiation, je m'intéresse de très près à l'histoire ainsi qu'à culture pop, particulièrement à Marvel et Star Wars. Passionnée d'anglais depuis toujours, j'ai un goût prononcé pour les contenus dans cette langue ainsi que les pays où elle est parlée.
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