Le duel en France, c’est une tradition qui a perduré malgré ses multiples interdictions et ses nombreux morts. Si beaucoup trouvaient la pratique méprisable, pourquoi a-t-elle duré des siècles ? C’était un moyen de trancher un conflit entre deux adversaires, plutôt que de le résoudre. Pour des économies de justice ? Non, pour l’honneur !
Comment se battre en duel ?
Pour se battre en duel, il faut :
- Un opposant
- Une date et un lieu de rendez-vous
- Des armes : des épées (des rapières de préférence) ou des pistolets
- Des témoins : deux pour le duel au pistolet, quatre pour l’épée
- Définir le type du duel
Les duels se distinguent par les différentes règles qui organisent le combat. D’abord, le duel au premier sang, qui s’arrête lorsqu’un des opposants est blessé. Ou bien le duel à mort, qui se clôt à la mort de l’adversaire. Le duel au commandement sépare les opposants d’une vingtaine de pas. Le duel à marcher sépare les opposants, mais les laisse ensuite s’avancer. Ils attendent le signal « feu » pour tirer.
Pourquoi se battait-on ?
Le duel en France fait partie des procédures pénales du moyen-âge. On parle du duel judiciaire, en invoquant à l’issue du combat le jugement direct de Dieu. La pratique est réglementée par les autorités militaires et religieuses. Lors de la guerre de Cent Ans, le duel a pu servir d’arbitrage pour éviter une bataille. En 1385, le duel entre le duc de Bourbon et le duc de Montferrand permit au Français de reprendre la forteresse de Verteuil sans faire de mort. En France, la pratique du duel pour résoudre les conflits judiciaires s’estompe avec la fin du moyen-âge. Les duels judiciaires s’estompent avec le règne de Louis XIII (1610-1643) et s’arrêtent sous Louis XIV. Mais on estime des milliers de morts sous Henri IV (1589-1610).
Par la suite, ce sont les « duels du point d’honneur » qui prennent le pas. On se bat pour défendre son honneur, pour riposter d’une insulte ou d’une humiliation. À partir de là, les interdictions de différentes autorités se succèdent, sans jamais clore définitivement la pratique. Cependant l’illégalité du duel en fait un nouvel objet de fantasme, célébré dans la littérature de cape et d’épée. En témoigne cet extrait des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas :
Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre à manier l’épée ; vous avez un jarret de fer, un poignet d’acier, battez-vous à tout propos ; battez-vous, d’autant plus que les duels sont défendus, et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre.
Dumas lui-même se sera battu en duel contre Frédéric Gaillardet en 1832. Le combat devait déterminer qui était le véritable auteur de la pièce La Tour de Nesle et n’aura pas de conséquence. Contrairement aux héros de Dumas, les deux hommes s’opposèrent aux pistolets.
La fin du duel en France
Les motivations du duel en France évoluent avec les mœurs. La condamnation par les autorités seulement lorsqu’il y a meurtre à l’issue du combat. Le « courage de se battre » puis la honte de ne pas se battre. Apporter plus d’importance à son honneur qu’à sa vie. Voilà autant de raisons qui ont fait perdurer les duels jusqu’à aujourd’hui. La pratique dans ses formes traditionnelles s’exerce principalement chez les aristocrates et dans la bourgeoisie. Contrairement à d’autres états, le duel est très peu réprimandé en France. La législation de la diffamation discriminatoire en 1939 signe la fin de la pratique.
Le dernier « duel pour l’honneur » est recensé en 1967. Celui-ci opposa les députés René Ribière et Gaston Defferre après que ce dernier l’a traité d' »abruti » en plein débat à l’assemblée. Les autres duels célèbres ne manquent pas : « le coup de Jarnac », « le duel des mignons »… C’est à penser que tous les Français se sont un jour battus en duel : Victor Hugo, Léon Blum, Charles Maurras, Jean Jaurès, Lamartine, Proust…